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2024 Clandestine Transcendence

LORD DYING - Clandestine Transcendence (2024)
Par DARK BEAGLE le 13 Juillet 2024          Consultée 865 fois

J’aime les albums compliqués, ou difficiles d’accès. Il y a une espèce de défi là-dedans, ou encore le sentiment que le disque se mérite, qu’il ne livrera tous ses secrets qu’une fois qu’il sera totalement maîtrisé. Après, certains resteront toujours hermétiques, quand d’autres ne seront qu’une vaste fumisterie. LORD DYING, lui, est plutôt le genre de groupe à donner du fil à retordre, tant pénétrer dans leur musique peut s’apparenter à une espèce de voyage nébuleux, sans pour autant être un casse-tête insoluble.

LORD DYING est une formation qui nous vient de Portland, dans l’Oregon. Elle pratique une musique que l’on pourrait assimiler au Sludge. Ce qui était très clair à ses débuts a commencé à rapidement prendre une tournure pour le moins étrange alors que les musiciens optèrent pour un métissage des genres. Aussi, chaque nouvelle offrande devient une espèce de boîte de Pandore. Si nous l’ouvrons, nous ne savons pas quels maux nous pouvons déchaîner, nous n’anticipons pas tout à fait ce qui nous attend. Nous partons d’une constante donc, le Sludge, qui s’éparpille en une myriade d’inconnues. Ce fut déjà le cas pour "Mysterium Tremendium" (2019), ce l’est encore pour le "Clandestine Transcendence" qui nous intéresse ici.

Dire que la musique de LORD DYING est désabusée ne serait qu’un doux euphémisme. Depuis la sortie du précédent opus, beaucoup de choses se sont passées. Outre la Covid et une certaine forme d’ingérence de l’État américain à ce niveau-là, il y a eu également l’Assaut du Capitole (l’Oregon étant démocrate quasiment par coutume, ce qui est souvent qualifié de putsch manqué a fait couler beaucoup d’encre par là-bas), sans oublier une ambiance mondiale qui se veut à l’opposé de la samba, autant dire que le groupe ne manque pas de sujet pour se tirer vers le bas moralement. Ce qui ressort de cet album, outre sa colère, c’est cette espèce de spleen qui flotte sur l’ensemble, un spleen qui pue la mort.

Musicalement, "Clandestine Transcendence" est une petite merveille qui nous perd volontiers tant il est dense et fouillé. LORD DYING ne se contente pas de balancer les riffs les plus lourds possibles, avec les vocaux les plus graisseux qui soient. Non, le groupe va jouer à la fois sur la versatilité et sur un art confirmé pour sembler répéter des plans déjà joués un peu plus tôt, ce qui va rapidement devenir troublant et déstabilisant. Il y a une certaine perte des repères à écouter cet album, nous ne savons pas trop où nous sommes, si le disque a un problème et que nous nous retrouvons vers le début du disque, en son milieu ou à sa fin.

Parfois, les musiciens semblent se renier ; ils vont changer radicalement d’approche et ça, ils nous le dévoilent dès le début : "The Universe Is Weeping" repose sur une montée en puissance, la douceur introductive laissant place progressivement à plus de dureté, avec un chant âpre tandis que "I Am Nothing, I Am Everything" est un véritable parpaing, avec sa rythmique bien rentre-dedans et une guitare érigée comme un mur. On apprécie également la variété du chant. Il peut être clair, growlé ou scandé de façon presque ampoulée ; il est à l’image de la musique qui emprunte différents sentiers, du Death au Black en passant par le Post Rock tout en conservant son essence Sludge. Certains murmureront même le mot Prog, comme s’il s’agissait d’un terme vulgaire. Mais ils n’auront pas tout à fait tort.

Même si à Progressif, je préfèrerai la dénomination Avant-Gardiste. La formation construit beaucoup, puise sa force dans ses racines Sludge qu’elle n’hésite pas à décliner sous d’autres formes, avec parfois une certaine audace. Elle le fait muter, évoluer, s’ouvrir à de nouvelles expériences pour en ressortir grandi, quoique parfois complexe, voire perché. Le disque frôle l’heure de musique et sa densité ne le rend pas forcément digeste (passé l’instrumental "A Brief Return To Physical Form", LORD DYING semble bien décidé à nous retourner le cerveau dans tous les sens ; et c’est là que certains lâcheront prise).

Et nous avons donc cette dualité entre la violence la plus crasse et des plages limite lumineuses, où la guitare va emprunter certains phrasés à la Soul et que la section rythmique va accentuer le groove. Par moment, c’est une guitare acoustique qui vient nous prendre par la main et nous pensons vaguement à ANATHEMA. LORD DYING tisse un canevas riche, complexe, aux influences définitivement pas évidentes. Si à ses débuts le groupe pouvait évoquer le MASTODON des origines avec ses emprunts fréquents au Hardcore, dire qu’il suit les traces du combo de Troy Sanders ne serait pas exact, les deux approches étant aujourd’hui très différentes.

Si le disque est long, s’il n’est pas facile d’accès, il devient rapidement addictif toutefois. Ce ne sont même pas forcément des titres dans leur entièreté qui attirent l’attention, mais des petits détails qui viennent apporter un contraste nouveau, un îlot de violence ou de calme dans des flots contraires. Il y a ces chœurs inquiétants qui s’élèvent, une voix féminine qui se superpose ou qui vient apporter une nuance étrange, un riff, un grondement de basse, une batterie qui subitement va tendre vers le blast. Et certaines choses, nous les captons en creusant un peu ou en nous consacrant pleinement à la musique proposée.

"Clandestine Transcendence" est un bien joli objet, doté d’une jolie durée de vie, d’autant plus avec sa durée qui pourrait être rédhibitoire à cette ère d’EP ou de singles correspondant à de nouvelles façon d’écouter ce que proposent les groupes qui sont de plus en plus nombreux également. LORD DYING est, à ce titre, plutôt old school et propose l’album le plus complet possible, reflet de son époque et des états d’âme de ses concepteurs. Ce n’est peut-être pas le disque de l’année, mais ce quatrième opus de la formation pourrait bien être une jolie découverte pour bon nombre d’entre vous.

Morceaux préférés : "The Universe Is Weeping", "I Am Nothing, I Am Everything", "Dancing On The Emptiness", "A Bond Broken By Death" et "Soul Metamorphosis".

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- Erik Olson (chant, guitare)
- Chris Evans (guitare)
- Alyssa Mocere (basse, chant)
- Kevin Swartz (batterie)


1. The Universe Is Weeping
2. I Am Nothing, I Am Everything
3. Unto Becoming
4. Final Push Into The Sun
5. Dancing On The Emptiness
6. Facing The Incomprehensible
7. A Brief Return To Physical Form
8. A Bond Broken By Death
9. Break In The Clouds (in The Darkness Of Our Minds)
10. Soul Metamorphosis
11. Swimming In The Absence
12. The Endless Road Home



             



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