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NAUTIK FUNERAL-DOOM  |  LIVE

Lexique doom metal
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- Style : Tyranny, Ophis, Catacombs
- Membre : Midnattsol, Mystic Circle
 

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AHAB - Live Prey (2020)
Par WËN le 18 Août 2020          Consultée 1781 fois

"Approchez, les amis ! Approchez ! Loups de mer, harponneurs de tous poils et puceaux de ces eaux, approchez, et claquez-moi ces becs ! Cessez vos jacasseries et écoutez donc, la complainte d'un vieux marin fatigué ! Quatorze ans me furent nécessaires, quatorze longues années d'attente pour qu'enfin, en défaut d'équipage, ce grand échalas de guingois d'Achab, me laisse embarquer à bord de son Pequod de baleinier ! Au fait de la première confrontation entre ce 'Vieux Tonnerre' et cette laiteuse monstruosité des bas-fonds qu'est Moby Dick - cette même rencontre où le grand cachalot lui prit sa guibolle -, il faut bien dire que j'attendais moi aussi d'alléger ma conscience d'une vengeance toute personnelle en dardant de mon harpon les flancs de la Bête, sous les vociférations du blafard capitaine ! Sus à toi, terreur des océans" !

Déblatérations à part, dîtes-vous qu'entre AHAB et votre serviteur, c'est un peu l'amour vache-marine (on se lamente, hein) quand il s'agit de les capter 'live'. En effet, depuis mes premiers émois à vingt mille lieues sous les mers pacifiques ("The Call Of The Wretched Sea", 2006), on ne peut pas dire que les occasions manquèrent de les voir batifoler sur scène, mais jamais celles-ci ne se concrétisèrent (Summer Breeze 2010, un set bien trop tardif pour qui a planté une voiture sur les Autobahnen allemandes la veille ; Genève 2012, nulle voile à l'horizon pour co-balainer; tournée 2015, impossible de leur dénicher une escale lyonnaise). Attendez, ça va plus loin encore, même lorsque le quartette reste à quai pour cause de pandémie mondiale et qu'il met en ligne l'une de ses prestations, je trouve le moyen de manquer la joute, alors qu'elle était encore disponible l'avant-veille. Alors à un moment, pour ce que j'en dis, il faut se faire une raison…

Le "Live Prey" dont il est question ici arrive donc à point nommé pour m'éviter de noyer mon chagrin dans l'alcool. Au menu - ça a suffisamment été crié dans les huniers quelques temps à l'avance - du pachydermique, du massif, de l'épaisseur en bosse… AHAB se la jouant vieux cabochard en décidant de dérider son premier forfait. Chaque album étant bien différent de ses confrères, j'avouerai d'abord avoir regretté que le groupe ne s'ébatte ni dans les lagunes Funeral/Post Rock sablonneuses de "The Giant" (2012) ni dans les funèbrement Doom et clapotantes immensités océaniques de "The Divinity Of Oceans" (2009) qui, pour un premier exercice 'live', l'auraient vu balayer davantage les fonds-marins de son répertoire. De même, avis perso, mais quitte à interpréter un album dont on connait par cœur la trame sonore, pourquoi ne pas y joindre l'image ?

Bref, quelques questions au final peu importantes tant notre fougueux capitaine nous rappelle vite qu'en quasi-quinze ans, il s'en est écoulée de l'huile sur le pont. Déjà, précisons-le, "The Call"… n'est pas tout à fait joué dans son intégralité puisque "The Sermon" titre central du disque original manque à l'appel, tout comme "Of The Monstrous Pictures Of Whales" le court interlude instrumental qui lui sert d'intro mais dont on se fout un peu. "The Hunt" et "Ahab's Oath" sont également interverties. Si niveau équipage, seul l'échange Stephan Adolph / Stephan Wandernoth pour les basses est à noter par rapport à la version studio, il s'avère que les doutes initiaux relatifs au set sont vite être levés tant les cinq compos restantes, robustes et Doom à souhait du long de leurs dix-onze minutes de moyenne, sont ici équarries avec grand soin. Non qu'elles soient revisitées en profondeur - leur immuable et immaculée structure demeurant telle quelle - mais leurs façades, usées par quinze ans de chasse, bénéficient ici d'un joli ravalement. Car si elles macèrent toujours dans ce poisseux Nautik Funeral Doom propre aux débuts d'AHAB - nul doute n'est permis - on s'aperçoit entre deux plongées qu'elles ne s'avèrent pas forcément aussi profondément antédiluviennes que leurs homologues studio (l'imprécision d'un son 'live' faisant son œuvre). Cependant afin de contrecarrer tout ça, le quartette à la bonne intelligence d'opter pour l'efficacité en dotant cette courte setlist (cinq titres pour cinquante-quatre minutes) d'une puissance toute particulière, offrant ainsi un set Heavy comme pas possible. Un bon baleinier vous expliquera de toute manière bien mieux que moi qu'à bien lustrer ses outils, ils n'en sont que plus redoutables. Là, j'acquiesce.

