L’avantage avec cet “album” de BON JOVI, c’est qu’il n’incite pas à la consultation active d’un dictionnaire de superlatifs. Par contre, question railleries et commentaires désobligeants, il a de quoi pousser au suicide le plus acharné des fans de « Des chiffres et des lettres ». Pour dire les choses clairement, BON JOVI vient de nous pondre là un oeuf qui, même coupé de l’extérieur par une coquille épaissie d’une couche gratinée de guimauve, parvient malgré tout à répandre une odeur à ce point nauséabonde qu’on est obligé de l’immerger après l’avoir noyé dans un bloc de béton, non sans scrupule pour la faune et la flore sous-marine, qui héritent là d’un bien encombrant artefact. C’est dire si le bôôôôô gosse mérite une distinction !

Soyons informatifs : « This Left Feels Right » n’a même pas la décence de constituer une nouvelle collection de morceaux tout frais ( ?) : il n’est rien de plus qu’un pot pourri de titres célèbrissimes de BON JOVI, ici présentés (sic) dans des versions cacochymes : batterie timide, électricité expulsée des lieux, BON JOVI sort les grattes acoustiques et les pianos comme à l’époque des Unplugged (qui aura donné naissance à quelques véritables perles), et se répand grassement en larges nappes de mièvreries, longue marche douloureuse d’un peu plus d’une heure, qui voit tous les tubes de BON JOVI se décomposer, en même temps que les souvenirs heureux de l’auditeur. Car oui, je l’avoue sans honte, il m’est arrivé de prendre bien du plaisir avec le FM de BON JOVI. Et je mets quiconque au défi de me dire qu’il n’a jamais ne serait-ce que fredonné le refrain des inévitables « Wanted Dead Or Alive », « Runaway », « Livin On A Prayer », « It’s My Life » ou « You Give Love A Bad Name », ou soupiré tendrement en enserrant une charmante jeune fille (ou un svelte garçon) sur « Bed Of Roses ».

Eh ben voilà : encore un souvenir qui part en « pfwuit » avec ce « This Left Feels Right » commis par un BON JOVI qui ne respecte même plus assez son répertoire pour le préserver de pareille entreprise de démolition. Un BON JOVI qui ne semble même plus se respecter lui même et sa belle voix (dont il use encore un peu ici), parfois déformée et souvent alourdie de piteuses tentatives de jouer les crooners et autres chanteurs langoureux. Ecoutez « You Give Love A Bad Name », et sortez les mouchoirs, que ce soit pour pleurer de rire ou de dépit.

Désolé, je n’ai pas l’habitude de me montrer aussi dur, mais là, franchement, c’est dur à accepter. Et au final, le seul intérêt de ce « This Left Feels Right », ce sera d’enrichir la langue française d’un nouvel homonyme du terme « médiocrité ». Quelle tristesse…