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INTERVIEWS CROISéES  |  VHS/DVD/BLURAY

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FILM - Soaring Highs & Brutal Lows: The Voices Of Women In Metal (2015)
Par VOLTHORD le 15 Mars 2021          Consultée 2946 fois

Profitant des trente jours de gratuité que Jeff Bezos m'accorde contre quelques données persos, j'ai trouvé sur Prime Video un petit documentaire qui avait l'air tout à fait officiel sur un sujet qui ma foi n'est pas sans intérêt pour ma personne, à savoir les "femmes dans le Metal". Alors attention les dents qui grincent, le titre français "Les Divas du Metal : l'envers du rêve" est la "traduction" de "Soaring Highs & Brutal Lows: The Voices of Women in Metal", titre que je choisis de garder pour cette chronique pour rester dans le respect de mon prochain et surtout ma prochaine.

Comme je me suis infligé cette bouse jusqu'au bout, il me semble important d'en faire un petit rapport afin d'éviter à mes collègues de métale le même destin funeste pour quatre-vingt dix précieuses minutes de leur vie. Donc dans ce documentaire composé uniquement d'interviews coupées et assemblées pour créer un effet choral (forcé, mais j'y reviendrai), on entendra un casting prestigieux allant de Anneke première du nom à Doro, en passant par une Floor Jansen pré-NIGHTWISH, Charlotte Wessels (DELAIN), Marcela Bovio (STREAM OF PASSION), Floor Jansen qui était dans AFTER FOREVER, Simone Simons d'EPICA, Alissa White-Gluz qui serait ravie d'être étiquetée "diva" (touchez-lui deux mots sur ça), Kobra Paige de KOBRA AND THE LOTUS, et puis quand même autant citer Floor Jansen qui était encore plus ou moins dans REVAMP à l'époque.

Aucun contexte historique n'est donné, on entre dans le documentaire en mode "ces femmes étaient avant cela des petites filles", chose qu'il est pas déconnant de faire lorsqu'un docu se focalise sur un seul artiste, mais qui n'a pas beaucoup de sens dans le contexte présent. Ainsi, toutes ces chanteuses sont un peu posées là sans trop de dénominateur commun que la forme de leurs parties génitales. Le spectateur qui n'aurait aucune connaissance des différentes scènes dans lesquelles elles opèrent va devoir lui-même faire le taff. On aura globalement l'idée qu'une "vague" importante de groupes influencés par THEATRE OF TRAGEDY et The GATHERING émerge à un moment donné dans l'histoire, mais même là, est-ce un genre, est-ce un "phénomène", pourquoi est-ce qu'avant ça il n'y a qu'une Doro pour douze mille Dio ? Ça n'a pas l'air d'être le sujet. Quelques faits en dur rendant compte du "phénomène" (gros, gros guillemets encore une fois) ou de la multiplication des groupes à chanteuse, une comparaison directe avec d'autres genres musicaux où les femmes sont tellement représentées qu'on ne serait pas dans l'obligation d'en faire un sujet à part entière... ou à peu près n'importe quoi qui nous ferait comprendre l'enjeu d'un tel documentaire, tout ça n'est jamais amené.

Le sujet, en fait, on ne sait pas trop ce que c'est. "Les chanteuses dans le Metal". Certes, certes. Leurs difficultés ? Oui, mais en tant que femme dans un monde couillocrate ? En tant que femmes parmi des musiciens hommes ? En tant que vocaliste dans un groupe qui fait plein de tournées ? En tant qu'être humain qui travaille beaucoup et peut faire des burn-outs ? En tant que travailleuse précaire comme tous les artistes ? Vous aurez un peu de tout ça sans trop savoir ce que c'est censé vous apprendre, vu que la prémisse n'est pas claire, tout ce qui en découle est bancal. Alors après, ça dépendra de votre approche :

Option 1 : vous aimez entendre parler ces artistes, elles sont charismatiques, intéressantes, et c'est toujours sympa d'avoir des anecdotes. Dans ce cas cet agencement d'interviews se regardera comme une vidéo YouTube basique.

Option 2 : vous auriez aimé un angle précis avec un propos déroulé d'une manière au moins un peu "scénarisée", bref, la définition à peu près normale d'un "documentaire"... Et là vous n'allez pas apprendre grand chose sur quoi que ce soit.

La méthode de Mark Harwood a dû être la suivante : je vais discuter et j'avise. Une fois la matière dans la boîte, on prend ce qui va ensemble, et l'agencement va toujours plus ou moins dans le sens d'un compromis, même lorsque les sujets, une fois approfondis, auraient pu donner lieu à des dissensions (par exemple, la problématique de l'objectification de la femme montre des opinions nettement plus tranchées du côté d'Alissa White-Gluz que de ses collègues européennes). Il faut dire qu'une fois les présentations faites, et la question de l'acceptation des femmes dans le Metal passées, le documentaire, plus trop sûr de lui-même, en vient à faire un 360° sur ses lacets alors même que chacune des chanteuses en viendra à poser cette question qui aurait dû se trouver dans les dix premières minutes : pourquoi diable parle-t-on du Metal féminin comme d'une "scène", voire d'un "genre" à part alors que le Metal "masculin" n'est même pas un concept entendable ?

Plutôt que de vraiment démêler son sac de nœuds, "Soaring Highs & Brutal Lows" débouche sur une série de lieux communs qui chercheront encore pendant un petit moment à particulariser les expériences des chanteuses sur des trivialités ("en tournée, une femme ça prend des douches"), sans jamais encore une fois chercher à produire un discours ou un dialogue. On passe ensuite du coq à l'âne : comment il faut garder la patate, les techniques de chant, comment c'est dur de vivre dans un groupe même d'envergure internationale (sujet passionnant sur la vie de musicien et musicienne qu'il aurait été pertinent d'aborder avec des musiciens de tous types, de tous genres, avec des groupes de toute envergure). Tout cela brassé avec plein de phrases toutes faites et de réponses convenues ("il faut croire en soi", "ce n'est pas de la chance, c'est du talent")... À ce stade les réponses sont sans doute à la hauteur des questions. Puis on se perd sur un long aparté racontant le burn-out de Floor Jansen. C'est donc ça "l'envers du rêve" de ces "divas" ? Je ne comprends toujours pas le fond du propos, et quand je suppose quelque chose, c'est toujours le pire. Je ne demande même pas quelque chose de militant, mais au moins un petit signe que M.Harwood sait ce qu'il fait et pourquoi il le fait.

L'amateurisme du montage se fait par ailleurs ressentir alors que le monteur semble découvrir des petites fonctions basiques de son logiciel en cours de route, avec une transition PowerPoint non avenue, un zoom ultra lent confinant au ridicule, et il nous garde quelques pains dans la caméra parce que mince on a rien d'autre.

BON ! Il évident que des interviews statiques, face cam, agencées par thème feront rarement justice à n'importe quel sujet, sauf avec un fil rouge en béton. Et lorsqu'on entre dans un sujet dont la dimension sociologique et artistique n'est abordée qu'en surface, c'est perdu d'avance.
Faire discuter ses chanteuses, ou les suivre (peut-être juste une seule ?) sur un temps plus long, filmer en situation et oser également inclure une position plus intimiste dans le documentaire aurait sans doute percé l'abcès. Dommage dommage.

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   VOLTHORD

 
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- Mark Harwood (réalisation)
- Floor Jansen
- Simone Simons
- Charlotte Wessels
- Anneke Van Giersbergen
- Marcela Bovio
- Alissa White-gluz
- Kobra Paige
- Doro Pesch


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