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ANVIL - Forged In Fire (1983)
Par T-RAY le 19 Mars 2021          Consultée 1536 fois

"Forged In Fire" est presque le frère jumeau de "Metal On Metal". Son faux-jumeau pourrait-on dire, selon une expression que les frères et/ou sœurs nés d'une gestation dizygote abhorrent généralement. Si l'on s'en tient à leur année de sortie respective, les deuxième et troisième albums studio d'ANVIL ne sont évidemment pas jumeaux, puisqu'ils ont vu le jour à un an d'intervalle, en avril 1982 pour "Metal On Metal" et en avril 1983 pour "Forged In Fire". Reste que, sur le plan du son et de la composition, les deux disques sont tellement proches qu'ils pourraient donner l'impression d'être une sorte de faux double-album, un peu à la "Load" et "ReLoad" de qui-vous-savez.

Sauf que, contrairement à la doublette honnie (à demi-tort) de METALLICA, aucun morceau sur "Forged In Fire" ne donne l'impression d'être une chute de studio issue des sessions d'enregistrement de "Metal On Metal". Au contraire, le troisième longue-durée des Canadiens apparaît plutôt comme celui qui, de deux faux-jumeaux, est le plus grand et le plus costaud. Car il est tout simplement plus abouti que son prédécesseur. Et ça ne tient pas qu'aux musiciens car le producteur lui-même, qui n'est autre que Chris Tsangarides, a pu affiner son travail d'un disque à l'autre, lui qui avait œuvré pour la première fois auprès d'ANVIL sur "Metal On Metal".

Un poil moins de reverb, un peu plus de muscle - même si l'ensemble reste quelque peu ténu par rapport aux productions mastoc d'un JUDAS PRIEST par exemple - et "Forged In Fire" se trouve ainsi doté d'un écrin qui fait rutiler davantage l'ouvrage forgé par le quartette ontarien. Son Heavy Metal apparaît ainsi plus imposant que par le passé, en témoigne le morceau-titre, peut-être moins hymnique que ne l'était "Metal On Metal" a posteriori mais certainement pas moins réussi. À mon sens, "Forged In Fire" est une composition plus solide et complexe et l'interprétation qu'en font les musiciens est autrement plus convaincante.

Bien évidemment, sur un titre aussi lent et martelé, la section rythmique de l'Enclume est souveraine, même si Robb Reiner et Ian Dickson sont impériaux de la première à la dernière seconde de l'album. Mais Steve 'Lips' Kudlow l'est tout autant au micro. Sa performance sur ce titre d'ouverture donne le ton de l'ensemble du disque : l'homme a fait des progrès avec son chant, et ça s'entend. Et la variété de son répertoire vocal est remarquable sur l'ensemble du disque, aussi étonnant que cela puisse paraître aujourd'hui, lui qui sonne désormais comme un vieux fumaillon décati. Sur "Forged In Fire", le morceau, Lips est tour à tour agressif, solennel, menaçant et son vibrato n'est pas qu'accessoire : il aide à la montée en puissance de la compo toute entière.

J'insiste sur la performance vocale du leader d'ANVIL sur ce troisième album car elle aide à prendre très au sérieux l'ensemble du contenu du disque. Il suffit d'écouter ses lignes sur le très (très) PRIESTien "Free As The Wind", l'une des meilleures chansons de la carrière du groupe. Alors qu'il y a de quoi rigoler gentiment de ce qu'est devenu la formation canadienne aujourd'hui, ce qu'elle était en 1983 ne prête absolument pas à rire. Et le chant de Kudlow, encore moins. À l'aise sur les titres les plus Speed comme sur les plus Hard, Lips varie ses registres et se fond totalement dans l'identité stylistique de chaque titre. Car encore une fois, si le Metal d'ANVIL est encore difficile à ranger dans une seule catégorie, le groupe aimant tâter du Hard Rock comme du Proto Thrash, c'est aussi parce que la formation sait à peu près tout faire bien.

