Je reécoute "Call Yourself A Friend" et je ne parviens pas à comprendre pourquoi "New Horizon", quatrième album de THE ANSWER, n'a pas mis tout le monde d'accord. Les commentaires sur la chronique l'attestent, cet opus des Irlandais n'a pas particulièrement trouvé grâce à vos oreilles, alors que mes modestes tympans de chroniqueur y voyaient l'aboutissement de la carrière déjà longue du quartet. Au moment d'aborder son successeur, "Raise A Little Hell", je me retrouve donc un peu con. Car celui-ci a semble-t-il trouvé bien plus facilement son public, en renouant avec les racines blues-rock du groupe. Pour autant, il me semble bien moins abouti que son prédécesseur, la faute à quelques facilités et une identité moins marquée. Pas d'accord ?

"Long Live The Renegades", avec son riff et son ambiance à la ZZ TOP ("Gimme All Your lovin'") débute pourtant l'album d'une manière plutôt convaincante. Mais, sans tarder, l'album s'engonce d’apparats bluesy qui, désireux de retrouver les bonnes vibrations des deux premiers albums, n'ont ni la fougue ni l'énergie des morceaux-fondateurs. "The Last Days Of Summer", qui repose intégralement sur un riff gras et syncopé joué en boucle, n'offre que peu d'intérêt, de même que "Red", illustré par un clip enfumé, dont on ne retient pas grand chose passé le plaisir immédiat de l'écoute. "I Am What I Am", avec son riff largement influencé par le groupe d'Angus Young (une tournée commune n'y est sans doute pas pour rien), est symptomatique d'un album sur lequel THE ANSWER fait preuve d'un savoir-faire évident, mais se débarrasse de toute envie d'expérimenter et de varier son propos, ce qui faisait pourtant tout le sel de sa réalisation précédente.

Il y a des morceaux de grande qualité, bien sûr, et le chant éblouissant de Cormac Neeson n'a de cesse de faire des étincelles. "Aristocrat", à prendre comme un hommage à WHITESNAKE, constitue un très bon moment, tout comme la jolie ballade "Strange Kinda Nothing", dotée de délicates harmonies vocales, qui en font un titre un peu innocent, vraiment inoffensif. C'est surtout "Whiplash", plus alambiqué et varié, qui constitue à mon sens la clé de voûte d'un album par ailleurs dénué de l'audace de son glorieux prédécesseur.

A écouter ce que le groupe nous réserve pour sa cuvée 2016, "Raise A Little Hell" est à envisager comme un album de transition, un regard en arrière furtif avant de foncer, tête baissée, vers de nouveaux horizons. Reste un album certes réussi, mais doté d'une force de frappe bien moindre que celles des opus qui l'ont précédé.