J’ai toujours aimé ce passage dans la Bible où Jésus se balade dans le désert et rencontre un type complètement fou. Les habitants du village voisins ont évidemment une peur énorme de l’homme. Le fils du grand patron y voit là un humain habité par un démon. Lorsqu’il lui demande son nom, l’homme lui répondra alors : "Mon nom est Légion, car nous sommes nombreux". Cette phrase a tellement marqué l’imaginaire qu’elle va inspirer le maître de l’horreur en personne, Stephen King, à écrire à propos d’un démon sévissant sur une île en proie à une tempête de neige dans "La tempête du siècle". Vers la fin du récit, il y reprendra cette fameuse phrase. ALL THAT REMAINS n’est pas en reste, et va donc utiliser ce fameux passage pour le titre de son cinquième album studio (ainsi qu’une chanson).

Plongeon donc dans ce "For We Are Many". Album attendu de pied ferme par plusieurs fans très sceptiques qui prévoyaient déjà que les premières notes allaient leur tomber dessus tout comme des petites crottes de pigeon sur la tête des habitants une belle journée d’été. Bref, ils avaient bien hâte de connaître l’orientation que prendrait Labonte, questionnement plein de bon sens puisqu’on peut dire qu’ALL THAT REMAINS s’était aliéné bon nombre de fans avec la sortie de "Overcome" jugé un peu trop "mainstream" : trop de voix chantée, trop de riffs simplistes, trop de titres courts et tout en mélodie. Avec la sortie de "For We Are Many", Phillip Labonte et ses sbires se devaient réajuster le tir.

C’est donc avec le couteau entre les dents que nos comparses entrent en studio afin de composer un album qui fait le juste compromis entre complexité et facilité. Bien sûr, ça aurait pris de l’hélium plein la tête pour croire que Phil n’avait pas entendu la voix du peuple. Résultat ? On trouve un peu de tout sur cette galette, avec des morceaux couillus et bourrins comme la chanson-titre ou "Some Of The People, All Of The Time" et ses "Pigs squeals" en fin de parcours. À l’autre bout du spectre, on retrouve des morceaux plus simples, plus accessibles comme "Faithless" ou "Hold On" qui vont plaire aux amateurs de "Overcome".

Phillip Labonte a su trouver le juste équilibre afin de rendre tous ses fans heureux. Il manque pourtant un petit quelque chose pour rendre le tout complètement cohérent, comme un bon gros titre de six-sept minutes comme à la vieille époque. J’aurais également aimé un meilleur traitement fait à la batterie comme au temps de "The Fall Of Ideals" où le batteur se laissait complètement aller. Bien sûr, tout ceci n’est pas catastrophique mais fait en sorte que l’album n’est pas une merveille malgré de très bonnes intentions et un excellent équilibre. La réintroduction d’Adam Dutkiewicz, producteur absent sur "Overcome", a certainement aidé à amener une cohérence à "For We Are Many".

ALL THAT REMAINS se sont retroussés les manches et ont abattu un travail considérable en vue de redonner à son public de quoi festoyer. Bien que "For We Are Many" ne soit pas l’album du siècle, il a suffisamment de qualité pour faire passer un bon moment au fan de "Metalcore" lamba.

Morceau préféré : "Aggressive Opposition".