À chaque sortie d’album, Dave Grohl nous fait le coup : celui de laisser entendre la fin du groupe, qu’il met un terme à "son" projet. Et comme toujours, il finit par se laisser tenter… parce que. Dans le cas du cinquième album de l’ancien de NIRVANA, "Petit-Dave" avait comme idée d’arrêter de faire de la musique Rock. Comme tout le monde le sait, la musique du groupe est faite sur mesure pour les radios qui adorent la passer en boucle. Le Rock de "Davy-Boy" est accessible, facile d’écoute et en aucun cas agressive. Il n’y a donc jamais eu de grande révolution dans l’univers du Metal avec l’arrivée des FOO FIGHTERS et c’est pourquoi Dave "pas Mustaine" pensait à tirer sa révérence.

Préférant arrêter de faire toujours la même soupe, il s’est mis à la composition d’une longue série de morceaux acoustiques, encore plus simples dans l’approche et complètement épurés de toute superficialité. L’écriture va bon train, l’inspiration pour ce genre d’exercice étant visiblement plus grande. Le charismatique leader pense sortir le disque simplement sous son nom. Mais voilà : certains morceaux se voient accorder un petit « boost » électrique. Les autres membres viennent ajouter leur grain de sel et quelques chansons initialement enregistrées à la guitare acoustique prennent forment de façon Rock.

Qu’il en soit ainsi : le cinquième opus en sera un double. Le premier cd contient les titres électriques et le second les acoustiques. Au départ, j’ai toujours eu en horreur les albums doubles. Cela signifie généralement une dilution des bonnes compositions. Plusieurs groupes nous ont fait le coup par le passé : une espèce de "Power-trip" de certains messieurs pendant que tout ce qu’ils touchent deviennent de l’or. Pourtant, avec le cinquième essai des FOO FIGHTERS, j’étais plus ouvert à cette démarche due à l’approche développée par le monsieur : un album Rock et l’autre acoustique, pourquoi pas.

Logiquement, la première partie est la moins surprenante. Les FOO FIGHTERS continuent là où ils ont arrêté sur "One By One" avec leurs Rocks nerveux et mélancoliques. "In Your Honor" déboule comme une introduction parfaite : le morceau débute tranquillement, et monte en tension avant d’exploser vers la fin avec son superbe break de quelques secondes : une belle réussite qui donne le ton. Arrive "No Way Back" et sa superbe nostalgie mélodique : j’adore. On retrouve en troisième position le premier single, "Best Of You" que je suis tout simplement incapable d’entendre tellement le morceau est répétitif.

Je ne décrirai évidemment pas chacun des titres puisque le reste est assez convenu : la voix de Dave est toujours aussi rageuse, la musique toujours aussi énergique et mélancolique. Malheureusement, tout ça semble finir par se mélanger. Les guitares sont toujours aussi tranchantes, la structure musicale reste toutefois la même.

On change totalement de contexte et d’instruments pour le second disque. J’imagine d’ailleurs les gars faire un changement de scène lors de l’entracte. L’ambiance est ici feutrée, la lumière tamisée. On se retrouve dans un bar enfumé et plus intimiste. "Still" est une belle entrée en matière. Un invité de marque viendra faire coucou : John Paul Jones joue du piano sur "Miracle" ainsi que de la mandoline sur "Another Round". Josh Homme, de QUEENS OF THE STONE AGE, projet sur lequel Dave a joué, est présent au poste de guitariste sur "Razor". Pourtant, ce sera Norah Jones qui se démarquera des deux autres sur "Virginia Moon" où elle tiendra le poste de pianiste et de vocaliste. Morceau qui est très délicat dans son approche. Autre moment spécial : "Cold Day In The Sun" où Grohl revient à son ancien amour en reprenant le poste de batteur et où Hawkins chante.

Tous ces petits moments sont plaisants à entendre et coupent la monotonie de l’écoute d’un double-album. Néanmoins, si on passe un bon moment, il est difficile de rester concentré par toute cette musique. On parle ici de plus de quatre-vingt minutes moitié Rock moitié acoustique. Si la démarche plaît et démontre une belle évolution, il est clair pour moi que les gars auraient gagné à faire comme 99% des groupes sortant un album double : couper dans le gras et pondre un seul album. Cette fois, un disque Rock entrecoupé de titres acoustiques.

Morceau préféré : "No Way Back".