Foutu surineur sois donc béni ! Toi qui attends et épies dans l’ombre pour fondre sur plus faibles que toi, sois donc consacré ! Tu manies l’art de trancher ta vie en petits morceaux comme tu coupes les gorges. Tu sors de l’ombre lorsque la nuit t’est plus favorable, tu sais la lune de sang, tu sais la peur que tu essaimes, tu sais nuire au règne du vivant. Tu n’as rien à servir aux hommes, tu sais juste instinctuellement leur ôter leur vice de vivre. Combien de gorges as-tu pu ouvrir sous la bienveillance des cieux et de la nature ?

Lorsque URFAUST t’exhorte à commettre tes méfaits, n’entends-tu pas toujours et encore l’hémoglobine tanker dans tes artères avides ? Ne descends-tu pas les sentiers forestiers avec les prunelles du meurtre, sous la pâle lueur d’un ciel étoilé, lorsque résonne en toi "Ragnarök Mystiker" ? Quand, du chant dingue de IX tu te délectes de la longueur de la nuit et de sa candeur perpétuelle, n’hésites-tu jamais à devenir un autre ? Et la musique infernale, folle de "Verflucht Das Blenden Der Erscheinung" qui te fourvoie en te donnant envie des pires salaceries, te met-elle toujours directement en contact étroit avec tes pulsions et ton désir déviants ? Ne te méprends pas pieux surineur, je t’admire et te comprends. Tu sais invariablement, lorsque retentit "Der Gottesverächter", prolonger ton chemin - le couteau ensanglanté - et retourner dans les bois où tu vis au pas cadencé des rythmes hypnotiques de VRDRBR.

URFAUST est dans ton âme et agit en toi. Tu sais l’agitation perverse que "Der Halbtoten Dichters Schein-Existenz" procure et fait jouir en toi, avec son rythme endiablé et son grésil de guitares pourfendant l’air vicié que tu aimes tant respirer. Je sais que tu imagines ces tas de corps que tu pourrais à loisir poignarder. Je sais aussi que tu aimes à entendre au creux de l’oreille le dernier souffle et l’ultime râle de tes pleutres victimes. Cela te met tant en joie. Au plus profond de ce bois étrange où tu vis, fier chourineur, emportes-tu un bout de carne ? Saisis-tu à nouveau la lame et finis-tu d’autres actes ? Pourrais-tu une prochaine nuit me dire pourquoi "Dämmert, Gelähmt Und Mit Scheinbar Erloschenem Geist" te donne cet air pensif et renfrogné ? Quelles images défilent dans ton cerveau ? Peut-être bien que ce titre te permet de retourner à une certaine forme d’humanité que pourtant tu conchies et ne désires plus.

En tous cas, sache que "Ritual Music For The True Clochard" est une compilation des méfaits de URFAUST sur ses nombreux splits, ainsi que quelques titres remastérisés du deuxième album de notre duo funeste hollandais, "Verräterischer, Nichtswürdiger Geist" sorti en 2005 au temps béni de ta fureur. Et que si cette compil est la bande-son de ta vie, elle n’est pas loin de me faire frissonner à chaque fois, surtout lorsqu’arrive cet ultime titre "Vom Geist Der Schwere". Tu sais bien ! Tu te rappelles, hein ? Là-dessus tous deux, tu t’en souviens ? Cette fois-là, malgré les hurlements et les supplications, je n’avais pas tremblé…