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BARONESS - Stone (2023)
Par DARK BEAGLE le 20 Novembre 2023          Consultée 2074 fois

Après avoir longtemps joué au monstre des "Couleurs Des Émotions", John Dyer Baizley semble se pencher à présent sur les matériaux et il commence par la Pierre. La pochette de "Stone" jouit donc d’une large palette de couleurs, ce qui est un véritable luxe quand on s’arrête sur le caractère monochrome ou bicolore des précédentes. Et finalement, toutes ces jaquettes représentent assez bien ce que l’on peut penser de BARONESS : soit on aime, soit on déteste. Il est difficile d’avoir un avis vraiment neutre sur ce combo, outre une indifférence polie à son égard. Le groupe a tellement évolué depuis "Red Album" que de passer de l’un à l’autre équivaut à un grand égard musical assez foudroyant.

Et en plus, "Stone" se paye le luxe d’être bien complexe sous une apparente accessibilité. Si "Gold And Grey" voyait la formation explorer les facettes les plus calmes de sa musique avec une ambition presque démesurée (le disque était long, compliqué dans son découpage, il demandait un certain temps pour être assimilé et se dévoiler un peu plus), "Stone" revient à une formule plus compacte, plus brute, à une durée plus humaine. Malgré cela, sous son apparente évidence se cache un engin bien plus difficile à cerner, chaque écoute dévoilant de nouvelles choses ou, au contraire, en éclipsant certaines. Ce qui est acquis à un moment donné peut devenir caduc la fois suivante. En cela, "Stone" est très déstabilisant.

Cependant, cela lui confère également un charme certain. C’est en général l’une des raisons qui font que BARONESS peut être un groupe franchement passionnant pour peu que l’on prenne le temps de décortiquer un peu sa musique. Si les premiers opus aux saveurs plus musquées, plus brutes, auront souvent la préférence de bon nombre de fans – j’avoue une certaine attirance pour "Red Album" et "Blue Record" – l’évolution de la formation autour du personnage de Baizley fait qu’elle est devenue une entité vivante, avec des envies et le désir d’avancer, même si parfois elle s’autorise un regard en arrière ("Purple").

"Stone" va ainsi commencer et s’achever de la même façon. De façon calme et posée, Folk au possible, qui ne laisse en rien présager ce qui va suivre ou qui ne correspond pas à ce qui a été écouté auparavant. "Stone" est un disque qui transpire les riffs. Lourds, parfois malsains, pas aussi gras que par le passé, mais soigneusement produits. Ce sont les quatre musiciens qui sont à l’œuvre d’ailleurs, ils ont tenu à échapper à toute influence extérieure, tout avis qui aurait pu être émis lors du processus de création et d’enregistrement par une personne tierce. Il s’agit là du meilleur moyen de se prendre les pieds dans le tapis et de s’étaler sans la moindre grâce, mais il semble bien que l’idée ait bien fonctionné dans le cas de cet album.

Aussi "Stone" aura mis du temps à être mis en boîte. Quatre ans le séparent de "Gold And Grey", une durée qu’il convient d’atténuer quelque peu en raison du Covid, mais on devine aisément la somme de travail qui a été nécessaire pour réaliser ce disque. Bien qu’imparfait, il fourmille d’informations, de petites trouvailles, d’effets somme toute assez simples mais qui fonctionnent plutôt bien dans le cadre de BARONESS. Surtout, il est le premier opus à présenter le même line-up que pour le précédent, ce qui permet une certaine continuité dans les idées. Ici, c’est assez simple : le groupe poursuit sa découverte des émotions en offrant une palette assez diversifiée tout en respectant l’aspect mélodique qui caractérisait "Gold And Grey", tout en dopant le son à coups de gros riffs.

"Last Word" et "Beneath The Rose" vont rapidement s’imposer à ce petit jeu. Le riffing est parfois proche du Thrash, la section rythmique n’est pas en reste, Nick Jost et Sebastian Thomson se sont bien trouvés depuis "Purple". Mais surtout, on découvre déjà les différentes mélodies qui s’entrechoquent, certaines qui se veulent bien frontales, d’autres qui vont être plus planantes, avec la voix de Baizley qui va encore brouiller les pistes un peu plus, avec son ton grave, parfois étrangement Post Punk dans l’idée. Les interventions de Gina Gleason ne sont pas négligeables également, que ce soit à la guitare, ou en doublage vocal, apportant encore des couleurs nouvelles, différentes et rafraîchissantes.

