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TERAMAZE - Sorella Minore (2021)
Par HAPLO le 21 Novembre 2021          Consultée 803 fois

Dean Wells est avant tout un musicien invétéré et talentueux : il se révèle en plus être actuellement un hyperactif de la création musicale que la privation de liberté, due aux confinements successifs en Australie comme ailleurs en ces années virussantes, a rendu bien plus prolixe que la majorité de ses congénères en général mais aussi que de ses confrères zicos en particuliers… Bref, pour la faire courte, ce Mister Australian Progman ne cesse de m’étonner et ceci à plus d’un titre !

Instrumentiste accompli comme tenace, mais également arrangeur et producteur associé à de nombreux autres projets sur son île-continent (DAMNATION DAYS, MESHIAAK, VANISHING POINT…), notre père fondateur tient aujourd’hui plus que fermement le gouvernail de TERAMAZE à pleines mains, tant au niveau de ses qualités de guitariste/claviériste et depuis peu de chanteur, que de l’orientation stylistique prise par ce qu’il convient d’appeler "son" groupe.

De l’audace, le bonhomme en a également bien bourré ses valises, en ayant pris soin, au fil des sept albums studio que compte TERAMAZE à l’aune de "Sorella Minore", d’avoir systématiquement chamboulé le line-up d’un opus à l’autre ; sans même hésiter à sacrifier le carré magique à la manœuvre sur le magnifique "Her Halo" (2015), pourtant le plus gros succès artistique et d’estime du groupe depuis sa création (et kroniqué sur NIME, ben voui !). Ironie du sort, c’est avec la même équipe déjà présente sur "I Wonder" (octobre 2020) qu’El Prog-Maestro décide de remettre les couverts sur "Sorella Minore" : une première ! Choix artistique assumé ou immobilisme commandé par une période de disette ? Je pourrai certes directement m’en enquérir auprès de Sa Majesté si un jour il daigne de nouveau me répondre ! Nos rapports épistolaires ayant malheureusement tourné court après la publication de la kro de "I Wonder"… tout talentueux qu’il puisse être, le bonhomme s’avère vraisemblablement susceptible !

Or, fort de ces nobles qualités, Dean Wells se trouve aussi être un enragé de la composition puisqu’il sort cet opus insolite (un titre de 25 min plus trois pistes aux durées plus traditionnelles) entre un "I Wonder" intimiste et légèrement popisant si on le compare à l’historique TERAMAZien et un "And The Beauty They Perceive" dont la sortie est programmée pour octobre 2021… et tout ça avec le même line-up. Un enragé j’vous dis !

Alors, pour ce "Sorella Minore" à la pochette emblématique et au Dean Wells grimé comme pour une pièce de théâtre, à quel TERAMAZE musical avons-nous donc affaire ici ?
- la bête de métal rugueuse et chargée des origines ?
- la machine à rythmiques ciselées et aux arrangements inspirée de "Her Halo" ?
- la tendance plus lissée avec un maestro chantant de "I Wonder" ?
Les deux mon général ! Pour ce maxi EP (ou mini album c’est selon…) notre inspiré australien et ses compagnons nous offrent une œuvre bicolore de ce que TERAMAZE a su faire de mieux tout comme ce qu’il revendique comme style aujourd’hui.

Immanquablement, la pièce majeure et éponyme de 25 min ouvrant l’opus tombe dans la première de ces catégories : "Sorella Minore", tant par son style que par ses paroles nous replonge dans l’atmosphère poétique et écorchée de "Her Halo" dont elle se veut être la suite aux travers de la vie (plutôt tristounette) de la sœur de l’héroïne disparue lors de l’opus de 2015. Retenue captive par un tyran sans scrupule à qui elle a été promise et qu’elle tente de retourner contre celui qui contrôle au final son destin : son propre père. Pour donner la voix à ces protagonistes, Wells se paye le luxe de rappeler le lumineux Nathan Peachey (le chant si délectable de "Her Halo" !) mais également de vieux complices en les personnes de Jennifer Borg (DIVINE ASCENSION) et Silvio Massaro (VANISHING POINT) auxquels il s’associe derrière le micro. À ce florilège de voix s’additionne une musique épique et nerveuse, mais sachant également être intimiste et poétique, qui se déploie au long de neuf chapitres et leurs ambiances mélodiques/rythmiques successives pour nous conter cette histoire aux teintes plutôt mélancoliques.

