APOCALYPTICA, je suis sûr que ce nom vous est familier. Oui, voilà, les énergumènes qui en 1996 ont eu l'idée saugrenue de sortir un album entièrement composé de reprises de Metallica pour quatre violoncelles ! Puis, voulant diversifier sa musique, le quartet signe en 1998 un sympathique Inquisition Symphony, où se mêlent reprises de Metallica, Pantera, Faith No More et Sepultura, et compositions du groupe.
En 2000, APOCALYPTICA souhaite pousser son évolution à son paroxysme et réalise avec Cult son meilleur album. Celui-ci ne comporte que trois reprises, les dix autres compositions étant l'œuvre des violoncellistes.
Ce Cult est à mon sens la seule réalisation du groupe à mettre en avant une identité bien affirmée, les débuts étant plutôt maladroits et la suite bien trop convenue, à tel point qu'APOCALYPTICA semble à présent utiliser son image et des grands noms de la musique pour masquer un cruel manque d'inspiration.

Le troisième opus des Finlandais est donc un disque racé, qui sent bon le metal, la résine et les ambiances bien ficelées. Le son est bon. Très bon. On reconnaît sans peine la production Finnvox, le son puissant et lisse si caractéristique, qui pourra déplaire aux râleurs. Quoiqu'il en soit, il fait bien ressortir le grain particulier des violoncelles, qui donne au groupe cette touche unique.

Ici, pas de chant agaçant comme on peut en trouver depuis l'album éponyme de 2005. Treize morceaux instrumentaux de qualité, où n'interviennent que des violoncelles, une contrebasse et des percussions bien pensées, proches de la musique orchestrale. A ce propos, je les préfère de loin à la batterie peu inspirée de Reflections et son style metal trop carré.

Les compositions sont globalement sombres, mystérieuses et plutôt efficaces, avec une moyenne tournant autour de quatre minutes par morceau. Elles réussissent à être plutôt variées et à captiver l'auditeur d'un bout à l'autre de l'album. Certaines sont violentes et angoissantes, comme Struggle ou Hyperventilation, d'autres plus épiques, à l'image du morceau introducteur, Path, ou de Hope, tandis qu'In Memoriam et Beyond Time sont introspectives, car dédiées à la mémoire d'un ami des musiciens décédé quelques mois plus tôt. Mention spéciale en tout cas à Coma, pièce longue et oppressante enregistrée dans une église.

Malgré cet effort pour rendre sa musique personnelle, APOCALYPTICA n'a pas pu s'empêcher d'insérer à l'ensemble trois reprises, deux d'entre elles provenant bien évidemment du répertoire de Metallica. La première constitue en revanche une surprise, puis qu'il s'agit de Hall of the Mountain King, tirée du Peer Gynt d'Edvard Grieg. Court morceau d'abord très énigmatique, puis véritable déchaînement d'énergie : le principe est ici le même, en beaucoup plus extrême. Un régal. Passons à Metallica. Until It Sleeps provient de Load, une belle ballade plutôt bien interprétée. Fight Fire With Fire, issue du légendaire Ride The Lightning, est un pur moment de violence jouissive. L'originale reste indétrônable, mais cette reprise n'a pas à rougir de la comparaison.

Cult est sans doute le seul album des violoncellistes virtuoses que j'écoute encore avec grand plaisir. Pas forcément un chef-d'œuvre, mais un très joli disque prenant et original, que je recommande même à ceux qui n'apprécient pas le groupe tel qu'il est devenu.