J'ai attendu cet album de pied ferme. Après l'épitaphe si bien nommée "The Time Traveller" et le chant du cygne de Michael Kammeyer, le groupe désormais stable est entre les mains de Jonah Weingarten et Jacob Hansen pour aborder un nouveau chapitre discographique. Superbe pochette qui fait le choix du blanc et d'une esthétique qui peut paraître mécanique de loin ; la joie des illustrations numériques et des contrastes. Pourquoi alors avoir attendu si longtemps après les singles encourageants pour écrire sur "Bloodlines", que je connais désormais par cœur ?

Eh bien parce qu'il me renvoie un sentiment similaire à celui éprouvé en découvrant la pochette qui abrite ce nouveau recueil de dix titres. "Bloodlines" ne change pas une équipe qui gagne, et ne pas sentir franchement le groupe avancer ou remettre sa formule en question n'est pas le phénomène le plus habituel, pour nous. Mais on aurait dû s'en douter, car "Epitaph" cherchait à reproduire la claque de "Disciples Of The Sun" après un album intermédiaire plus Prog. Et surtout, derrière ses performances instrumentales ultra propres et formatées par une production typique de Jacob Hansen, ses hooks servis avec le même talent et l'implication de Terje Harøy, "Bloodlines" sonne de manière assez artificielle.

Les fameux hooks, ces motifs faits pour flatter et accrocher l'oreille de l'auditeur, se font hyper présents, et ne seraient l'interprétation de Terje (quelle baffe sur "Broken Arrow"), sonneraient désespérément Pop. Et le contraste avec une section Metal largement flattée par la production est saisissant, ajouté au travail minutieux de Jonah Weingarten. Chaque morceau est calibré, sonne du feu de Dieu, mais on sent que les refrains ont été réalisés avec un sens du calcul un peu trop grossier. Honnêtement, écoutés individuellement, je ne peux que constater leur efficacité, mais déjà, à force de les enchaîner je ne les retiens pas longtemps, et puis ils te sortent complètement de là où tu étais dans le morceau. Le plus flagrant c'est sur "Even When You're Gone", quand Terje part délicatement dans une mélodie un peu plus recherchée (avec un très beau falsetto) et que le refrain revient juste après nous marteler (tu vas le bouffer mon refrain, tu vas le bouffer).

Deux réactions dans ce genre de cas de figure : soit on accepte le cynisme et la grossièreté du procédé, et alors "Bloodlines" est un album sans doute parfait pour séduire une frange de Metalleux avec peu de temps de cerveau disponible, qui sauront apprécier ce disque pour ce qu'il est, et lui trouveront d'évidentes qualités, parce que oui la musique du combo est toujours de très bon niveau, et ça reste en grande majorité ma came. Mais dans l'autre configuration, le chroniqueur pénible, parfois exigeant à l'exagération, vouera "Bloodlines" aux gémonies, allant jusqu'à questionner son honnêteté artistique. Et le plus emmerdant quelque part, tant pour PYRAMAZE que pour bibi, ce sera de se retrouver quelque part entre les deux, ni totalement déçu, ni complètement emballé, et surtout pas beaucoup plus avancé.

Entre le Prog parfois exigeant de "Contingent" et la Pop Metal de "Bloodlines", il y a un juste milieu que PYRAMAZE touche du bout du doigt car il a su il n'y a pas si longtemps le sublimer. Reste un septième opus incontestablement bien fait, mais que l'homogénéité et le formalisme affaiblissent sur le temps long.