Avec "Reflections", APOCALYPTICA a complètement laissé tomber les reprises qui l’ont fait connaître, et continue de proposer, à la suite de "Cult", des compos originales. Et pour soutenir les violoncelles dans leurs exercices dévolus à la Muse Métal, une batterie fait son apparition (qui sera tenue sur la moitié des titres par le manchot de service, Dave Lombardo).

"Reflections" s’avère être un album plutôt agréable, assez lumineux, qui puise bien évidemment ses influences dans le Thrash de METALLICA et consorts, mais qui garde ce côté apaisant afférent aux violoncelles.
Le début de l’album est assez accrocheur, s’ouvrant sur deux titres plutôt rentre-dedans, "Prologue", avec sa batterie pilonnante et ses violoncelles tout en arabesques, et "No Education", au rythme un peu moins rapide, mais avec son lot de friture qui va bien et une très bonne mélodie, travaillée et accessible. "Faraway" calme ensuite le jeu et s’impose un peu comme la ballade élégiaque de l’album, où les violoncelles s’en donnent à cœur joie pour tracer un motif lacrymal à souhaits, dans une lente et irrésistible montée en puissance. L’air peut d’ailleurs faire penser à l’Aigle Noir de Barbara… !!
"Somewhere Around Nothing" retourne à quelque chose de plus échevelé, avec réussite, où encore une fois la batterie joue plutôt bien son rôle (même si on peut regretter qu’elle soit un peu trop en retrait parfois, reléguée au simple arrière-plan, à cause du mixage) face à des violoncelles qui manient avec aisance le riff métallique et la mélodie ciselée.

Malheureusement, "Reflections" perd un peu en pertinence à mesure qu’il se déroule et on a tendance à perdre le fil peu à peu, comme si on entendait toujours, peu ou prou, la même chose. Les morceaux ne sont pas mauvais en eux-mêmes, mais dans la continuité finissent par lasser. Un titre comme "Cohkka", par exemple, tempo lancinant, qui joue sur son atmosphère inquiétante, a plus tendance à plomber la dynamique de l’album qu’autre chose.
Et ce n’est pas un défaut qui se résorbera au fil des écoutes, au contraire. Sans doute à cause d’une structure de morceaux un poil répétitive, qui aurait peut-être gagné à se munir de quelques breaks salvateurs. Cela dit, je le répète, les titres restent bons, mais ne font pas autant d’effet que les premiers.
En fait, c’est peut-être une idée incongrue en apparence, mais je trouve que cet album pourrait faire une B.O. parfaite pour un jeu vidéo de course automobile : une musique d’ambiance sympa avec une rythmique ronronnante. Que l’on écoute en faisant autre chose. La vaisselle par exemple !!

Heureusement, on se réveillera un peu sur la fin avec le très bon "Toreador II", à l’ambiance pleine de panache, orientalisante, où les violoncelles, symbolisant le toréro, affrontent, avec grâce, légèreté et superbe, la batterie agressive, symbolisant le taureau, clouée sur le plancher des vaches si l’on peut dire, et qui charge vainement. Des trompettes sonnent alors pour annoncer la mise à mort de la bête et les violoncelles, qui virevoltent avec ferveur, reviennent pour accomplir leur funeste office. Ce qui nous donne au final un steak bien grillé. Miam !

Pour conclure donc, "Reflections" reste un album plutôt agréable, le jeu des violoncelles se laisse savourer dans son écrin de saturation, même si il a tendance à s’essouffler sur la longueur. A ce titre, je lui préfère son successeur, qui le dépasse d’une courte tête.