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BENIGHTED - Obscene Repressed (2020)
Par T-RAY le 19 Novembre 2020          Consultée 2496 fois

C'est dingue comme l'on finit par s'habituer à se faire brutaliser. Et qu'on n'arrête pas pour autant d'aimer celui qui nous martyrise, du moins lorsqu'il s'agit d'un proche. Bien sûr, je ne tirerai aucune généralité, il y a toujours des contre-exemples et ils sont nombreux, mais il faut avouer que le syndrome de Stockholm s'avère parfois très puissant. Si puissant qu'on peut en venir à excuser le proche en question de son comportement. En vingt ans, BENIGHTED est devenu le père Tape-dur de la scène Death Metal française et il est désormais extrêmement difficile de lui contester son autorité, ni son talent pour frapper là où ça fait mal.

Alors quand, en bon enfant du Metal le plus extrême, on aime le Death, le Grind et le Deathgrind, on ne peut qu'aimer ou, du moins, respecter profondément ce père sévère qu'est BENIGHTED. Et ce, y compris lorsqu'il nous balance des torgnoles d'une violence insoutenable qui nous laissent marqués et au bord de la commotion cérébrale. Il faut dire que les passages à tabac ont été si nombreux depuis son début de carrière que l'on est tout surpris lorsque celui-ci paraît retenir sa main, ou du moins qu'il semble se contenter de taloches moins franches. C'est l'impression qui résulte des toutes premières écoutes de cet "Obscene Repressed".

Le neuvième album studio du groupe stéphanois donne le sentiment d'être le moins brutal de toute la carrière du groupe, du moins depuis que celui-ci a délaissé le Black Metal de ses débuts pour se tourner vers un croisement de Death et de Grind n'oubliant jamais ses racines Hardcore. Et ceci a de quoi décontenancer. Non pas qu'on ne reconnaît plus ce parent violent qu'est BENIGHTED, mais on le soupçonne de commencer à se faire vieux, à s'épuiser, d'autant que son compositeur en chef et guitariste de toujours, Olivier Gabriel, a quitté le groupe après la sortie de l'excellent et impitoyable "Necrobreed".

C'est désormais à l'éternel frontman Julien Truchan et à Emmanuel Dalle que revient la charge de l'écriture. Et c'est à ces deux hommes que l'on devrait l'apparent affaiblissement de la musique du groupe ? Non, en réalité, si l'on hérite de la sensation d'avoir affaire à un tabassage moins intense, c'est parce que l'histoire de ce concept-album, qui se concentre sur la vie d'un enfant au bec-de-lièvre non opéré et interné, en proie à un complexe d'Œdipe intense, ne nécessite pas l'emploi d'une violence permanente. Raison pour laquelle "Obscene Repressed" n'est pas foncièrement plus calme ni plus tendre que ses aînés dans la discographie de BENIGHTED, en vérité : il est simplement plus nuancé.

Et plus diversifié aussi. L'on citera en exemple de cette diversification l'énigmatique et inédit passage très Jazz au cœur même d'un "Muzzle" qui, sans oublier d'être brutal par à-coups, fait également la part belle à quelques passages d'inspiration Hardcore prononcée. En parlant de Hardcore, d'ailleurs, l'hyper groovy "Brutus" et le très accrocheur "Implore The Negative" doivent eux aussi beaucoup au genre et ce n'est pas pour rien que l'illustre Jamey Jasta, peut-être l'une des plus célèbres figures de la scène Hardcore du XXIème siècle avec HATEBREED, a été convié à hurler sur ce dernier morceau. Quant à "Mom, I Love You The Wrong Way" (featuring Karsten Jäger de DISBELIEF), il fait place, sur son dernier quart, à un solo de gratte digne d'un guitar hero dans une atmosphère moins suffocante que de coutume chez BENIGHTED.

Tout ceci fonctionne parfaitement et ne paraît jamais tomber comme un cheveu sur la soupe. La formation tricolore a soigné l'intégration de ces éléments stylistiques et les emploie avec beaucoup d'à-propos, rendant par bien des aspects ce neuvième longue-durée plus aventureux que tous ses prédécesseurs et laissant un peu plus de place aux atmosphères pour s'installer. "Obscene Repressed" est un album qui, de manière générale, joue peut-être un peu plus avec les ambiances délétères que les autres L.P.s du combo. "The Starving Beast", sur lequel intervient Sebastian "Grimo" Grihm, vocaliste de CYTOTOXIN, ralentit régulièrement et intelligemment le tempo en ce sens. Et même l'a priori inarrêtable "Casual Piece Of Meat" finit par se calmer et par exsuder un côté poisseux bienvenu.

Alors bien entendu, ceux qui n'auraient toujours pas écouté "Obscene Repressed" et s'attendraient, à la lecture de cette chronique, à la disparition du Deathgrind auquel nous a habitué BENIGHTED se trompent. Le morceau-titre, qui ouvre les hostilités, est l'affirmation absolue du savoir-faire des Foréziens en la matière : une fessée déculottée qui rappelle d'emblée qu'il n'ont pas perdu la main et qu'elle sait toujours être lourde. BENIGHTED s'y montre hyper véloce, Truchan y est plus goret que jamais et violence et urgence y sont poussées à leur paroxysme. Et qu'on ne s'y trompe pas : les (gros) coups de tatane restent récurrents sur l'album, bien entendu.

Sur ces morceaux les plus agressifs, de "Nails" à "Undivided Dismemberment" en passant par "Smoke Through The Skull" et "Scarecrow", BENIGHTED, fidèle à lui-même, nous rentre dans le lard. Mais il n'y met cependant pas toute la folie destructrice qu'on lui connaît. Il calcule davantage, évalue d'abord les endroits où il est le plus certain de faire mal avant de frapper, afin de ne pas s'épuiser trop tôt ni laisser sa victime exsangue avant l'heure. C'est pourquoi l'on a le sentiment d'avoir affaire à un groupe toujours très sûr de ses fondamentaux et de sa force, mais aussi conscient de la nécessité de ménager son auditoire, davantage que de coutume en tout cas.

Ainsi, la musique de BENIGHTED n'est peut-être pas aussi immédiate que naguère, mais n'est finalement pas moins efficace, sur le long terme. Même si "Obscene Repressed" est sensiblement en retrait par rapport à un "Necrobreed" qui faisait charpie de tout cadavre, il n'en reste pas moins difficile de le considérer autrement que comme un très bon album. Qu'on se le dise, le fauteuil du daron cogneur du Deathgrind français n'est toujours pas près d'être occupé par un autre. Et l'on continuera encore sagement d'attendre ses prochaines colères et ses déchaînements de violence, surtout s'ils sont de plus en plus finement dosés.

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   T-RAY

 
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- Julien Truchan (vocaux)
- Emmanuel Dalle (guitare)
- Pierre Arnoux (basse, vocaux additionnels)
- Kévin Paradis (batterie)
- Fabien 'fack' Desgardins (guitare)


1. Obscene Repressed
2. Nails
3. Brutus
4. The Starving Beast
5. Smoke Through The Skull
6. Implore The Negative
7. Muzzle
8. Casual Piece Of Meat
9. Scarecrow
10. Mom, I Love You The Wrong Way
11. Undivided Dismemberment
12. Bound To Facial Plague



             



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