Alors que l'on croyait Van Halen sans avenir depuis le départ de Sammy Hagar et l'épisode médiatique du vrai-faux retour de David Lee Roth pour les inédits du best-of, c'est finalement l'ancien chanteur d'Extreme, Gary Cherone qui remporte la mise. III prouve au moins une chose, c'est que le groupe est loin d'avoir tout dit. En voilà un disque osé et il sera d'ailleurs très mal accueilli par les fans. Eddie Van Halen aura beau répété à qui veut l'entendre qu'il ne s'était jamais senti autant en complicité avec un chanteur pour écrire des chansons, le résultat est un peu difficile à digérer et de nombreuses écoutes sont nécessaires avant même de comprendre où ils ont voulu en venir. La production est très brute, "garage" même, aux antipodes du très propre Balance, on entend même parfois le ronronnement des amplis. III peut sembler au départ un gigantesque foutoir tellement les idées fusent de toute part, à priori déstructurées, entre la guitare d'Eddie qui retrouve sa liberté, celle d'en faire des tonnes, et les hurlements de Gary Cherone, parfois difficiles à supporter d'ailleurs.

Musicalement, on peut voir III comme un retour vers quelque chose de plus Rock 'n roll donc les amateurs de Balance risquent d'être déçus. III a l'avantage d'être meilleur que Balance, mais on est loin de retrouver ici le grand Van Halen, celui de For Unlawful Carnal Knowledge (plus couramment nommé FUCK). Reste que les titres bien Rock, mes préférés, dépotent vraiment et dans ce registre, Gary Cherone rivalise sans problème avec Sammy Hagar. Sa voix éraillée n'est d'ailleurs pas sans rappeler celle de Sammy comme sur le refrain de Dirty water dog. En tout cas, des titres comme Without you, Fire in the hole ou Ballot or the bullet ne manquent pas de groove, ni de panache.

Là où le bas blesse, ce sont sur les titres plus mélodiques sur lesquels Gary Cherone en fait parfois des caisses comme sur le refrain de Year to the day, aie aie aie. Pourtant une ballade comme Josephina est belle et on reconnaît les arpèges typiques de Van Halen. Mais difficile de vraiment s'enthousiasmer, ça manque de refrain accrocheurs tout ça et l'émotion que le groupe a voulu transmettre est difficilement palpable. on a par contre du mal à reconnaître Van Halen sur l'atmosphérique once et la ballade au piano How many say I, chanté en duo avec Eddie. Trop mélodique et pas assez fun pour du Van Halen ? C'est possible, en tout cas, III malgré es qualités évidentes n'est pas la bombe attendue et il n'est pas évident de se plonger dans ce disque et d'en ressortir avec la banane, comme c'était le cas à la grande époque.