Pour avoir assisté à plusieurs de leurs représentations ces dernières années, je peux vous certifier, chers lecteurs, que PARKWAY DRIVE n’usurpe en rien son statut de tête d’affiche des plus grands festivals à travers la planète. Le show est toujours impeccable, et la restitution de leur musique en live est redoutable d’efficacité et de puissance. Je ne suis jamais sorti déçu de l’une de leurs prestations, que ce soit en tant que headliner ou sur une affiche plus garnie. La première fois, j’ai même ressenti des frissons comparables à celui qui découvre RAMMSTEIN dans ces conditions pour la première fois. Il était donc inévitable de graver un jour leurs exploits sur disque et DVD. Voilà qui est désormais chose faite avec "Viva The Underdogs", ou "vive les outsiders" dans la langue de Molière.

Outsiders, les Australiens ne le sont plus vraiment depuis un bout de temps, depuis "Ire" exactement qui les avait vus mettre du miel dans leur Metalcore furieux, mais contenait suffisamment de tubes pour révéler le combo de Byron Bay aux yeux d’un public plus large, et notamment "Vice Grip". Coutumiers des riffs en béton armé, la dimension mélodique s’est avérée plus poussée année après année, plus particulièrement à travers les leads de guitares de Jeff Ling, tandis que la section rythmique Pie/Gaz a réduit les blasts pour éviter de faire fuir le chaland. Ce qui n’a pas empêché d’ailleurs la formation de sortir son meilleur album sous ce format, j’appelle à la barre le magnifique "Reverence", composé en hommage à Tom Searle, fondateur d’ARCHITECTS et proche des Aussies, et décédé deux ans auparavant.

Et ça tombe plutôt bien pour nous, car "Viva The Underdogs" couvre le concert de la tournée "Reverence" à l’occasion de leur prestation majuscule en 2019 à Wacken, la Mecque du Metal, n’en déplaise à Ben Barbaud. Vous reconnaîtrez qu’il y a pire pour enregistrer un concert. Au menu donc de cette captation, trois titres de "Ire", quatre de "Reverence" qui se taille donc justement la part du lion, deux de "Horizons", un de "Deep Blue", un d’"Atlas", et rien pour le premier essai, "Killing With A Smile", ici boudé. L’inconvénient d’un live de festival, c’est que le créneau horaire est restreint et la setlist souvent réduite à un « best-of » de la carrière d’un groupe. On va dire que c’est ici le cas, même s’il manque dans la version CD de nombreux morceaux emblématiques pourtant joués ce soir-là, tel "Vice Grip" ou "Shadow Boxing" qui me fout les poils à chaque fois. Mais disons que dans l’ensemble, les choix se tiennent, malgré la surpondération du dernier LP, ma foi somme toute légitime.

L’évènement s’ouvre donc sur "Prey", l’un des deux hits absolus de "Reverence" avec "The Void", les deux étant incontournables en concert. Les interactions avec le public sont l’un des points forts des spectacles de PARKWAY DRIVE, et l’on retrouve sur ce disque cette communion qui fait le sel de leurs évènements, à travers le charisme de Winston McCall, aussi féroce dans son growl que sympathique avec ses fans, ou les chants, parfois a capella, de la foule sur les illustres "Wild Eyes" ou "Idols And Anchors". Dans le genre « wow-oh-oh-oh-oh-wow », il n’y a guère qu’IRON MAIDEN pour savoir entraîner les foules de la sorte. Le frontman ne cesse d’ailleurs de l’haranguer, afin de maintenir un contact permanent avec l'audience.

Les titres s’enchaînent donc sans temps mort ni faiblesse, la tracklist ayant été pensée pour cela, allant même jusqu’à puiser les morceaux les plus destructeurs du pourtant plutôt calme "Ire". C’est d’ailleurs par la doublette "Crushed" (encore plus pesante et ravageuse dans ces conditions) et "Bottom Feeder" (drôle de choix pour finir à mon sens car un brin déstructurée) que se clot cette petite heure de démonstration de force, relevée par une production massive mais néanmoins précise. Allez, balançons un petit bémol sur la gratte de Jeff Ling, un chouya exagérément mise en avant dans le mix final au détriment du riffing, mais rien de bien méchant malgré tout.

Note réelle : un trèèèèès gros 4/5. Allez, auf wiedersehen !


Quoi ?

Ah ? C’est pas fini en fait ?

Bah, non. En guise de digestif, les Australiens nous offrent trois bonus studio, dont le chant a été réenregistré dans la langue de Goethe, tant qu’à poursuivre sur les effets de styles éculés, afin de célébrer « le meilleur concert de sa vie », selon le chanteur. Ben, voyons, Winston, tu ne prendrais pas un peu les cons pour des gens ?

Voici donc "Würgegriff" ("Vice Grip"), "Die Leere" ("The Void") et "Schattenboxen" ("Shadow Boxing"). Bon, si on est Allemand, je vois bien l’intérêt, quoique la « Bête Du Gevaudan » en Français, ça reste bien du POWERWOLF, et l’accent d’Attila Dorn fait plutôt rire que peur. Bref, je perçois l’intention louable, mais pour les non-teutons, n’auraient-on pas préféré avoir plus de pistes live, d’autant que, comme évoqué précédemment, les garçons en ont gardé sous le coude.

Aucun intérêt si ce n’est de flatter et récompenser les fans germaniques, ce qui me fera pondérer à 3,5/5 la totalité du bousin, sans pour autant arrondir à la baisse le coloriage des petites étoiles Nimesques.