Cela faisait un certain temps qu’Efthimis Karadimas et ses compagnons d’infortune n’avaient pas donné signe de vie (cette expression à la con signifie simplement que le dernier album Diva Futura est déjà vieux de quatre ans). Etaient-ils en train de dégrader l’acropole à coup de pochoirs au nom de leur groupe ou s’adonnaient-ils à la navigation dans les Cyclades (toujours une valeur sûre du catalogue Nouvelles Frontières), je ne saurais le dire. En tous cas, ce silence prolongé n’a en rien bénéficié à NIGHTFALL qui a vu sa notoriété commencer à connaître une éclipse lente mais dangereuse. I Am Jesus arrive à point nommé pour éviter au combo de tomber dans un oubli duquel il lui serait bien difficile de s’extirper.

Cet album au titre suspect possède suffisamment d’atouts pour déplaire à mes oreilles. En effet, le metal gothique aux refrains racoleurs et à la production clinquante, s’il réjouit nombre de personnes, n’est pas habituellement ma tasse de thé (comme en plus de ça, je n’aime pas franchement l’eau chaude à la fougère torréfiée…).

Deux écoles s’opposent donc. La ligne de pensée de la première est intransigeante. Les espoirs nourris par Parade Into Centuries, premier album de metal hellène bénéficiant d’une distribution internationale mais aussi premier album sorti sur le label Holy records qui s’est depuis étoffé d’un catalogue d’artistes intelligent et d’un système de vente par correspondance qui constitue un pas vers le désenclavement des régions les plus isolées de notre territoire et Macabre Sunsets, son successeur iconoclaste, ont été déçus et I Am Jesus n’est qu’une nouvelle preuve que ce quartette comprenant aujourd’hui dans ses rangs deux anglo-saxons pur jus continue à suivre, œillères bien collées sur les tempes, un chemin bien trop balisé pour révéler de quelconques surprises et donc pour susciter même un très vague intérêt.
Les porte-parole de l’académie rivale souligneront très prosaïquement que le contenu de ce disque donne suffisamment envie de remuer la tête et mérite donc certains éloges.

Je reviens sur les atouts que j’ai listés en début d’article.
Seul un ours très mal léché serait capable de nier la qualité des mélodies accrocheuses de the senior lover of diamanda et luciferin (what if men could bear masters). Servis par un son puissant, ces titres, sans être irrésistibles, flattent l’oreille avec charme et savoir-faire. Malheureusement, nos conduits auditifs, garde baissée, ne sont par la suite jamais mis en danger. Rien ne se passe, pas même une petite chatouille. Comme en plus, les autres caresses se font moins érotiques, l’attention diminue au point de s’évanouir et on se prend sans même se rendre compte à penser à autre chose, à allumer la télé, voir à ouvrir un livre. Le disque s’arrête sans que l’on s’en aperçoive.

Si vos attentes par rapport à la musique sont modérées, I Am Jesus, dont la seule aspérité se trouve dans ce titre d’album un peu bêta, devrait pouvoir vous satisfaire. Dans le cas contraire, changez de trottoir, celui-ci est bien conçu mais beaucoup trop lisse.