Le gang de Wells nous embarque ainsi dans un long voyage onirique fait de mélodies catchy, limite obsédantes, de rythmiques travaillées posées sur un socle basse-batterie ultra dynamique, de variations entraînantes elles-mêmes jalonnées de breaks en cascade comme de pauses intimistes où les soli déboulent sans prévenir en nous étrillant et en relançant les dés pour une nouvelle passe… À l’inverse, des séquences très minimalistes nous collent savamment aux micros de ces (très) belles voix et des émotions qu’elles transportent sur un fond de guitares toujours frissonnantes et prêtes à repartir de plus belle. "Sorella Minore" se révèle par vagues successives, l’alternance (intelligente) des thèmes marquant seule le passage du temps entre un piano isolé, une montée en puissance appuyée sur un jeu de batterie raffalant, une séquence bien bourrine où la double grosse caisse de Nick Ross s’en donne à cœur joie aux milieu des growls, pour atterrir finalement sur ce refrain lancinant à la mémorisation hypnotique. Ce jeu de montagnes russes, ce combat du feu et de la glace porté par des voix lumineuses et des riffs accrocheurs forme au final un cocktail émotions / énergie diablement enivrant qui ravira tant les fans frustrés de "Her Halo" que les explorateurs en goguette qui découvrent TERAMAZE ici pour la première fois sous cette lumière chaude comme agressive. "Sorella Minore" se veut épique, dense, totalement immersive, et elle remplit dignement son contrat : elle submerge d’émotion et d’énergie. Belle leçon de composition et de feeling…

A contrario, que penser des trois titres restants après une telle déferlante et un retour de TERAMAZE sur ce qu’il sait faire de mieux ? Plus dans la veine d’un "I Wonder", ces compositions font indéniablement pâle figure face à une plongée de 25 min dans du Prog de haute volée. À l’image des deux power-balades "Stone" et "Between These Shadows" dont la linéarité n’a d’égal que l’absence de relief ou d’un début de commencement de profondeur : des synthés omniprésents, des riffs simplex quand ils ne sont pas simplement inexistants… et une voix très lissée. Que dire d’une telle platitude quand on sait que TERAMAZE a été capable de composer une balade aussi magnifique que power-urticante comme l’a été "Broken" (encore et toujours "Her Halo" 2015) ? Sans faire oublier ce contraste, "Take Your Shoot" y apporte au moins sa rythmique pêchue et son énergie, mais sur un format qui demeure minimaliste et pour moi indigne d’un combo aux potentialités comme celles de TERAMAZE.

C’est donc un opus extrêmement déséquilibré que nous livre le Grand Manitou du Prog australien avec ce "Sorella Minore" ; réunissant sous un même toit une magnifique pièce majeure pleine de richesse et de saveurs puis trois compos qui apparaissent légitimement très fadasses comparées à ce titre d’anthologie. Trop intelligent et expérimenté pour ne pas deviner ce trop haut contraste, c’est à se demander ce que Dean Wells a bien voulu prouver en faisant se côtoyer des titres séparés par un tel gouffre artistique… Peut-être que face aux critiques l’accusant de produire une musique trop lissée, notre maestro a t’il voulu simplement rappeler qui était le Chef ? Méthode surprenante si il en est car mettant en exergue la carence d’aujourd’hui face à la qualité d’hier. En tout état de cause, la Kro NIMEienne portant non pas sur un titre mais sur l’ensemble de l’album, c’est aveuglé par la lumière d’un titre comme "Sorella Minore" que je me dois également de prendre en compte les trois autres compos qui se blottissent à côté mais malheureusement plates comme ma main en comparaison…

Dégustant négligemment un whisky douze ans d’âge en compagnie de Dean au bord de sa piscine dans sa villa privée au nord de Perth, je profite lâchement de sa contemplation des ravissantes sœurs Jinkle qui batifolent en s’éclaboussant pour lui glisser que j’ai décidé de noter 3/5 son dernier opus "Sorella Minore", œuvre emblématique à la gloire du Saint Déséquilibre. Après qu’une étincelle de violence absolue ait traversé son œil, il sourit et me tape virilement sur l’épaule en s’esclaffant : "Haplo, funking frenchie de chroniqueur scribouillard à la noix ! … Mais ne t’inquiètes pas, je me rattrape sur le suivant !"

- pour 25 min de plaisir : "Sorella Minore".

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   HAPLO

 
  N/A



- Dean Wells (voix guitares)
- Chris Zoupa (guitare)
- Andrew Cameron (basse)
- Nick Ross (batterie)
- Guest/session
- Nathan Peachey (chant sur 1)
- Silvio Massaro (chant sur 1)
- Jennifer Borg (chant sur 1)


1. Sorella Minore
2. Stone
3. Take Your Shot
4. Between These Shadows



             



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