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- Style + Membre : Montrose, David Lee Roth

VAN HALEN - 5150 (1986)
Par DARK BEAGLE le 10 Juin 2023          Consultée 2230 fois

Le départ de David Lee Roth avait secoué le petit monde du Metal. Cela couvait, c’était craint, ça a fini par arriver, Diamond Dave n’arrivait plus à s’entendre avec Eddie, les fameuses divergences d’opinions musicales auront eu raison du tandem. Si Roth ne va pas tarder à s’entourer de musiciens talentueux pour sortir son premier LP solo, pour les frères Van Halen (et Michael Anthony), la tâche s’avère plus compliquée. En proposant le micro à Patty Smyth (SCANDAL), le groupe montrait déjà une certaine envie de changement. Le refus de la jeune femme et celui de Daryl Hall un peu plus tard peuvent soulager les fans de la première heure, qui ne voyaient pas trop où la formation voulait s’engager en s’intéressant à des vocalistes qui ne cadrent pas avec ce qui a été fait auparavant.

On pourrait croire que la présence de Ted Templeman a facilité l’arrivée de Sammy Hagar dans les rangs de VAN HALEN. En effet, Templeman avait produit le premier disque de MONTROSE avec lequel les USA avaient pu découvrir le talent d’Hagar et il a également travaillé avec le chanteur sur "VOA", l’album solo de ce dernier qui datait de 1984. Cependant, il n’en est rien vu que l’homme qui a enregistré les six premiers opus de VAN HALEN s’en est allé manier les manettes pour le "Eat ’Em And Smile" du déserteur Roth. Non, en fait, l’arrivée d’Hagar au sein de la fratrie est en réalité due… au mécano spécialisé dans les voitures de sport qui s’occupait des bolides d’Eddie et de Sammy. Si ça ce n’est pas un problème de riches…

Hagar n’est pas un choix si déconnant que cela. Il possède une voix intéressante, qu’il peut aisément moduler, offrant à Eddie un spectre assez large pour les mélodies. En plus, il peut assurer une guitare rythmique sur scène pour certains morceaux, ce qui peut permettre à Van Halen de se reposer un peu sur lui par moments. En revanche, il ne saute pas dans tous les sens façon Lapin Duracel équipé d'une pile atomique, il ne fait pas le grand écart non plus et ses paroles sont moins fofolles (ou moins concon, selon l’humeur) que celles de Roth qui lui possède une vision plus larger than life. Et forcément, la musique va connaître une certaine évolution.

"5150" doit donc son nom au studio d’Eddie. Qui lui-même semble tenir le sien d’un amendement de textes de loi concernant les personnes atteintes de troubles mentaux dans l’état de Californie, ce qui explique la photo intérieure où nous découvrons le groupe en camisoles de force. La pochette, elle, est assez marquante tout en étant un peu ridicule, avec ce bodybuilder reprenant le rôle d’Atlas soulevant une boule aux reflets métallisés ; le verso nous dévoile que cette sphère contenait les musiciens ; finalement le côté asile aurait pu être plus parlant, mais cela aurait pu donner l’impression de voguer sur une mode graphique de ces dernières années ("Piece Of Mind" de MAIDEN, "Metal Health" de QUIET RIOT ; en fait très année 1983 cette tendance !).

Alors oui, quand les fans ont découvert le clip de "Why Can’t This Be Love", ils ont dû avoir cette expression idiote de celui qui garde la bouche ouverte d’étonnement, pour ne pas dire d’effarement. Mais c’est quoi ce truc tout mielleux ? C’est quoi ce type qui semble aller chez le toiletteur pour chien concernant ses cheveux ? What. The. Fuck?!? Pourtant, Hagar assure. Certes, c’est une chanson d’amour. Y en aura beaucoup pendant son passage au sein de VAN HALEN. Mais le chanteur a une voix intéressante, puissante. Il a peut-être moins de charisme que David Lee Roth, mais il est plus juste. Il bouge ce qu’il faut et surtout, on le voit avec une guitare, ce qui permet à Eddie de se concentrer sur les claviers sans sacrifier pour autant de l’espace pour la six-cordes qu’il récupère pour le solo. Aussi, cela évite des compositions à la "I’ll Wait" qui sonnaient bien trop synthétique (et c’est finalement le reproche que l’on pourrait également faire à "Jump").

Disons-le tout de suite, "5150" divise. Il y a ceux qui accrochent à ce disque, qui le trouvent bien construit et intéressant dans son développement, ceux qui le trouvent terne et sans relief, ceux qui lui reprochent de ne plus être du VAN HALEN, mais du VAN HAGAR, position semble-t-il adoptée par Warner qui avait fortement suggéré que le groupe change de nom de peur que les fans ne s’y retrouvent plus, ce qui a été refusé par les musiciens, comme vous pouvez le constater. Le fameux VAN HAGAR qui leur collera longtemps à la peau et qui réside beaucoup dans la façon dont ce disque a été enregistré.

