Quelle belle pochette que celle de ce « A Wintersunset… », premier album des allemands d’EMPYRIUM ! Et quelle belle façon de présenter son oeuvre musicale ! Véritable ode atmosphérique à la beauté de paysages endormis, caressés par la douceur du soleil hivernal. Oui, pas de satanisme ici, pas de brutalité inconsidérée, pas de blast beats et autres riffs pas contents. Simplement un témoignage de l’amour porté par deux jeunes musiciens à la mère Nature.

Poètes d’un Metal très atmosphérique et teinté de Folk, Andreas (Claviers) et Markus (tout le reste !) ont sorti ici leur plus belle plume pour accoucher de sept odes à la beauté de l’hiver. Y allant de longues compositions - quatre d’entre elles embrassent les dix minutes - emmenées par des claviers hégémoniques, le duo EMPYRIUM nous invite ici à la contemplation, empruntant le chemin de la langueur, en se permettant à la rigueur de hausser un petit peu le rythme ici et là… mais point de course ou de précipitation malgré tout : claviers en nappes douces (parfois presque « niaises », avouons-le), flûtes, basse et guitare discrètes, chant grave et solennel entrecoupé de vocalises Black affirmées sans être hostiles, tout est ici réuni pour une belle promenade au coeur du sommeil apaisant d’une campagne en manteau neigeux.

Pourtant, si ma tête résonne encore de vrais moments de grâce (« Ordain’d To Thee » et, surtout, le magnifique enchaînement « Moonromanticism » - « Under Dreamskies »), je ne peux empêcher une certaine impression de lassitude de s'installer sur mon souvenir de cette placide ballade : le chant de Markus est encore un peu jeune et gâte l’effet solennel de ses interventions, la production manque légèrement de finition et d’amplitude, les compositions peinent à retrouver la magie de « Under Dreamskies », et les claviers d’Andréas, très dominants, en finissent par faire regretter la timidité des guitares.

« A Wintersunset… » reste cependant un très beau moment d’abandon, presque mélancolique. Et s’il est déconseillé d’y goûter en toute circonstance, l’écoute de cette première œuvre d’EMPYRIUM (il est vrai que le groupe n’avait alors que peu de moyens) s’accommode à merveille du moelleux d’une couette couvée par la nuit, la fenêtre ouverte sur le spectacle d’un ciel versant des larmes de flocons.