Est-ce un faux pas ? Est-ce le premier disque dans l’immense discographie du poète maudit que je n’arrive pas à particulièrement aimer ? La réponse est oui, à mon grand malheur. La première écoute fut difficile, les dizaines d’autres également. En premier lieu, j’avais eu la naïveté de penser tomber sur la même musique Blues/Folk qu’à l’accoutumée. J’ai été trompé bien malgré moi dans mes habitudes.

C’était tout nouveau pour moi : le sentiment inhabituel de ne pas « comprendre » un disque de Mark LANEGAN. La perception de ne pas comprendre la démarche artistique. "Phantom Radio" est différent des autres. Il se trouve dans une lignée bien distincte : il s’agit de "Folktronica". Nous voici donc avec un nouveau mélange de styles. On prend donc une dose de Folk et on le mélange avec une dose égale de style Electro : le tout donne un résultat bâtard et incongru.

Bien sûr, comme vous connaissez maintenant l’homme en noir aussi bien que moi, vous vous rendrez compte assez rapidement que nous ne sommes pas en présence d’une seconde version de "Satisfaction" ou de "Sandstorm". Les titres où le tempo est maître d’œuvre et que la boîte à rythmes est omniprésente sont heureusement aux abonnés absents. Ici, Mark LANEGAN se sert de ces nouveaux "jouets" à petites doses, sans trop en faire, avec une sagesse que l’on connait de lui.

Ceci étant dit, même pour un Metalleux ouvert d’esprit comme moi, il est difficile d’écouter "Phantom Radio" sans chigner : "Floor Of The Ocean" me tape sur les nerfs, "The Killing Season" ne me donne aucune émotion (le comble pour une galette de LANEGAN), et "Torn Red Heart" me laisse complètement froid. Pourtant, il y a du boulot accompli derrière tous ces titres. Il y a tout plein d’invités et d’instruments (à petites doses) ajoutés afin de donner une dimension particulière aux morceaux : Un saxophone par-ci, une flûte par-là, on prend un synthé pour ensuite y insérer une guitare acoustique. Un travail d’orfèvre, ni plus ni moins. Malheureusement, le constat est navrant : je ne ressens pas grand-chose.

Heureusement, parmi mes dernières écoutes, dans un bon état d’esprit, avec la bonne luminosité, la magie opère… sur certains titres. Il y a bien "Harvest Home", le morceau d’ouverture, amené par la batterie me donnant un sentiment de légèreté : rien de surprenant lorsque l’on connaît l’invité qui est justement à ce poste. Il s’agit de Jack Irons, ancien membre des RED HOT CHILI PEPPERS et de PEARL JAM. Il y a aussi "Judgement Time", le titre suivant, qui utilise un nombre minimal d’instruments, mais qui amène un réel feeling. La même chose peut être attribué à "I Am The Wolf", morceau à qui Mark LANEGAN donnera le nom de son autobiographie : une simple guitare et la belle voix du ténébreux artiste suffit à nous amener vers des secteurs encore inexplorés de l’univers. On termine le secteur des réussites par "The Wild People" dans la même veine que le morceau précédent. Vous remarquerez donc que mes morceaux préférés sont ceux où les éléments Electro sont les moins présents, signe de mon certain dégoût pour la nouvelle démarche artistique de l’ancien des SCREAMING TREES.

Bien sûr, à force de sortir des albums de façon régulière, il était facile de deviner que Mark LANEGAN allait se réinventer afin de ne pas tomber dans l’auto-pompage. Je serai donc très indulgent envers lui : il n’y a rien de mal ici, l’homme n’a pas trahi ces fans ni n'est tombé dans la facilité, loin de là. Pour pouvoir continuer de créer, il a simplement pris un sentier différent que d’habitude. Le résultat est néanmoins inégal.

Si vous êtes curieux de savoir ce qu’est le Folktronica, je vous invite à écouter le dernier titre de "Phantom Radio", "Death Trip To Tulsa" afin de vous faire une idée du nouveau style. Bien sûr, on ne tombe pas par terre : il n’y a pas trop de touches électroniques pour complètement nous déstabiliser, mais il faut tout même réaliser à quel point nous sommes à des années-lumière des disques comme "Scraps At Midnight" ou "Bubblegum" pour ne nommer que ceux-là.

Morceau préféré : "Judgement Time".