Sixième album, deux splits et un EP pour les Californiens de DEVILDRIVER en dix ans d'existence. Je pense qu'on peut qualifier le rythme de plutôt soutenu, surtout au vu de la qualité générale des fournées délivrées jusqu'à présent. Après un excellent "Beast", est-ce que Dez et sa troupe ont trouvé la recette qui fait mouche à chaque fois ? En théorie oui, voire en mieux, avec l'arrivée d'un bassiste dédié, en la personne de Chris Towning !

Donc "Winter Kills"... Nom énigmatique, car seul le titre éponyme reprend ce sujet, et sachant que l'été bute pas mal aussi de nos jours, mais revenons à nos moutons. Comme à l'accoutumée depuis "Pray For Villains", DEVILDRIVER nous gratifie d'une version Deluxe avec deux titres en rab : "Shudder" et "Back Down To The Grave", qui sont parfaitement oubliables, comme ça c'est fait, économisez votre temps et vos sous, de rien !

Bon soyons sérieux. Cet album est dans la lignée directe de "Beast" : percutant et incisif, en arrivant à occuper la place pendant onze titres (et non pas treize, j'ai dit qu'on s'en foutait de la Deluxe !) et près de cinquante minutes haletantes, bien que contenant compréhensiblement quelques baisses de régime.

L'ambiance générale qui s'en dégage est toutefois moins frontale que sur son prédécesseur : les breaks plus lents sont plus nombreux, et tentent d'instaurer une atmosphère inquiétante, qui ne fonctionne pas à chaque fois malheureusement… À titre d'exemple, "Haunting Refrain" n'a ni refrain, ni une once d'ambiance hantante, avouez que ça la fout un peu mal !

Concrètement, ce qui fait la force de cet album est sa seconde moitié, et l'implication des protagonistes qui arrivent à construire de véritables passages iconiques de groove. Les slogans lapidaires de Dez ("Fuck You, I'm Ruthless !") sont implacables, les soli agrémentés intelligemment de Wah de Mike Spreitzer sont systématiquement pertinents et font atteindre le climax des titres, et les soupçons de double pédale de John Boecklin dictent un rythme effréné et hétéroclite selon les atmosphères instaurées. Les titres aux intros acoustiques ("The Appetite", "Curses And Epitaphs") s'alternent agréablement avec les très agressives ("Gutted", "Winter Kills").

Alors certes, il y a un fumet de simplicité, d'un Metal dimensionné pour des ados en recherche de sensations fortes avec une facilité d'écoute déconcertante comme porte d'entrée (la même recette sur beaucoup de morceaux, peu d’audace, et des paroles simplettes). Non sans rire, "Tripping Over Tombstones" se traduit littéralement par "trébucher sur des pierres tombales", ça vous donne une idée du niveau littéraire de la galette… Mais globalement l'ensemble tient solidement la route.

Et oui, je vais en parler, il y a évidemment "Sail", la cover d'AWOLNATION, qui est le plus gros succès des Californiens, tous albums confondus. Et oui, elle est bien et vaut l'écoute. Contents ? Ça aurait été encore plus marrant avec une cover de "Run" selon moi, mais je garde mes délires anachroniques et mes fantasmes débiles dans mon esprit tordu.

N'empêche. Je ne peux m’astreindre à ne pas faire le parallèle avec un "Sweet Dreams", ou dans un autre registre un "Got My Mind Set On You"... Constater que l'œuvre la plus reconnaissable d'un, est issue de l'esprit d'un autre m'a toujours perturbé… Vous l'aviez votre banger à vous avec "Clouds Over California" ! Était-ce vraiment impérieux d'en arriver là ?

"L'appât du gain n'a pas de limites" - Pièges - Jean-Jules Richard.

Note réelle : Un 4/5 amplement mérité, bon gré mal gré !

Morceaux préférés : "Carings Overkill", "The Appetite", "Ruthless", et en quatrième "Sail" gnagnagna.

Point pochette : Meh. Je n'entre pas dans le délire ni l'esthétique, comme un goût de trop peu et de trop à la fois (les coulures de sang… par pitié !).