Ça balaye large, au grand large. Les tempos oscillent un peu par rapport à ce qu'on en connaît, soufflant comme autant de rafales fatales… Là un ralentissement, là une pachydermique accélération via une double pédale qui vient fendre la houle de la plus impromptue des manières ("Below The Sun", "Old Thunder"). Les nappes de claviers et les chœurs se taillent également une bonne place dans le mix final (l'intro glacialement hantée de "Ahab's Oath", l'outro du concert) renforçant certaines atmosphères à la base noyées sous les guitares. On évite ainsi quelques écueils (comme la fin interminable de "The Pacific" sur album), mais a contrario un morceau comme "Old Thunder", livrer sans f(io)riture, perd un peu de sa grâce océanique comme il savait nous l'infliger dès son intro sur album. Sinon, le chant de Daniel Droste, déjà abyssal en studio est toujours égal à lui-même. De même que ces leads maritimes de guitares ("Below The Sun", "Old Thunder") qui savent vous harponner pour ne plus vous lâcher, ou ces guitares-claires nauséeuses qui continuent leur travail de sape, ("Ahab's Oath") pour un final en apothéose sur "The Hunt".

Je brode, je brode, mais j'avoue ne pas avoir grand-chose à raconter de plus, hormis qu'il s'agit de prendre ce Live comme une version alternative du sujet d'origine, comme AHAB le joue de nos jours. Le public n'a ici pas voix au chapitre, le groupe ne communique d'ailleurs pas non plus entre les morceaux (ce qui dans le style n'est pas rédhibitoire … s'agirait pas de casser l'ambiance d'un "ahoy!" non approprié) mais à la place, laisse le soin à divers samples (embruns/mouettes et extraits - je pense - du "Moby Dick" de John Houston, 1956) de faire le lien entre les morceaux.

Sans rien lui chercher de révolutionnaire, vous me verrez allonger un sympathique 4/5 à ce "Live Prey". Si rien ne le rend immanquable, il devrait néanmoins intéresser les a(r)mateurs de l'équipage allemand, ne serait-ce pour cette autre ambiance qu'il dégage et ce résultat au-dessus de ce que pouvait promettre sa fiche technique et son enrobage. Ah, oui … Pardon. L'enrobage, parlons-en ! Un digipack désespérément sobre, à s'y morfondre (rien ici, n'est fait pour faire travailler l'imaginaire). Pas de livret, à peine une photo des membres du groupe cachée sous le CD, juste la galette quoi ! On ne sait même pas quand et à peine où a été enregistré ce concert, c'est dire. Et je vais être obligé de balancer : mais 15€ pour si peu, c'est beaucoup, beaucoup trop cher ! Et à un moment, il va falloir que les labels arrêtent de prendre les acheteurs pour de gros ahuris de baleineaux et comprennent aussi que ceux qui déboursent pour leurs productions vont finir par en avoir raz-l'esquif de payer pour les autres qui s'en secouent les steaks ! Cétacé !

Allez bim, c'est une étoile qui saute ! 3/5, donc, et démerdez-vous avec ça, Napalm Records !

PS : Pour les collectionneurs, je ne suis pas loin de penser que c'est la version K7, la plus 'fun' (livrée dans son petit filet de pêche avec un pin's de Gregory Peck, le cap'tain Ahab de 56).

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- Daniel Droste (chant, guitare)
- Christian Hector (guitare)
- Cornelius Althammer (batterie)
- Stephan Wandernoth (basse)


1. Below The Sun
2. The Pacific
3. Old Thunder
4. Ahab's Oath
5. The Hunt



             



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