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2023 You
 

- Membre : Crippled Black Phoenix, Teeth Of Lions Rule The Divine

JOHNNY THE BOY - You (2023)
Par DARK BEAGLE le 15 Décembre 2023          Consultée 1049 fois

"No Regrets" concluait l’album "Banefyre" de CRIPPLED BLACK PHOENIX comme un bonus track pour le moins… décalé. La musique de CBP évolue dans un Post Rock froid mais souvent somptueux, d’où surnagent des mélodies teintées d’un spleen délicat. "No Regrets" était une ode à la violence, une déflagration aussi inattendue que brutale à la fin de ce long disque, son contraire absolu, ce qui n'a pas manqué faire sourciller les fans du combo. Justin Greaves réfléchissait à un tel projet depuis longtemps et cette impulsion lui a réellement donné corps. Le retrouver avec la fidèle Belinda Kordic dans JOHNNY THE BOY relève à la fois du plaisir et de l’étonnement, tant l’univers que le duo va dépeindre est écrasant.

L’étonnement nait surtout de la présence de Belinda Kordic. Elle qui est souvent la source du spleen au sein de CRIPPLED BLACK PHOENIX se mue en une tigresse terrible, aux cris déshumanisés qui éclatent comme autant de vocalises typées Black sur une musique qui est en éternel mouvement, à la fois Sludge, Doom, mêlée de quelques élans Gloomcore qui font que rien n’est figé, que les morceaux se succèdent en se répondant pour former une mosaïque complexe et brutale, qui ne ferme pas ses portes à la mélodie pour autant. JOHNNY THE BOY construit son univers féroce à grands coups de riffs puissants pour des compositions aux intentions fort différentes.

Certaines ne laissent que peu d’échappatoires à l’auditeur, qui se retrouve vite pris dans le flot hargneux délivré par la formation. "Druh" avec ses connotations quasi Punk s’avère d’une efficacité redoutable, comme "Wired" ou le plus construit "Die Already", qui ouvre les hostilités avec une fureur des plus délectables. Ce morceau pose les bases de ce que sera l’album, en occultant certaines pièces qui cherchent un peu plus la lenteur pour produire d’autres effets, non moins destructeurs. Belinda Kordic impressionne derrière le micro ; elle avait déjà pratiqué ce style de chant avant de rejoindre CRIPPLED BLACK PHOENIX, mais dans des combos restés anonymes ou relativement discrets. Elle se veut très convaincante dans ce registre plus spectaculaire, mais sa voix claire surgit également par moments, comme sur "He Moves" ou "Crossings", où elle semble répondre à la détresse de la guitare.

Tout ne tourne donc pas autour de la violence ou l’aspect le plus crû que la musique puisse proposer ; JOHNNY THE BOY explore également des contrées plus Doomesques, marquées par des riffs relevant d’un Blues déstructuré ("Endlessly Senseless"). Justin Greaves délaisse alors les riffs abrasifs pour construire des pièces plus lourdes, encore plus sombres si possible, la voix de Belinda se fait plus désincarnée, effroyable de rage contenue. En nommant son album "You", le groupe s’adresse directement à nous, les auditeurs, nous prenant à témoins. Les paroles sont globalement sombres, agressives, mais pas forcément pessimistes à l’outrance, mais elles donnent également l’impression de nous molester avec une certaine sagesse. Parfois raides et radicales, parfois plus développées, elles contribuent également à la complexité de l’œuvre, la musique se fixant souvent sur leur férocité.

JOHNNY THE BOY nous raconte des histoires. Il nous livre notre quotidien sans vraiment prendre de gants et sans se délecter de nos souffrances. Il nous révèle brutalement ce que nous savons déjà, que nous sommes exploités, pressés comme des citrons et jetés au rebut dès que nous ne servons plus à rien en nous disant que nous l’avons mérité. Belinda nous explique que c’est ça la vie et que sa conclusion, c’est la mort et qu’il n’y a rien d’heureux dans ce cycle, amené à se répéter à diverses échelles partout dans le monde. Entre bonheur illusoire et conscience de notre quotidien, du regard cynique envers la guerre et les belligérants, tout est prétexte pour nous ouvrir les yeux, avec une colère tellement présente, véritable essence de ce disque, qu’elle ne peut être feinte.

Car oui, à l’instar de CBP, JOHNNY THE BOY se vit avant tout par la musique, mais prend une autre dimension lorsque l’on s’attarde un peu sur les paroles, qui ne sont pas des prix Nobel en puissance (tout le monde ne s’appelle pas Bob), nous sommes souvent transportées dans des histoires joliment écrites, pas forcément joyeuses (ok, non, vraiment pas), qui titillent l’imagination et qui permettent d’apprécier la musique différemment, selon l’interprétation que l’on se fait. Nous pouvons très bien apprécier la musique telle qu’elle est, pour ce qu’elle est, mais s’intéresser à l’ensemble va brasser bien plus d’émotions.

JOHNNY THE BOY, c’est un peu le jumeau maléfique de CRIPPLED BLACK PHOENIX. Les gênes sont les mêmes, mais la manière de penser diffère. Mais les deux projets ont le mérite de ne pas être trop stéréotypés, d’avoir une identité qui leur est propre, ce qui fait que l’on se souvient très bien de ce que l’on a écouté, contrairement à bien des groupes trop génériques pour pouvoir être cités sans être certain de ne pas se tromper. JOHNNY THE BOY risque fort d’être appelé à devenir une référence du genre, comme l’est son groupe miroir, dans un autre style, dans un autre univers. Et pour un musicien, arriver à un tel résultat ne peut être qu’une consécration.

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- Belinda Kordic (chant)
- Justin Beavers (guitare, batterie)
- Matt Crawford (basse)


1. Die Already
2. Grime
3. He Moves
4. Endlessly Senseless
5. Crossings
6. Druh
7. Wired
8. Without You



             



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