SCREAMING TREES, voilà un groupe de Grunge bien peu connu. Tellement en fait que je n’avais pas vu un réel intérêt à chroniquer leurs albums. Par conséquent, seul "Dust", leur galette la plus connue est présent sur NIME. Je pensais donc en rester là jusqu’à ce que je jette un petit coup d’œil dans la section "boîte à demandes" et que j’y découvre pratiquement la totalité de leur disco à faire. Comme si ce n’était pas assez, le demandeur en avait appelé à ma propre personne, le "spécialiste" du Grunge/Post Grunge en chef pour abattre le boulot. Il n’en fallait pas plus pour me jeter tête première dans la gueule de la bête qui, depuis un bon moment déjà, est complètement édentée.

Pour ma part, j’avais connu SCREAMING TREES de manière indirecte. Étant grand fan d’ALICE IN CHAINS devant l’éternel, je m’étais épris d’un projet de leur chanteur qui avait été invité à former une sorte de "All-Star Band" sous le doux nom de MAD SEASON avec, comme batteur, un certain Barrett Martin de vous-savez-maintenant-qui. De plus, Mark Lanegan venait combiner sa voix à celle de Layne Staley sur deux morceaux fort bien originaux et réussis. Quelques mois plus tard, j’engloutissais la discographie complète du groupe de Washington avec joie et bonheur.

Si vous êtes un amateur de Grunge, voici la première chose à savoir sur "Clairvoyance" : il n’est en aucun cas une galette de ce genre. Voyez-vous, il est sorti en 1986, encore quelques années avant les futurs pionniers du genre (MOTHER LOVE BONE en tête de liste). Non, ici il est question de Rock. Pour être plus précis, de Garage Rock Psychédélique : Un peu comme si le ALICE COOPER BAND des premières heures avait rencontré The DOORS lors d’un face à face. Oui, l’esprit de Jim Morrison est bien présent. J’en veux pour preuve la voix de Mark Lanegan sur "Seing And Believing", mais surtout le peu subtil "Strange Out Here" avec les paroles parlées à la façon "The End" de vous-savez-qui. Il y a également "The Turning" avec les notes de piano du même style. Pour le reste, on est dans le Garage Rock 101 avec des guitares plus ou moins précises et une batterie qui sonne comme une canne. Néanmoins, si tout ça ressemble un peu au premier WHITE ZOMBIE (qui était purement affreux et sans queue ni tête), ce "Clairvoyance" montre tout de même du potentiel : J’aime bien le groove de "Seeing And Believing", le mid-tempo ambiancé de "Standing On The Edge" et "Clairvoyance" où Lanegan se lâche et montre tout le potentiel de sa voix.

Malheureusement, les deux premiers titres de "Clairvoyance" sont très irritants, avec des voix aiguës sur le morceau d’ouverture et des expérimentations inutiles sur le second titre. Plusieurs chansons donnent une impression de manque de rigueur, comme "Forever" par exemple. Il est également certain que la trop grande ressemblance entre Mark Lanegan et le grand gourou des DOORS irrite un peu tant la similarité et le style sont ressemblants : La ligne entre hommage et imitation est parfois mince.

"Clairvoyance" est donc loin d’être parfait et n’a rien à voir avec le Grunge, mais pose tout de même quelques bases qui seront retenues par la suite. De plus, quelques morceaux sont intéressants par leur qualité musicale. Un disque à écouter par curiosité et qui pourrait tout de même vous intéresser.

Morceau préféré : "Seeing And Believing".