La comparaison entre le dernier album de TRISTANIA(« World Of Glass », 2001) et le premier de SIRENIA (« At Sixes And Sevens », 2001) avait été l’occasion d’un constat sans appel : Morten Veland était bel et bien l’âme de TRISTANIA. Compositeur principal du groupe norvégien, il avait dû se résigner à le quitter pour fonder dans la foulée une nouvelle formation, SIRENIA. TRISTANIA avait ensuite sorti un album presque en même temps que SIRENIA avait finalisé sa première offrande sur la scène black/gothic.

Les deux albums sortant à quelques mois d’intervalle, la comparaison était forcée, évidente. Et entre un « World Of Glass » en demi-teinte et un « At Sixes And Sevens » éclatant, mon choix était fait. Fan des deux premiers opus de TRISTANIA (« Widow’s Weed » et « Beyond The Veil »), il me fallait désormais compter sur SIRENIA pour me mettre entre les oreilles ce fameux black/gothic symphonique de haute volée dont Morten Veland seul ou presque a le secret. Je n’enterre pas pour autant TRISTANIA, un sursaut est tout à fait possible, mais ce groupe ne sera plus ce qu’il était, c’est incontestable.

SIRENIA évolue donc dans la continuité de ce qu’avait fait TRISTANIA sur « Beyond the Veil » : du gothic metal dominé par des vocaux black, des chœurs d’église magnifiques, un chant féminin cristallin, des orchestrations en fond et ce fameux violon qui rehausse les compositions de ses superbes soli pleins de mélancolie.

De la mélancolie, voilà bien ce qui se dégage de ce superbe album. Neuf titres à la fois triste et beaux qui distillent des mélodies profondes et raffinées composent un « An Elixir For Existence » de haut niveau.

« Voices Within » et son intro à la DIMMU BORGIR ou son magnifique pont atmosphérique, « In My Darkets Hour » dominé par un chant féminin de toute beauté et des guitares incisives et épiques, l’entraînant « The Fall Within » ou encore « Star-crossed » et son long passage surplombé par des chœurs solennels sont peut-être les titres les plus marquants de cet album, de toute manière bien équilibré et duquel ne se dégage aucun morceau faible. Le black/gothic dans toute sa splendeur.

SIRENIA reprend donc le meilleur de TRISTANIA pour aboutir a un album de grande qualité. Morten Veland n’a pas perdu son inspiration dans ses déboires avec ses ex-compagnons et a réussi à insuffler à son nouveau bébé le même élan dont bénéficiait TRISTANIA. A conseiller à tous les amateurs de metal sombre, mélancolique, symphonique, arrangé jusque ses moindres détails.