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THRASH/DEATH METAL  |  STUDIO

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ALBUMS STUDIO

1985 2 Seven Churches
1986 Beyond The Gates
2019 Revelations Of Oblivion

E.P

1987 The Eyes Of Horror

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2004 Agony In Paradise
 

- Style : Insidious Disease, Sadus
- Membre : Primus, Malice
- Style + Membre : Gruesome

POSSESSED - Revelations Of Oblivion (2019)
Par T-RAY le 10 Mai 2019          Consultée 4416 fois

POSSESSED n'est plus un pionnier. Il a, par la force des choses, laissé depuis longtemps à d'autres artistes le soin de bâtir l'Histoire du Death Metal, même s'il en fut l'un des principaux instigateurs. Aujourd'hui, POSSESSED est avant tout un survivant... Et cela semble lui convenir parfaitement ! En effet, cela convient aussi bien à Jeff Becerra, fondateur du groupe et unique rescapé du line-up d'origine, malgré un handicap physique avec lequel il vit depuis que des coups de feu l'ont laissé paraplégique il y a trente ans, qu'à la bande de suppôts de Satan qu'il a assemblé autour de lui pour rebâtir une formation en mesure de proposer un troisième véritable album studio.

Oh, ce nouveau crew ne compte aucun nom ronflant mais des musiciens de Metal Extrême chevronnés. Jugez plutôt… Emilio Marquez (ASESINO) à la batterie. Daniel Gonzalez (GRUESOME) aux guitares, co-compositeur de nombreux titres de ce nouvel opus. Robert Cardenas (ex-AGENT STEEL, entre autres) à la basse et aux vocaux additionnels. Et Claudeous Creamer (FROM HELL) aux guitares également, présenté par Jeff Becerra himself comme la cerise sur le gâteau que constitue cette nouvelle incarnation de POSSESSED. Et on le comprend : les soli de gratte du gaillard mêlent de manière remarquable mélodie et agressivité. Certes, la formation n'a rien de spectaculaire en termes de notoriété mais une puissance de feu notable sur le plan musical. Une formation intergénérationnelle mais respectueuse du passé du groupe et, surtout, plus qu'adéquate pour donner naissance au disque que Becerra ambitionnait de sortir depuis plus de trois décennies.

Parce qu'il fallait que ce soit un disque qui ait de la gueule, à la hauteur de l'héritage laissé par le combo californien et par son séminal premier album, "Seven Churches". Et le voici enfin, cet opus, sorti douze ans après la reformation opérée par étapes, dès 2007, sous l'égide du vocaliste et ancien bassiste. Le moins que l'on puisse dire, c’est que "Revelations Of Oblivion" donne plus que le sentiment de faire le lien avec cet auguste prédécesseur qu'est "Seven Churches". Et ce, jusqu'à la pochette ! Visez un peu cette superbement hideuse cathédrale gothique consacrée au Malin, sur laquelle on retrouve plusieurs clins d'œil à "Seven Churches", de l'idée même d’une église jusqu'à la fameuse statue de Pazuzu, le démon du film "L'Exorciste", en passant par la croix blanche inversée, absente des pochettes autres enregistrements studio du groupe...

Jeff Becerra nous l'a confessé ici même dans une interview : cet artwork signé par l'artiste polonais Zbigniew Bielak est un clin d'œil à la version censurée de "Seven Churches". Une version jamais sortie puisque remplacée par l'iconique pochette noire à la croix renversée, mais réincarnée à travers l'illustration fort détaillée qui orne "Revelations Of Oblivion". Et l'édifice que l'artiste nous dévoile n'est, ni plus, ni moins que la “huitième église” qui manquait jusqu'ici aux sept autres. Oui, POSSESSED a de la suite dans les idées… Picturalement ET musicalement. Car "Revelations Of Oblivion" ressemble très certainement à ce que POSSESSED aurait dû sortir à la suite de "Seven Churches" s'il avait continué de construire sur les fondations Death Metal qu'il avait lui-même posées au lieu de se recentrer sur le Thrash Metal.

En effet, on tient peut-être ici – avec trente piges de retard, hélas – le chaînon manquant entre le proto-Death des débuts de POSSESSED et le Death Metal que développeront ensuite les premiers vrais artistes du genre. Pas pour rien que la bande de zicos assemblée par Jeff Becerra vient en grande majorité du Death Metal... Et si POSSESSED avait continué sur la lancée de "Seven Churches" dès 1986, il n'aurait peut-être pas sonné comme DEATH ou MORBID ANGEL, ses influences Thrash étant tout de même beaucoup trop évidentes, mais on aurait certainement entendu parler de Thrash/Death plus tôt ! Car c'est ce que POSSESSED nous propose avec "Revelations Of Oblivion" : un disque de Thrash/Death franc, intense, très puissant et drôlement plus accrocheur que n'importe quel enregistrement de la discographie du groupe californien.

