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- Style : Rebirth Of Nefast, Tchornobog, Worm, Urfaust

The RUINS OF BEVERAST - The Thule Grimoires (2021)
Par MEFISTO le 12 Mars 2021          Consultée 2019 fois

Ceux qui lisent mes bafouilles sur The RUINS OF BEVERAST depuis quelques années savent qu'à l'instar de milliers d'observateurs métalliques initiés, je considère Alexander Von Meilenwald comme un dieu vivant de notre bonne vieille musique forte. Il est selon moi l'équivalent d'un maître ès classique qui a œuvré quand tout était à créer, sans trop de concurrence, et où il n'y avait ni Facebook ni Bandcamp ni Spotify ni Deezer.

Meilenwald est pour beaucoup un génie, on a l'impression que peu importe dans quelle époque il serait né, il aurait pu créer n'importe quoi de majestueux avec quelques roches et brindilles amenées par le vent. Cette intelligence créative se traduit par un intimidant sérieux en entrevue, en spectacle aussi, d'où émanent peu de signes et de réponses émotives. On a l'impression que l'Allemand n'aime pas les projecteurs, qu'il se réserve pour le boulot d'ermite en studio, seul avec son cerveau en ébullition qui lui souffle des idées pour dominer le monde… Et quand on entend chaque sortie de TROB, on ne peut que confirmer nos doutes : ce type écoute ses amis imaginaires et putain, sont-ils doués !

Un esprit métallique supérieur, mais un homme tout de même, qui doit composer avec les aléas de la saturation du marché moderne. Si son degré d'inventivité pétille au-delà de la moyenne, cela ne lui permet pas de gagner sa vie uniquement avec la musique ; comme beaucoup, et à mon grand désarroi, il doit se farcir un job normal pour se payer le luxe de créer des perles aux trois ou quatre ans… Cette urgence de survivance, je vous le dis, est un des moteurs qui le garde sur le rasoir et permet à sa créature de demeurer aussi incisive et pertinente. Si Meilenwald était un pacha gâté pourri, il laisserait peut-être son esprit reposer tranquille et ne revendiquerait plus rien. Personne ne veut ça, moi le premier.

À force de lire et d'entendre des trucs sur le monsieur, on comprend mieux sa démarche, même si je préfère conserver certaines zones dans l'ombre pour tenter bêtement d'apprécier son Black/Doom expérimental comme un fan lambda. Donc, au détour d'une entrevue, j'ai appris que Meilenwald écrit ses textes avant de coucher sa musique exceptionnelle dessus. Où est la magie ?, me demanderez-vous, compte tenu qu'on n'entend pratiquement rien de ce qu'il chante quand il emploie ses grognements. Par contre, la voix claire est très agréable sur "Grimoires", ce qui m'a surpris !

Donc, la magie ? Eh bien, quand on est envahi, obsédé par son sujet, que le contenu de notre contenant nous absorbe tant, il est normal que la manière de le raconter en litanies soit aussi complexe et grandiose. Chez TROB, c'est juste hallucinant et tortueux ! Le sujet de thèse approximatif analysé sur "The Thule Grimoires" concerne une fois encore la recherche de l'être dans ses méandres spirituels, ses origines, la nature et autres concepts aussi flous, irréconciliables et impitoyables pour l'âme humaine. Meilenwald est un sacré philosophe et on ne peut le taxer de superficiel, alors là non, c'est bien la dernière chose que ce grand Allemand représente.

Si le concept d"Exuvia" était plus « clair » avec ses incantations chamaniques et ses clins d'œil aux premières nations, alors que "Blood Vaults" lorgnait du côté de l'univers reclus d'Heinrich Kramer", la ligne directrice sur "The Thule Grimoires" se révèle moins évidente. Oui, c'est encore poisseux, dark, organique au maximum, Meilenwald pointe sa fourche dans les flancs de la religion et se pose de grandes questions existentielles, mais musicalement, le défi de l'étiquette est imposant.

