Qu’on ne me fasse pas dire ce que je n’ai pas dit, quoi que j’en sous-entende : les EP n’ont rien d’un travail de feignasse s’ils sont intelligemment abordés. Qu’il s’agisse d’un coupe-faim entre deux sorties d’albums qui présagent d’être espacées, ou d’une manière de propulser rapidement quelques tracks bien senties que l’on a sous le coude me semble opportun, si ce n’est légitime. Dans le cas de DEVILDRIVER, déjà à son troisième opus sortis à des intervalles aussi réguliers que des horlogers Suisses (un album tous les deux ans entre 2003 et 2013 tout de même), la sortie de l’EP "Head On To Heartache" coincé le cul entre deux chaises entre le bon "The Last Kind Words" et le très bon "Pray For Villains" a de quoi questionner, surtout quand on s’attarde sur sa structure.

Analysons : cinq titres, parmi lesquels l’éponyme tout droit issu de "TLKW", à l’identique ; "Damning The Heavens", piste bonus planquée dans une version alternative de ce même album PUIS ressortie dans "PFV" dans UNE AUTRE version spéciale (de qui se moque-t-on ?) ; et le reste, qui semble plutôt issu de l’époque "The Fury Of Our Maker’s Hand"... Attendez, mais eux aussi ont été recyclés d'un précédent EP sorti en toute discrétion, gonflés de quelques titres lives pour faire passer la "Bitter Pill" (to swallow) ! De qui se moque-t-on ?

Et d’ailleurs, regardez-les comme ils sont mignons les cinq Californiens sur cet artwork hideux, avec leurs faux airs de bad boys de cour de récré, montrant ostentatoirement leurs tatoos encore tout frais arborant le gros "D" du groupe ? Oh et ne me faites pas chier avec la subjectivité des artworks, DD n’a rien fait de beau avant… 2020 ? Ah ouais quand même.

Bref, sans surprise, en recyclant un des titres les plus performants de "TLKW", c'est bel et bien l'éponyme de cet EP qui file en tête. "Head On To Heartache (Let Them Rot)" incarne le DEVILDRIVER de cette ère dans sa lente mutation, au point où les "chutes" de "TFOOMH" (appelons les comme ça) ne ressemblent guère au boulot du quintet si l’on fait fi du timbre de voix caractéristique de Dez Fafara. Assez peu groovys au regard de ce dont est capable le combo, et même globalement lents dans leur exécution sans être désagréable dans l'absolu, les titres sont passe-partout en essorant le champ lexical habituel de DEVILDRIVER : mort, péché, apocalypse… Très imagé, mais pas fufute pour autant. On est sur du niveau d'un "Grinfucked", mais sans l'intensité qui va avec. Mention peu glorieuse pour "Digging Up The Corpses", générique au possible.

Cet EP est ainsi parfaitement dispensable, surtout quand on considère la frénésie de sorties de Dez à cette époque : pas le temps de s'ennuyer… Surtout avec ce repompage n'offrant strictement aucune nouveauté si l'on prend la peine de faire quelques recherches… DEVILDRIVER nous livre donc une sorte de batchcooking façon "Too Good To Go" : presque pas périmé, mangeable quand même si l’on ferme les yeux (l’artwork bordel !).

Pour les collectionneurs uniquement, ou les feignasses qui ont la flemme de jongler entre trois galettes.

Morceau préféré : "Head On To Heartache (Let Them Rot)", par défaut.