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- Style : Delain
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TARJA - The Shadow Self (2016)
Par DARK BEAGLE le 30 Décembre 2016          Consultée 6119 fois

Depuis son éviction de chez NIGHTWISH, Tarja Turunen aura fait son chemin en solo. On ne va pas parler de ses albums de musique sacrée ou de Noël pour se consacrer à ceux qui se rapprochent le plus de son parcours initial au sein de la grande famille du Metal. "My Winter Storm" était timide, étrange et parfois épuisant, "What Lies Beneath" dessinait les frontières d’un univers qui lui était plus personnel et "Colours In The Dark" était une véritable invitation au voyage. Elle n’a pas fait deux fois le même album et pourtant tous ont le même défaut : ils sont tous très irréguliers au niveau de la qualité. "The Shadow Self", nouvelle offrande de la belle, précédé par l’EP "The Brightest Void", va-t-il briser cette malédiction ?

"The Shadow Self" se mérite. Il est décevant aux premières écoutes, il faut lui donner du temps, le laisser reposer, comme un vin qui doit décanter pour libérer toute ses arômes. Si on ne fait pas cet effort, ce disque, c’est du Beaujolais Nouveau, sauf qu’il ne vous trouera pas l’estomac. À la première écoute, on ne retient pas grand-chose de l’ensemble, si ce n’est le premier morceau, "Innocence", qui se détachera de toute façon. C’est normal. C’est un excellent morceau.

"Innocence", c’est une introduction au piano, magnifique, avant toute chose. Tarja nous rappelle que si elle est une grande chanteuse (pas par la taille, mais bon, tout le monde ne s’appelle pas Floor Jansen), elle maîtrise également le piano et le prouve de bien belle façon en écrivant une belle pièce jouée par Izumi Kawakatsu. On se laisse prendre immédiatement et quand cela commence à s’énerver quelque peu, on ne perd pas au change. "Innocence" est tout en subtilité, entre ombre et lumière, mais toujours avec beaucoup d’éclat. Et que dire de plus ? Ah si ! Difficile de passer après un tel morceau, qui n’aurait pas démérité sur un album de NIGHTWISH de la grande époque. Et forcément, le reste de l’album va tout d’abord faire pâle figure à côté.

Aussi, les autres titres vont avoir du mal à s’imposer. Et ils ne le feront pas, pas de manière aussi singulière qu’Innocence. D’où la déception première et légitime à l’écoute de "The Shadow Self". Pourtant, certaines de ces compositions se sublimeront à mesure que l’on revient sur ce disque. Qu’est-ce que tout semble morne et plat ! Même Tarja semble s’effacer quelque peu, on ne retrouve pas la force de sa voix comme d’habitude, elle chante de façon beaucoup plus posée ici. Elle pousse moins et au début, c’est un peu décevant. Elle s’est fait connaître pour sa puissance vocale, ici elle se place presque au niveau de la concurrence.

N’y voyez pas un constat amer d’une scène qui a trop vécu. Mais il faut bien l’admettre ; Tarja fait partie de ces chanteuses qui sont au-dessus du lot, avec quelques-unes de ses suiveuses directes comme, ironie du sort, Floor Jansen, qui elle se trouve complètement sous-exploitée. Aussi, l’entendre se restreindre peut être frustrant, même si elle laisse toujours une part belle au style lyrique. Mais Tarja sait toujours transmettre des émotions, même si parfois cela peut sembler un peu creux. Les chansons, même les reprises, lui appartiennent ici, elles sont une part d’elle et elle y insuffle la vie.