TROB en 2021 est toujours aussi orienté vers les notes basses et pesantes, les riffs gigantesques ("Ropes Into Eden", "Anchoress In Furs", "Polar Hiss Hysteria" en tête), les ambiances mystérieuses et les injections Électro ("Ropes Into Eden", la voix déformée sur "The Tundra Shines", "Mammothpolis"), style qu'affectionne Meilenwald et qu'il exploite dans un autre projet. L'Allemand multi instrumentiste est un batteur doué à la base, mais sur ce TROB nouveau, la majorité des points d'exclamation proviennent des grattes, tantôt vaseuses tantôt éclairantes, qui tissent une toile ténébreuse et lustrée sur cette œuvre. Les cavalcades, si intenses chez TROB, ne sont pas légion, alors on les appréciera d'autant plus… Tout comme ces grosses caisses sonnant comme des coups de tonnerre, qui sont devenues une signature.

"The Thule Grimoires" est aussi l'occasion pour Meilenwald de projeter plus de lumière que jamais dans nos yeux. Les rares trémolos, comme ceux à la fin de "Anchoress", sa voix sur "Kromlec'h Knell" et au début de la très moyenne clôture "Deserts", le « refrain » de "Anchoress", la fin gorgée d'espoir de "Polar Hiss", la valeureuse "Ropes Into Eden" et ses soubresauts déjà légendaires, la dernière minute de "The Tundra Shines", tous ces éléments forment une orbe luminescente nous guidant vers la sortie du labyrinthe.

"Deserts" mise à part, les six autres pièces de ce "Thule Grimoires" s'imbriquent parfaitement dans un bloc monolithique en apportant des teintes uniques (et non des couleurs) à la fresque. Comme d'hab', Meilenwald nous gratifie d'un premier morceau inoubliable (rappelez-vous des titres de lancement de ses albums précédents et vous verrez qu'il y a constante !) avant d'enchaîner avec une suite d'oscillations nous gardant sur le qui-vive. La curieuse "Kromlec'h Knell" se distingue de la disco complète de TROB avec son beat Heavy, la superbe progression de "Mammothpolis" laisse sur le cul, le chant féminin sur "Anchoress" est une idée géniale pour relancer les hostilités après deux morceaux bizarroïdes… Les coups de chapeau pleuvent, on ne peut les éviter.

Ceci étant (d)écrit, je ne peux m'empêcher de rester légèrement sur ma faim. Oui, en large part en raison de la plage ultime, mais pas juste… J'ai le sentiment, en tant que fan, qu'après quelques albums plus conceptuels, Meilenwald s'est éparpillé un chouïa et m'a perdu en cours de route. Certes, je retrouve mon chemin comme le Petit Poucet que je suis, mais attention, il se peut que je m'égare à nouveau… Feeling très personnel, je ne peux prétendre que ces "Grimoires" vous feront le même effet !

À la fin de la journée, comme disent les Anglos, ça demeure du TROB de solide facture et une autre réussite pour Alexandre le Grand. Son « projet » vole depuis longtemps de ses propres ailes de vautour et cette énième évolution le prouve. Vous ne vous ennuierez pas en parcourant ces audacieux "Grimoires", à moins que ce ne soit pas du tout votre came de savourer plusieurs fois chaque note… Quant à en deviner les saveurs, bonne chance !

Prochaine étape : le mur ou la folie dans la continuité. Je suis persuadé que Meilenwald a encore du stock à partager, mais il devra être prudent... tout en se foutant des conventions.

Note : 4,5/5.

Podium : (or) "Ropes Into Eden", (argent) "Anchoress In Furs", (bronze) "The Tundra Shines" & "Polar Hiss Hysteria".

Indice de violence : 3/5.

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   MEFISTO

 
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- Alexander Von Meilenwald


1. Ropes Into Eden
2. The Tundra Shines
3. Kromlec'h Knell
4. Mammothpolis
5. Anchoress In Furs
6. Polar Hiss Hysteria
7. Deserts To Bind And Defeat



             



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