Comment décrire autrement un morceau tel que "Abandoned", par exemple, qui tient tout autant du Thrash que du Death Metal ? Je cite ce titre en particulier car il est tout-à-fait représentatif du contenu de ce troisième opus studio de POSSESSED, mais j'aurais pu en citer de nombreux autres ("No More Room In Hell", "Dominion", "Damned", "Graven"), mêlant aussi habilement les fondamentaux des deux genres. Vélocité exacerbée et palm muting effréné d'un côté, batterie mitraillette et dissonance de rigueur de l'autre, le tout parfaitement servi par une production maison assurée par Daniel Gonzalez et supervisée par Jeff Becerra lui-même, avant mixage et masterisation signés Peter Tägtgren, qui n’est évidemment pas pour rien dans le sentiment de puissance et de violence qui caractérise "Revelations Of Oblivion". Le travail du Suédois, qui a sauté sur l'occasion de bosser avec une légende, permet à POSSESSED de retrouver une partie du soufre évaporé avec "Beyond The Gates" et c'est tant mieux !

Résultat : "Revelations Of Oblivion" nous gratifie de moments de virulence a priori blasphématoire, mais dont les textes signés Becerra sont plus fins qu'ils n'en ont l'air, offrant un regard critique sur notre société comme le veut la grande tradition du Thrash Metal. Virulence des mots, certes, mais virulence des notes, surtout. Des morceaux comme "Shadowcult", rendu encore plus frissonnant et catchy par les cris du loup Becerra, ou le massif et très Death Metal "Ritual" sont autant de coups mortels portés par le quintette sur ce troisième album. Le groupe va même jusqu'à flirter avec le Black Metal sur le tranchant et assez jouissif "The Word", même si ce fil rouge qu'est la voix de Jeff nous rappelle qu'on est toujours chez POSSESSED. Une voix moins extrême que par le passé – oubliés les quasi growls de "Seven Churches" – mais qui reste méchante et dont le grain presque Kilmisterien renvoie aux influences les plus Heavy du style POSSESSED.

D'ailleurs, les inspirations proto-Thrash qui ont toujours infusé la musique de POSSESSED sont encore là également, en dépit de l'élévation du niveau général de violence. "Omen" en est le morceau le plus représentatif : s'il en fallait un pour rappeler que VENOM ou HELLHAMMER furent un jour des inspirateurs de Jeff Becerra, aussi bien sur le plan de la composition que de l'écriture, ce serait celui-ci ! Moins véloce que les autres titres et tenant d'un Heavy féroce et fort en éléments Thrash, il nous ramène avec bonheur vers la première moitié des années 80, époque où il suffisait de faire une grimace méchante et de porter cartouchière pour avoir l'air d'un soldat de l'Enfer. Et même si "Omen" est plus brutal que les morceaux d'alors, parce que, quand même, on n'est pas en opération revival, il respire la nostalgie.

Il en va de même pour le très efficace "Demon", qui semble convoquer l'esprit de ces pionniers de l'extrême sur les parties les plus lourdes, les plus authentiquement Heavy, avant de nous réasséner quelques claques de Thrash/Death bien senties. C'est ce qui est remarquable sur l'ensemble de cet album, d'ailleurs : cette capacité qu'a POSSESSED de rendre à la fois hommage aux genres musicaux qui l'ont influencé en début de carrière et à ceux qu'il a lui-même influencé, le Death Metal en particulier mais aussi le Black, côté imagerie et paroles. Le tout en ne laissant absolument aucun doute sur le fait d'être chez POSSESSED. Revenir après plus de trente ans et parvenir à faire ressentir à l'auditeur qu'il écoute bien POSSESSED, un POSSESSED qui, en plus, a su tirer autant d'enseignements de ceux qui l'ont précédé que de ceux qui lui ont succédé dans la trajectoire du Thrash et du Death, est une incontestable victoire. Et "Revelations Of Oblivion", un retour gagnant !

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   T-RAY

 
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- Jeff Becerra (vocaux)
- Daniel Gonzalez (guitare)
- Claudeous Creamer (guitare)
- Robert Cardenas (basse, vocaux additionnels)
- Emilio Marquez (batterie)


1. Chant Of Oblivion
2. No More Room In Hell
3. Dominion
4. Damned
5. Demon
6. Abandoned
7. Shadowcult
8. Omen
9. Ritual
10. The Word
11. Graven
12. Temple Of Samael



             



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