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FUNERAL DOOM  |  STUDIO

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- Style : Tyranny, Ophis, Catacombs
- Membre : Midnattsol, Mystic Circle
 

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AHAB - The Boats Of The Glen Carrig (2015)
Par WËN le 8 Mai 2016          Consultée 3736 fois

Les fonds marins regorgeant, au bas mot, de quelques centaines de milliers d'espèces encore inconnues - les estimations tendant à avancer que de 25% à 30% seulement d'entre elles seraient à ce jour recensées - arriver à cerner un bestiau dans ces immensités, aussi pachydermique soit-il n'est, vous en conviendrez, pas toujours choses aisée. Ainsi, plus d'une demi-année de poursuite fut nécessaire à notre bathyscaphe pour enfin appréhender la fugace silhouette du laiteux cachalot et parvenir, entre deux de ses interminables plongées, à en saisir les effarants contours. Car malgré son étonnante et colossale stature, notre vieux bourlingueur demeure joueur et à cela de surprenant qu'il aime à rester insaisissable, ne traînant sa lourde carcasse jamais très longtemps au même endroit. Au fil des ans nous l'avons ainsi croisé luttant contre la houle déchaînée ("The Call Of The Wretched Sea", 2006), puis dérivant au gré des flots accablé par un soleil de plomb ("The Divinity Of Oceans", 2009), pour finalement le retrouver à s'ébattre mollement dans les fonds cristallins des caps sablonneux du Grand Sud jusqu’aux menaçantes falaises de la glacée Antarctique ("The Giant", 2012). Au rythme régulier d'une respiration tous les 3 ans, c'est en observateurs avertis que nous guettions scrupuleusement la surface des mers teutonnes depuis le début d'année dernière, dans l'attente d'un nouveau jet révélateur de l'imminent retour de la bête.

Les premiers remous à nous parvenir furent pour le moins troublants, tant l'explosion de couleurs affichées par l'artwork de Sebastian Jerke (déjà à l'œuvre sur "The Giant") tranchait cette fois-ci avec les poncifs du genre. Mais connaissant la récurrente manie propre à notre nacré cétacé de sans cesse batifoler d'îlot en îlot sans jamais stagner, ce déballage assumé fut-il seulement si surprenant ? Non, à ce moment, la seule réelle crainte à nous étreindre fut de retrouver la bête à déambuler, hagarde, sa pesante tête embrumée par les vapeurs de quelque douteuse cargaison d'herbes issue des soutes d'une de ses récentes victimes jamaïcaines. Le seul bémol que nous saurons nous permettre à propos de cette pochette, concerne cette faune bigarrée et trop fantaisiste qui ainsi mise en avant ne colle, au final, que peu au concept horrifique retranscrit ici, si bien qu'il nous est dorénavant bien difficile de le prendre au sérieux. Car fidèle à ses habitudes, AHAB, ne saurait chanter sans dépoussiérer là encore une œuvre des siècles derniers. Après "Moby Dick" de H. Melville et "The Narrative Of Arthur Gordon Pym Of Nantucket" de E.A. Poe sur les opus précédents, c'est au tour de l'obscur roman éponyme (1907) de W.H. Hodgson (1877-1918, fauché durant la Grande Guerre) de servir de trame à ce quatrième opus des Allemands.

Pour une fois, l'aventure ne débute pas au sein des grises rades de Nantucket et – à la manière du manuscrit original - ce sont les rescapés d'un équipage déjà à la dérive qui se laissent conduire par le calme clapotis de guitare introductif de "The Isle" dont certaines lagunes, tout comme les approches vaporeuses de "The Thing That Made Search" et de "To Mourn Job", ne manqueront pas d'évoquer les moments les plus post-rock de son ainé. Bercés par les languissantes et frissonnantes déclamations du matelot Droste (chant, guitare), "The Boats Of The Glen Carrig" reprend musicalement peu ou prou là où "The Giant" s'était arrêté. Peu de surprises à l'horizon, de prime abord, si ce n'est les brumeux et sordides contours de cette mystérieuse île qui se dessinent fugacement parmi les volutes de brume l'environnants … et qui ne tarderont guère à se faire balayer par une pestilentielle brise sonore, déjà viciée à souhait. Car il n'est pas dans la nature de notre entêté et cabossé cétacé de faire trop longtemps dans la dentelle et en faisant preuve de quelques regains de férocité inattendus dignes de ses premiers efforts, mixant un riffing accablant à de pesantes litanies, celui-ci nous ramènera plutôt radicalement au Funeral-Doom aqueux de ses débuts. Une démarche d'autant plus appuyée lorsque la formation se "plait" à nous dérouler quelques vocalises extrêmes d'outre-t … d’outre-mer (encore plus flagrant sur la première partie de "The Weedmen" où ces dernières atteignent des profondeurs abyssales). Plus que jamais, la diction est salée ! Vous l'aurez compris, plutôt qu'une énième évolution, AHAB, sans forcer son talent, semble ici nous indiquer d’un "c'est assez !" autoritaire qu’il préfère se satisfaire d'un recyclage des éléments marquants de ses précédentes plongées, là où nous avons connu un bestiau plus aventureux par le passé.