Et donc, à mesure que les écoutes s’enchaînent, de nombreuses compositions arrivent à maturité. On assiste alors à l’éclosion de quelques fleurs magnifiques ; pas aussi pures que "Innocence", bien sûr, la barre était placée très, trop haute. La première qui vient à l’esprit, c’est "Diva" ; un titre un peu étrange, qui tire vers le celtique, avec ce qu’il faut de nuance pour sortir réellement du lot. Une très bonne note, donc, tout comme pour "Too Many" qui ferme le show. Il ne faut pas se laisser leurrer par les douze minutes et des poussières affichées au compteur, elle comprend une hidden track qui oscille gentiment entre rythmiques Thrash et beats Electro (la tasse de thé de Tarja en somme). "Too Many" se veut plus sombre, un peu plus ambitieuse au niveau de la construction, avec un final entêtant qui se veut très séduisant.

On retrouve aussi "No Bitter End" et "Eagle Eye" que l’on pouvait déjà jauger sur l’EP "The Brightest Void". Ces deux morceaux ne sont pas mauvais. Le premier souffre d’une certaine banalité, comme cela a déjà été mentionné (hop, c’était la seconde auto-promotion). Des morceaux pareils, la belle en fera encore bien, avec un riff efficace, des couplets efficaces, un refrain efficace, un petit solo efficace et une interprétation efficace. Banal, quoi. La seconde est gentillette, elle ne fait pas tâche, elle n’apporte pas grand-chose et ne retire rien à l’ensemble.

Mais le miracle n’aura pas eu lieu. La malédiction est toujours là, présente. L’album est pas mal. Juste bon. Il aurait pu être meilleur, sans quelques petits inconvénients qui auraient pu être évités. Déjà, il y a l’épineuse question de la reprise. "Supremacy" de MUSE. Sérieux quoi… Tout ce qu’elle pouvait faire dessus se voit à des kilomètres et du coup, il n’y a aucune surprise. En fait, il faudrait que Tarja arrête ce genre d’exercice qui ne lui réussit guère. Enfin bon, si ça lui fait plaisir… Autre titre prévisible, "Calling From The Wild" est relativement frustrante également et sonne comme du remplissage pas bien finaud. Quant à "Demons In You", en compagnie de Alissa White (ARCH ENEMY), chacun se fera son avis. Certains adoreront, d’autres détesteront. On se retrouve face à un parpaing glissé dans un gant de velours ; dans la tronche, ça fait quand même mal et si cela peut paraître bizarre aux premières écoutes, il y a quand même du potentiel dans ce titre.

Tarja, loin de NIGHTWISH, ne connait plus la même réussite, ni la même popularité. Pourtant, à bien y regarder, elle porte plus ou moins l’héritage de son groupe formateur, qui a depuis viré à la grosse machine commerciale, vendant ce qui lui restait d’âme au profit d’une popularité qui va en grandissant. Tarja, elle, a su garder son âme et sait donner une personnalité à ses albums, quelque chose qui fasse elle et pas succursale de Disney. Ce qui lui manque ? Un compositeur de la trempe de Tuomas Holopainen, qui arriverait à capter la personnalité de Tarja et qui parviendrait à l’embellir. Là, on aurait certainement droit à un vrai grand disque de la part de la belle.

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Par DARK BEAGLE




 
   DARK BEAGLE

 
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- Tarja Turunen (chant, claviers)
- Alex Scholpp (guitare, basse)
- Julian Barrett (guitare)
- Tim Palmer (guitare, claviers)
- Jim Dooley (guitare)
- Kevin Chown (basse)
- Doug Wimbish (basse)
- Mike Terrana (batterie)
- Chad Smith (batterie)
- Fernando Scarcella (batterie)
- Anders Wollbeck (claviers)
- Christian Kretschmar (claviers)
- Guillermo De Medio (claviers)
- Izumi Kawakatsu (piano)
- Max Lilja (violoncelle)
- Toni Turunen (chant - guest)
- Alissa White (chant - guest)


1. Innocence
2. Demons In You
3. No Bitter En
4. Love To Hate
5. Supremacy
6. The Living End
7. Diva
8. Eagle Eye
9. Undertaker
10. Calling From The Wild
11. Too Many



             



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