Je vous l’ai dit plus tôt, Templeman avait suivi David Lee Roth pour mettre ne boîte "Eat ’Em And Smile" et la production avait été confiée à Donn Landee ainsi qu’à Mick Jones, guitariste de FOREIGNER, tout en étant chapeauté par le groupe. Et c’est dans le son que se joue ce disque. Plutôt que de mettre la guitare d’Eddie en avant, la faisant sonner de façon très live, elle va être mise au même niveau que le reste des instruments et cela va bien entendu contribuer à lisser les compositions, leur donnant un aspect plus léché. Écoutez le disque en imaginant ce que cela aurait pu donner avec le son de 1978 ; personne n’aurait crié au scandale car VAN HALEN aurait été plus mordant.

Ici, le groupe sonne… comme un groupe justement. Il n’y a donc plus cette prédominance de la guitare qui donnait parfois l’impression d’avoir Eddie et un backing band efficace. Sur ce disque, nous pouvons apprécier un aspect mélodique plus poussé, plus construit. Ici, quatre morceaux sur neuf dépasse les cinq minutes et il n’y a pas d’instrumental, le tout pour trois quarts d’heure de musique, une première pour VAN HALEN qui flirte habituellement autour de la demi-heure. Ce n’est plus un déluge de Rock’N’Roll, la formation se fait plus suave, de par les textes de Sammy Hagar que par l’orientation musicale qui emboîte le pas à celle de "1984", de façon plus équilibrée donc.

On reconnaît toutefois la patte VAN HALEN, avec des titres qui vont assez loin dans le délire et/ou dans l’expérimentation, tout en conservant certains fondamentaux. "Good Enough", c’est l’ouverture assez classique, qui ne fait pas d’ombre à "Mean Street" ou à "And The Cradle Will Rock…" mais qui assure tout de même assez bien. "Get Up" est un titre speed qui se situe quelque part entre "Loss Of Control" et "Hot For Teacher", avec une rythmique très appuyée. Avec une guitare mixée plus en avant et DLR derrière le micro, moins de monde exprimerait peut-être son mécontentement. Cependant, Hagar fait le job, même si "Get Up" ne le place pas tout à fait dans sa zone de confort.

Lui, il se plaît sur des mid tempo qui prennent le temps de se développer. Il va ainsi porter "Dreams" et faire une jolie démonstration sur "Best Of Both Worlds", qui demande un certain temps d’assimilation tant son aspect très FM s’avère déroutant. Le groupe, qui aime surprendre, va également se fendre d’un morceau étrange en conclusion, avec "Inside", qui ressemble soit à un mauvais trip sous acide au niveau des paroles, complètement décousues et qui rentre complètement dans le thème de la folie évoquée à travers "5150", le titre de l’album (la chanson, très correcte, tient plus de la love song).

Quoiqu’il en soit, VAN HALEN évolue, il ne se repose pas sur ses lauriers et prend le parti de ne pas faire comme si David Lee Roth était toujours présent et produire un album sur lequel son remplaçant ne serait qu’une marionnette. Le disque est toutefois bien équilibré, il permet d’apprécier la section rythmique dans ses œuvres, qui se veut groovy à souhait. Alex Van Halen ne se contente pas du minimum dans son jeu, il donne plus, exploite les nouvelles technologies liées à son instrument et assure en compagnie de Michael Anthony un canevas solide sur lequel Eddie vient greffer guitare et claviers.


Mais effectivement, la musique se veut moins directe. Le groupe prend le temps de broder, il ne se contente pas de l’essentiel. Parfois, ça peut sembler trop long, pas assez rentre-dedans, mais malgré tout, il se dégage une belle énergie dans ce mélange savamment dosé de Hard Rock puissant et incisif et d’AOR plus classique, mais ne manquant pas de mordant pour autant. En revanche, il faut accepter que VAN HALEN se fait plus posé, plus sérieux quelque part, qu’il n’est plus le défouloir 100% Rock qu’il était encore quelques années plus tôt et qui avait déjà commencé à s’effriter sur les deux opus précédents. Après, chacun est libre d’apprécier, de détester, de faire ses choix.

Contre toute attente, "5150" réussira un plus beau parcours dans les charts que "1984". Aux USA, la popularité de VAN HALEN ne souffrira pas du changement de chanteur, mais il est fort à parier que la fan base ait quelque peu évoluée. "5150" n’en demeure pas moins un bien bel album et, pour ma part, une pièce intéressante dans la discographie du groupe qui donne l’impression de se réinventer en changeant principalement sa façon d’enregistrer et de calibrer le son. Il est le visage d’une formation qui murit, grandit et qui peaufine sa musique sans trop la dénaturer. Ici, nous reconnaissons toujours VAN HALEN, groupe qui sera à la base de bien des choses sur la scène US, mais qui restera toujours à part malgré tout. En 1986, il fallait choisir son camp : "5150" ou "Eat ’Em And Smile". Le mien est de les aimer tous les deux.

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   (4 chroniques)



- Sammy Hagar (chant)
- Eddie Van Halen (guitare, synthés)
- Michael Anthony (basse)
- Alex Van Halen (batterie)


1. Good Enough
2. Why Can't This Be Love
3. Get Up
4. Dreams
5. Summer Nights
6. Best Of Both Worlds
7. Love Walks In
8. 5150
9. Inside



             



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