Et pourtant, ne nous y trompons pas, il serait bien peu avisé de laisser filer notre cachalot cabochard. Au contraire, grand bien nous prenne de poursuivre sa crasse carcasse en ces marécages putrides et infestés de vermine où il se complaît puisque cette relative stagnation précédemment évoquée ne saurait en rien ébranler sa capacité à férocement montrer les crocs. C’est d'ailleurs en lui emboîtant la nageoire que certaines nouveautés ne manqueront alors de se révéler. Parfois évidentes, comme lorsqu'on le surprend à rouler sa bosse en cette monstrueuse et improbable tempête Post-core qu'est "Like Red Foam", lorgnant de façon pas forcément finaude, il faut bien l'avouer, vers la musique d'un THE OCEAN (le groupe, pas la flaque). Un morceau certes inattendu pour le style (étrange surprise que d’entendre un tel déluge au beau milieu d’un disque de Doom), mais diablement bien mené, le groupe sachant fort heureusement y incorporer sa touche propre (refrains déclamés, dissonances caractéristiques). Se refusant de se contenter de ce simple coup d'essai, AHAB via un riffing musclé, saura d'ailleurs adroitement nous disséminer ici et là quelques autres coup de pagaies hardcore ("To Mourn Job", plus discrets et davantage intégrés au corps des riffs). Parlons-en de ces riffs ! Car dorénavant plus longs et souvent tortueux, ceux-ci n’hésiteront pas à se répéter à outrance, se briser, se saillir entre eux, pour mieux nous noyer dans leurs circonvolutions, AHAB se rapprochant ainsi de quelques vieux pontes de la scène Doom-Death (MOURNING BELOVETH, par exemple). En termes de construction, le riffing évolue donc, se voulant parfois même plus mélodique, en intégrant les fameuses lead de guitares salées et vivifiantes de son ainé qui savaient si agréablement nous fouetter le visage et que nous pensions de prime abord reléguées aux fonds de cale. Ainsi phagocytées par des guitares se jouant des dissonances et des contradictions, force est de constater que les allemands arrivent finalement et contre toute attente à renforcer cette touche horrifique attendue ("The Thing That Made Search", "The Weedmen").

Il faudra attendre "The Light In The Weed", la première bonustrack (Napalm Records devenant désespérant aux jeux des diverses éditions limitées présentant plus ou moins de titres en plus) pour revenir à des sonorités plus posées, mais qui n'atteindront cependant jamais la grâce glacée d'un "Antarctica" (quitte à comparer ce qui peut l'être). Un choix de placement néanmoins judicieux pour clore ce quatrième chapitre, puisqu'il eut été bien difficile d'intégrer plus intelligemment ces dernières vaporeuses mélodies, tant elles tranchent radicalement avec le reste de l'œuvre. Les plus collectionneurs d'entre nous, via l'édition 'wooden box', pourront encore profiter d'un ultime exercice de style avec la relecture habitée - et forcément ralentie - du ALAN PARSONS PROJECT (présentant Olav Iversen de SAHG au chant). Un essai agréablement transformé même si nous aurons du mal à y déceler les habitudes musicales habituelles à AHAB (mis à part le solo, à la rigueur).

Qu'on se le dise, AHAB, trainant plutôt lourdement son popotin au gré des épaves de ses précédentes œuvres, ne surprend plus guère, se vautrant trop paresseusement pour que nous prenions un réel et déraisonnable plaisir à le suivre, intrigués. La qualité est là, c'est un fait. L’opus en question est même loin d'être un album moyen. Mais force est de se rendre à l'évidence que l’ambition de la formation allemande ainsi revue à la baisse, nous laisse malheureusement un peu le bec dans l’eau, face à un album finalement assez décousu et qui ne surprendra que rarement. Et à le comparer à ses prédécesseurs, le fait s’impose que c’est celui-ci qui nous transportera le moins, donc à partir de là …

3,5 et des baleines

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- Daniel Droste (chant, guitare, claviers)
- Chris Hector (guitare)
- Stephan Wandernoth (basse)
- Cornelius Althammer (batterie)


1. The Isle
2. The Thing That Made Search
3. Like Red Foam (the Great Storm)
4. The Weedmen
5. To Mourn Job
6. The Light In The Weed (mary Madison) (bonustrack)



             



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