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EPIC FUNERAL-DOOM  |  STUDIO

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2023 2 Oromet
 

- Style : Mournful Congregation, Loss
 

 Bandcamp (2)

OROMET - Oromet (2023)
Par WËN le 1er Avril 2024          Consultée 2219 fois

Une invitation à l'écoute.

Dites-nous, n'est-ce pas là ce que sait promettre une telle pochette, avant même d'avoir pu vérifier ce dont il retourne ici ?

Nul secret, le premier contact avec une œuvre musicale reste - assez paradoxalement - encore souvent soumis à cette faculté qu'ont certains visuels à savoir (ou pas) vous crever la rétine et ainsi vous alpaguer au moment de devoir privilégier l'écoute d'une récente sortie au détriment d'une vingtaine d'autres (*). Certains artistes sont passés maîtres en cet art et, par les thèmes et les symboliques qu'ils y insufflent, savent d'emblée vous aiguiller sur le contenu qui se terre à l'intérieur. Mark Riddick, Paolo Girardi, Jeff Grimal, ces patronymes seuls ne sauraient immanquablement vous évoquer quelques folies visuelles dont eux seuls ont le secret. Nous ne pourrons en tout cas pas retirer à OROMET (et au talent graphique de Ted Nasmith, spécialiste de J.R.R. Tolkien et déjà vu à l'œuvre chez BATTLELORE ou KEYS OF ORTHANC pour le logique parallèle thématique) d'imparablement nous laisser miroiter tant de promesses et de grands espaces à parcourir, via ces simples et profondes nuances d'or et d'azur (**).

Malgré cette accroche visuelle indéniable, encore faut-il que l'objet en question puisse atteindre son public. Car croiser ce joyau poli qu'est OROMET nécessite de savoir creuser profondément ET avec beaucoup d'avidité dans les entrailles de l'underground. Et pour cause : disponible qu'au format K7 (en attendant mieux courant 2024), au fin fond des bacs d'une obscure distro californienne (Transylvanian Recordings, hôtesse de VORLUST - si, nous vous en avons parlé - BARREN ALTAR, OCCLITH, HELLISH FORM, etc.), on ne peut pas dire que le premier LP de ce duo sacramentin risque de vous tomber dans la main comme par enchantement. Et c'est principalement pour vous garantir de ne pas passer à côté de certaines découvertes de cet acabit, que nous sommes parfois prompts, chez NIME, à vous mettre en avant de telles merveilles !

Ces considérations mises de côté, il est grand temps de remettre l'Arkenstone au cœur de la montagne et de vous expliquer un peu pourquoi OROMET vient se tailler sa place en sélection hebdomadaire avec tant de facilité, car ce n'est évidemment pas pour sa seule pochette. Bon, déjà, trois titres pour 44 minutes, vous nous voyez bien sûr débarquer, avec nos lourdes godasses encroûtées de Doom. Mais vous devez tout aussi bien vous douter - nous l'espérons en tout cas - que pour s'offrir cette place tout en haut de nos colonnes, le groupe ne peut que s'affranchir de ses moribonds collègues avec, au bas mot, un propos très personnel.

Et ça ne rate pas ! OROMET, avec une puissance tectonique toute à lui, c'est la rencontre au sein d'une même masse magmatique, de plusieurs styles qui s'y déversent en flux bouillonnants. Si son propos premier demeure le Doom extrême dans tout ce qu'il sait embrasser de plus implacable et monolithique, empruntant autant à OCCLITH (Dan Aguilar et Patrick Hills en sont tous deux membres) pour certains de ses accents Doom/Death, qu'à MOURNFUL CONGREGATION ou UN pour la caution Funeral via les longues et altières digressions de guitares qui bâtissent son inexpugnable partition en se répondant mutuellement sur les passages instrumentaux leur étant accordés (les parties centrales de "Diluvium" et de "Alpenglow"), force est de constater que le duo sait offrir bien plus.

