Trois ans après l'excellent "Hochelaga" DOPETHRONE revient nous voir avec son "Transcanadian Anger". Dans la chronique du premier album, je vous disais que ce groupe était plus à rapprocher de VENOM (dans l'esprit et au niveau de l'imagerie de la pochette) que de DARKTHRONE. Et ben là j'ai décidé de me contredire ! Aujourd'hui je vais plutôt vous dire qu'avec ce skeud DOPETHRONE rend un hommage discret au "Transilvannian Hunger" des Norvégiens.

Pourquoi discret ? Parce que je vous arrête de suite, à part dans la voix de Vincent, et dans une certaine mesure, on ne trouve pas de traces de Black Metal sur ce skeud. Navrée de vous décevoir si vous étiez curieux de voir ce que du Sludge Stoner enfumé mélangé à du Black pouvait donner. Non les Canadiens sont plutôt d'humeur "bûcheronne", les guitares tronçonnent sec, la basse vrombit gravement et Borman a troqué ses baguettes contre des bûches.

On peut l'entendre dès les premières notes de "Planet Meth" qui annonce la couleur de cet album : straight in your face. Les Canadiens ont misé sur des compos majoritairement denses mais efficaces : "Scuzzgasm" avec ses clins d'œil guitaristiques au SAB' et son solo enflammé, "Tweak Jaber" et ses riffs brise-nuque. Ou encore "Snort Dagger" qui oscille entre Death Doom et Sludge et arrive à allier le côté pachydermique / hypnotique de ces styles avec cette science du riff "roots" propre à DOPETHRONE.

L'ingrédient nécessaire à cette réussite varie, le trio réussit son coup soit grâce à sa science du riff, comme on vient de le voir, soit grâce à ce groove irrésistible que l'on peut par exemple ressentir sur un "Kingbilly Kush", Stoner Bluesy à souhait (ce qui n'est pas très étonnant, entre nous, vu que c'est une réinterprétation crasseuse mais jouissive du "Tush" des ZZ TOP), ou sur un "Wrong Sabbath" bien Doomy au départ et qui s'énerve progressivement pour aller chatouiller le Stoner.

Je vous disais en début de chronique qu'on ne verrait pas de Black Metal, à proprement parler, sur ce skeud, mais à la place je vous propose d'aller jeter un œil à "Killdozer" qui se rapproche d'un cousin pas si éloigné du Black, j'ai nommé : le Crust. Avec cette rythmique Punk dans l'esprit, mais qui reste bien massive, et ce mur de gros son on se fait allègrement écraser par ce mastodonte, qui invite à tout détruire sur son passage. Le penchant Crust n'est pas très flagrant ici, je vous l'accorde, il se ressent plus dans cet aspect crasseux qu'a le titre et dans les vocaux gargouillesques de Vincent. Même constat pour "Miserabilist", où le groupe a invité une certaine Julie Unfortunate à venir s'égosiller avec Vincent. Néanmoins ce sont les screams de cette demoiselle qui rappelleront là aussi la saleté du Crust, qui se combine très bien avec le côté pesant et lourd du titre.

Les Canadiens ajustent encore une fois leur style et le maîtrisent de mieux, la preuve en est faite avec ce "Transcanadian Anger". On pourrait reprocher au groupe d'avoir abandonné les samples (snif) et mis de côté leurs penchants pour le psychédélisme, mais bizarrement ces éléments ne sont pas manquants dans les compos de ce skeud. Peut-être qu'ils pourraient les étoffer, mais dans l'absolu on peut s'en passer puisqu'elles sont toutes de très bonne qualité et équilibrées. Cette "nouvelle voie" que semble aborder le trio lui convient très bien, en laissant passer deux ou trois ans, il est fort probable qu'ils nous ressortent une petite bombe façon "Hochelaga" dans leur nouvel état d'esprit.