Seulement, le but n’est pas que de donner des mandales. Au contraire, il est avant tout d’exprimer ses idées et il ne faut rien prendre pour acquis. La fin de "Last Word" se démarque et n’est rattachée finalement à son morceau qu’à travers la rythmique, bien présente. La façon de chanter de Baizley va également être moins statique. Il va montrer de l’emphase, ou il va déclamer de façon sinistre ses textes, mais il va avoir une présence vocale importante, qui retiendra forcément l’oreille (comme avec beaucoup de choses concernant BARONESS, on l’aime ou on la déteste, voilà voilà…). "The Dirge" va marquer une rupture après un début d’album plutôt canon et vindicatif et à partir de là, le groupe va nous conduire dans des directions bien différentes sans pourtant perdre en unité, ce qui était un reproche que l’on pouvait faire à "Gold And Grey".

L’agressivité va quelque peu s’estomper, le tout va glisser vers des rivages plus Stoner/Sludge, BARONESS va se faire un brin plus gras, mais va continuer à brouiller les pistes à sa manière. La formation va varier les plaisirs, s’autoriser des introductions Shoegaze pour embrayer sur des contrées plus arides avec des sonorités là encore qui ne sont pas forcément celles que l’on attend ("Shine", bonne pioche de ce disque). On s’attardera également sur "Magnolia", qui commence sur une ambiance très psychédélique soft et proche de la nature pour rebondir sur quelque chose de bien plus lourd. BARONESS offre donc un visage très différent sur sa seconde partie, plus alambiquée, plus Progressive pourrait-on se risquer à dire, tout en conservant certains marqueurs caractéristiques du groupe.

Globalement, faire un parallèle avec MASTODON n’aurait rien de péjoratif, pour l’un comme pour l’autre. Les deux ont des schémas de progression qui se recoupent par certains choix. Si la carrière de BARONESS a moins été marquée par des tragédies comme celles qui ont fait progresser à pas de géant la bande à Brann Dailor, il convient de constater qu’aujourd’hui les deux formations sont assez similaires. Pas forcément dans le son, mais dans la volonté de produire une musique qui est ce qu’elle doit être, sans calcul, laissant toujours une part de feeling et surtout, cette émotion qui devient un véritable moteur pour les deux combos. "Stone" a tout à fait sa place à côté de "Hushed And Grim", sans en avoir toutefois la même profondeur, MASTODON étant toujours d’un niveau monstrueux quand les musiciens sont touchés par le deuil.

Vous l’aurez compris, BARONESS accouche avec "Stone" d’un disque qui se révèle avec les écoutes. Ils sont souvent les plus difficiles à appréhender, parce qu’ils demandent du temps et de la réflexion pour pleinement les comprendre et les assimiler. Mais une fois que cela est fait, on se surprendra à y revenir souvent. Pour ma part, il m’a demandé du temps et le sacrifice d’une certaine masse capillaire à force de m’arracher les cheveux à essayer d’aligner deux foutus mots dessus, mais j’y reviens. Encore. Et encore. C’en devient presque hypnotique et là encore, j’ai parfois l’impression de découvrir de nouvelles choses en fonction de si je l’écoute au casque ou non. Ce n’est pas forcément le disque qui ouvrira la porte à de nouveaux fans pour BARONESS, son public étant assez fidèle, mais il devrait toutefois interpeler les plus sceptiques.

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   DARK BEAGLE

 
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- John Dyer Baizley (chant, guitare, claviers, percussions)
- Gina Gleason (guitare, chant, claviers, percussions)
- Nick Jost (basse, claviers, percussions)
- Sebastian Thomson (batterie, claviers, percussions)


1. Embers
2. Last Word
3. Beneath The Rose
4. Choir
5. The Dirge
6. Anodyne
7. Shine
8. Magnolia
9. Under The Wheel
10. Bloom



             



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