Et c'est là qu'entrent en jeu ses influences, lui permettant d'explorer de bien plus larges horizons. En effet, aventureux, son Funeral Doom l'est incontestablement, sachant bien vite se barder d'une caution absolument épique, en oscillant entre parties atmosphériques propres au genre (les guitares qui s'égrènent en notes claires aux deux tiers de "Alpenglow" ou sur le pont instrumental de "Familiar Spirits", vers 9'30), voire ambiantes (comme sait nous le proposer la (très) longue conclusion de "Familiar Spirits" tissée de complaintes de claviers éthérées propres à l'émergence de quelques chœurs spectraux), ou, à l'inverse, venant fouetter nos sens par de vivifiantes brises en provenance des plus hautes cimes du monde connu (l'intro de "Familiar Spirits" hérite par exemple d'un cachet très CALADAN BROOD / SUMMONING dans l'esprit). Bref, une force évocatrice digne d'une romance éhontée entre un Basil Poledouris et les doomeries les plus obstinées de la scène (cf. les batteries finales de "Diluvium", les 22 minutes de "Familiar Spirits" dans leur globalité).

Ses longues partitions, de prime abord intimidantes, c'est certain, savent et aiment prendre leur temps et se révèlent être ainsi de véritables appels au voyage et à l'aventure. Le rôle des guitares, dont nous parlions plus haut est ici absolument central et primordial quant à sa démarche. Véritables héraldesses, conteuses de récits passés et de faits d'armes à la gloire de héros et d'héroïnes d'époques depuis longtemps révolues, elles ont cela d'inaltérable, figées dans leur grâce surannée, qu'elle nous amènent plus d'une fois sur les rivages d'un Heavy Metal dramatiquement lent, nimbé de ce qu'il faut d'extrême pour lui conférer une indiscutable majesté ! Tout en conservant ce caractère fier et intemporel au genre, chaque chanson s'octroie néanmoins de longues plages instrumentales où seule règne la solennité de guitares exquisément mélodiques pour le genre (l'introduction de "Diluvium", encore cette partie centrale de "Alpenglow" aux alentours de 4'30). En découle un persistant et sublime sentiment d'évasion, comme leurs compatriotes de UN - mais par d'autres artifices - avaient su en jouer sur certains passages de leur "Sentiment" de 2018.

Et c'est bien là, sa principale force ! Ni obscur, ni jamais réellement abrutissant de lenteur, bien au contraire, c'est ici la prodigieuse implacabilité de la Nature et des forces élémentaires qui règne au sein de son Funeral Doom si particulier et onirique. Jamais celle d'un quelconque fardeau propre aux troubles d'un nature humaine lasse de sa condition. Même les plus lourds et imparables riffings (le véritable premier riff du disque à 2'10, l'introduction de "Alpenglow") savent faire résonner les insondables cavernes qui lui servent de retraite, sondant l'âme même de la montagne. Pour couronner le tout, le chant, espèce de grunt ambiant, plutôt sous-mixé en l'occurrence, est davantage à considérer ici comme une couche instrumentale supplémentaire procurant, s'il le fallait encore, toujours plus de tessiture au résultat final.

Évitant d'assommer l'auditeur par un trop faramineux excès de zèle, OROMET joue 'finement' sa partie (eu égard au style pratiqué) en livrant un premier jet concis et savamment bâti qui ne laisse la tension retomber à aucun moment et que - comme toute saga épique qui se respecte - l'on espère se voir décliner (au moins) en trilogie dans les années à venir. Car des aventures comme celle-ci, on n'en vit pas tous les jours…

Note réelle : 4,5/5.

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(*) Quitte à partager quelques souvenirs : typiquement, à son époque, le "Virus" d'HYPOCRISY, ou plus récemment la cas BELL WITCH grâce au savoir-faire de feu-Lewandowski. Comment non plus ne pas avoir pu être interpellé par les diverses profanations d'Eddie en son temps ?

(**) Ici, le Taniquetil, la Montagne Blanche du "Silmarillion" de J. R. R. Tolkien.

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   (3 chroniques)



- Patrick Hills (basse, claviers, batterie, chant secondaire)
- Dan Aguilar (chant, guitare)


1. Familiar Spirits
2. Diluvium
3. Alpenglow



             



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