Oh le bel album que voilà ! Le nouvel effort de SOILWORK intitulé "Verkligheten" (réalité en français), leur onzième, constitue en effet une très belle surprise à l’image d’ailleurs de cette pochette plutôt étrange mais particulièrement jolie et qui confère déjà à l’album ce petit quelque chose de spécial. Pour tout dire je ne m’attendais pas du tout à ce type d’album de la part du groupe suédois. Il semblerait que les différents changements opérés chez SOILWORK d’une part, et pas des moindres puisque rappelez-vous le bassiste Ola Flink a quitté le navire en 2015, en 2016 c’était au tour de l’excellent batteur Dirk Verbeuren de mettre les voiles pour aller chez MEGADETH (à noter que plus récemment encore -fin 2018- c’est Markus Wibom le remplaçant d’Ola Flink qui est parti !), et également la forte implication du leader du groupe soit le chanteur Björn « Speed » Strid, seul membre originel de SOILWORK, et du guitariste David Andersson dans leur projet Hard Rock The NIGHT FLIGHT ORCHESTRA – deux albums en deux ans quand même ! ("Sometimes The World Ain't Enough" (2018), "Amber Galactic" (2017)) d’autre part, ont semble-t-il quelque peu changé la donne.

Tant et si bien que si on avait laissé SOILWORK avec un puissant "The Ride Majestic" (2015) plutôt pas mal qualitativement, très virulent par endroits ("Flight In The Aftermarth", "The Phantom" et ses quelques accointances Black), riche en idées ("Death In General") mais quand même un poil bordélique, on retrouve ici les Suédois avec un opus foncièrement différent. "Verkligheten" apparaît en effet plus homogène, cohérent et surtout nettement plus aéré. Et il s’avère être un tantinet surprenant même, avec une approche ultra mélodique des plus subtiles, un côté Popisant quasi omniprésent (et pas désagréable du tout au contraire et c'est même là LE point fort de l'album) et un chant clair prenant véritablement de plus en plus de place.

De ce fait, des compositions de la trempe de "Verklighteten" courte introduction majestueuse qui ouvre et plante le décor de l’album avec cette atmosphère planante et mystérieuse, le single "Stålfågel" (oiseau d'acier), Pop, absolument imparable et qui peut surprendre par sa mélodie, sa rythmique et surtout sa ligne de chant clair d'une autre époque (années 80), ce génial "The Ageless Whisper" accrocheur et son introduction de toute beauté avec ses lignes de guitare chaudes (quelle musicalité !) ou bien encore le tubesque "Witan" absolument irrésistible lui aussi avec cette superbe mélodie et son rythme ultra enjoué, apportent véritablement de nouveaux éléments à l’édifice et confèrent surtout à SOILWORK une mue mélodique vraiment riche et très intéressante. D’ailleurs, bon nombre des meilleurs moments de "Verkligheten" résident justement dans les magnifiques mélodies immédiatement accessibles et les passages de toute beauté distillés tout au long du disque qu'ils soient atmosphériques, feutrés ou voire même intimistes (sur le catchy et excellent "Bleeder Despoiler", sur "Full Moon Shoals" et ses subtils chœurs de toute beauté). À croire aussi que The NIGHT FLIGHT ORCHESTRA a sur ces dernières années, inéluctablement déteint sur SOILWORK. L’influence y est en tout cas palpable à divers endroits ("You Aquiver", "Stålfågel", le riff de "The Nurturing Glance").

Pour les fans de la première heure qu'ils se rassurent, SOILWORK maintient un semblant de virulence tout de même avec non seulement les sempiternels hurlements et grognements de l'ami Strid mais aussi avec des titres qui avoinent sévère à l'image de l'aérien "Arrival", ultra mélodique d'ailleurs et très proche de l'esprit d'un SCAR SYMMETRY (sonorités et ambiance) et de ce "When The Universe Spoke" de feu (en revanche le son de batterie ici...) et sur lesquels notre ami Thusgaard (ancien élève de Dirk Verbeuren) est complètement mis en valeur (blasts à l'appui). On retiendra également ce très musclé "The Wolves Are Back In Town" plutôt efficace mais au final on ne peut plus classique, ce "Needles And Kin" et son riff un brin saccadé (Tomi Joutsen d'AMORPHIS y fait une apparition) et cette fulgurance présente, magnifiquement amenée sur "The Full Moon Shoals" et absolument imparable (en concert ça va dépoter sévère). Excellent tout simplement.

Verdict de ce surprenant et très chouette "Verkligheten" ? Le résultat est sans aucune discussion possible sacrément probant. Mieux encore, ce disque s'avère extrêmement séduisant et d'un charme irrésistible. On reste émerveillé devant tant de mélodicité travaillée, de musicalité affichée, de variété aussi et notamment dans les ambiances et atmosphères ("The Nurturing Glance", "The Ageless Whisper"). Le travail ici réalisé est vraiment splendide et on saluera tout particulièrement la prestation de la doublette David Andersson/Sylvain Coudret (le frenchie du groupe !) que l’on ne pourra que féliciter car elle a su créer quelque chose de vraiment spécial et unique sur ce nouvel album. Des belles mélodies, des atmosphères de toute beauté comme celle feutrée de "Full Moon Shoals" au refrain plutôt Pop ou celle toute en délicatesse de "The Nurturing Glance" au riff tout droit sorti des années 80 et dans une veine presque Hard Rock. L'ensemble servi par le chant impeccable de l'ami Björn qui impressionne donc, d'une part par sa capacité à alterner chant clair et chant death avec une très belle maîtrise, et d'autre part au travers de ses vocalises claires particulièrement plaisantes et dont les harmonies se font plus nettes sur des titres comme "The Ageless Whisper" ou sur "Full Moon Shoals". Du grand art ! "Verkligheten" est donc un superbe opus, très équilibré, pour ainsi dire presque parfait, et qui marque une nette et très belle évolution chez les Suédois (IN FLAMES devrait d'ailleurs en prendre de la graine, je veux dire on peut évoluer mais sans faire tout et n'importe quoi, la preuve !). COUP DE CŒUR ABSOLU !!!

Les tubes : "Witan", "Stålfågel"
Les coups de cœur : "The Ageless Whisper", "Full Moon Shoals"
Les avoinées : "Arrival", "When The Universe Spoke"

Note réelle : 4,5/5.