ASTRAL DOORS est de retour !

Ah c'est clair que ça a l'air de beaucoup vous passionner... Tout comme moi... Il faut dire que depuis ses débuts la formation suédoise est cantonnée dans un genre de niche, le Heavy Metal à l'ancienne, inspiré majoritairement par DIO, errant un peu sans but dans la troisième division du Metal malgré des albums la plupart du temps au moins honorables.

Néanmoins il faut reconnaître que malgré l'absence de génie dans l'écriture, ASTRAL DOORS propose toujours un travail honnête qui nous permet de vibrer gentiment depuis le canapé et de nous rappeler la patte si particulière du combo de Börlange, qui reprend l'imagerie donjon et dragon chère au défunt Ronnie.

Là où je suis réellement embêté, c'est que si son écoute ne me laisse pas de marbre, j'ai tout de même pleinement conscience que je ne tiens pas avec "Black-Eyed Children" un brûlot de Heavy Metal à même de bouleverser les classements de fin d'année et autres référendums de rédac'. Je pourrais presque vous faire un copier-coller de la chronique de "Notes From The Shadows" tellement le groupe semble inamovible avec son Heavy de tradition dopé au gros son.

Mais ce ne serait pas tout à fait exact.

Déjà soulignons la production puissante concoctée par le chanteur-guitariste d'ECLIPSE, qui profite assez nettement au mix général, où les claviers, bien diversifiés, se retrouvent quasi sur un pied d'égalité avec les guitares (avec tout de même toujours un petit avantage pour ces dernières). Très puissant, le son n'atteint pas non plus la musculature stéroïdée d'un PRIMAL FEAR, mais on est vraiment pas loin ; Erik Mårtensson est résolument un homme de bon goût, tant pour composer avec ECLIPSE que pour produire des groupes. Les claviers se mêlent aux guitares pour créer parfois de jolis mélanges harmoniques où les notes et arpèges se complètent à merveille ("God Is The Devil"). Mais les guitares acoustiques se font elles aussi une jolie place, comme sur "Suburban Song" et les trois parties de six-cordes enchevêtrées de son introduction.

Mais celui qui me satisfait ici, c'est Nils ! Le vocaliste, qui avait pu paraître fatigué pour certains il y a trois ans a retrouvé toute sa verve, et surtout ne refait pas l'erreur d'occuper l'espace sonore à qui mieux-mieux. Ici il laisse de la place aux plages instrumentales des morceaux, et surtout, il ne se cantonne pas au chant hargneux Dio-esque, pour révéler (à ceux qui ne l'ont pas connu dans ses anciens projets) une versatilité intéressante, avec notamment un registre médium bien plus suave qu'attendu, qui peut faire se demander même si un guest ne s'est pas aventuré par là.

"Black-Eyed Children", en plus d'avoir le bon goût de bien mener sa pièce finale de plus de huit minutes (difficile à conclure ces affaires-là parfois), se révèle parfaitement digeste, sans entasser les titres pour remplir à tout prix un CD, et grand bien nous en fasse, l'écoute agréable de ce disque de travailleurs sérieux et motivés aurait pu s'en trouver émoussée.