"Free As The Wind" nous montre un groupe qui ne s'est pas (encore) planté d'époque : ce brûlot de Heavy bien Speed est alors totalement dans l'air du temps. Et des speederies, il y en a à la pelle sur ce troisième L.P. d'ANVIL. Aucune n'est plus tonitruante que "Free As The Wind" mais le surexcité "Shadow Zone", l'orageux "Winged Assassins" et le très sexuel "Motormount", au registre littéraire étonnamment proche du "Mechanix" de MEGADETH, métaphores inclues, imposent leur énergie immédiatement. Lips est énervé derrière le micro et monte parfois haut dans les aigus, quitte à frôler la casse moteur. Le moteur qu'il a dans les paluches, en revanche, n'est pas près de tomber en panne : son talent guitare en mains, côté rythmique comme côté solo, est au rendez-vous tout au long de l'album.

Sa patte guitaristique est peut-être le principal fil rouge musical de ce disque encore très varié sur le plan du style. L'on retrouve son sens du lead un peu partout. Le solo de "Shadow Zone", ébouriffant, et celui, d'entrée de jeu par-dessus la guitare rythmique, de "Free As The Wind" suffisent rapidement à mettre tout le monde d'accord. Et les qualités instrumentales du gaillard se retrouvent aussi sur les morceaux les plus Hard Rock, voire quasi Sleaze, dont le groupe a fait son péché mignon. Paradoxalement, alors qu'ANVIL maîtrise ici plus que jamais ses élans les plus Speed et quasi Thrash, c'est aussi sur ce disque que ses morceaux Hard tombent le moins comme un cheveu sur la soupe…

Ils font office, en quelque sorte, de retours au calme bienvenus dans une tempête de décibels soutenue. Le côté light et suave de "Never Deceive Me" et du chant d'un Dave Allison qui reste abonné aux titres les plus soft du groupe fait du bien, d'autant que ses lignes de chant saccadées sur le refrain sont accrocheuses comme il faut. De facture plus classique, "Make It Up To You", chanté par Lips, tire le meilleur parti possible de son refrain, qui sauve un peu ce titre de l'anonymat. Ces deux morceaux encadrent ce que l'on pourrait qualifier de ventre mou si ses abdominaux n'était pas aussi saillants. Le Heavy cochon de "Butter-Bust Jerky" ne passe inaperçu ni dans sa composition, ni dans son écriture. Hyper lourd comme du JUDAS PRIEST, encore, "Future Wars" tient fort sur ses deux jambes, et l'excitant "Hard Times - Fast Ladies" est hyper efficace de bout en bout.

Il s'agit là de l'un de mes morceaux préférés sur un album où ANVIL nous offre l'embarras du choix. De hits évidents en pépites oubliées du Heavy/Speed, en passant par quelques plaisirs coupables qui ne sont en rien remarquables mais séduisent malgré tout, "Forged In Fire" est indubitablement l'un des disques les plus réussis de la carrière de l'Enclume canadienne, sinon le plus réussi. S'il ne fallait écouter qu'un seul disque de leur longue et (pas si) riche carrière, c'est sur ce troisième opus qu'il faut jeter son dévolu. Car il n'y a justement rien à jeter dessus. Même si rien n'y brille par son originalité et que le Thrash a déjà signé son acte de naissance, ANVIL n'ayant alors plus rien d'un précurseur du genre, il faut prendre cet album pour ce qu'il est : un condensé des styles de Hard et de Metal les plus en vogue au début des 80s. Et sacrément réussi avec ça.

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   T-RAY

 
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- Steve 'lips' Kudlow (guitare lead, chant)
- Dave Allison (guitare rythmique, chant sur #4)
- Robb Reiner (batterie)
- Ian Dickson (basse)


1. Forged In Fire
2. Shadow Zone
3. Free As The Wind
4. Never Deceive Me
5. Butter-bust Jerky
6. Future Wars
7. Hard Times - Fast Ladies
8. Make It Up To You
9. Motormount
10. Winged Assassins



             



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