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DIE APOKALYPTISCHEN REITER - Tief. Tiefer (2014)
Par CANARD WC le 17 Septembre 2014          Consultée 2972 fois

L’allemand est une belle langue, taillée pour notre musique avec ses « r » qui roulent des pelles, ses consonnes qui vous menacent et ses syllabes intimidantes. En France, d’un point de vue aussi bien historique que culturel, nous avons une vision déformée de cette langue. L’allemand est « naturellement » impopulaire, elle nous rappelle les « boches » et à chaque fois qu’on voit les gros allemands joufflus crier dans « La Grande Vadrouille », on a tous envie de rigoler.

« Ja, ja da ist verboten nein meine fraulein du bist eine grosse schlasse »

Etc. etc.

Faites-moi plaisir, un jour prenez le temps de lire « Les souffrances du jeune Werther » dans le texte, lisez-le à haute voix comme pour laisser les mots s’envoler et revenez ensuite me dire que l’allemand pue du cul. Et puisqu’on parle de cul, avez-vous déjà entendu une allemande tenter de parler français ? Irrésistible, mais je m’égare de l’Est (la super forme, je tiens).

Donc l’allemand est une langue magnifiquement taillée pour le Metal, suffit d’écouter n’importe quel bon groupe du coin pour s’en convaincre, des groupes comme DAS ICH, OOMPH! ou RAMMSTEIN. RAMMSTEIN, tiens. Le seul groupe schleu à ce jour à avoir réussi à s’exporter comme un souvenir de vacances un peu original, à déborder même un peu des frontières de l’Europe.

Dans son ombre, il y a DIE APOCALYPTISCHEN REITER (DAR), le turbulent modèle, très vite respecté pour sa fougue, le contre exemple « pas commercial » au modèle « RAMMSTEINien » qu’on s’est brandi entre hardos pour que l’allemand en Metal ne se conjugue pas qu’à un seul groupe. Alors DAR a fait son petit bonhomme de chemin, un peu à l’écart, dans les profondeurs d’un Metal qui laisse le péquin lambda au bord de la route. Parce qu’un album comme "All You Need Is Love" est si totalitaire, si fougueux qu’on ne peut l’aimer qu’à la condition préalable d’avoir capté quelque chose au Metal le plus extrême. Alors que "Sehnsucht", non.

Mais DAR a évolué, une évolution qui a commencé voilà presque dix ans. Depuis "Riders..." (selon mon analyse), il n’est plus tout à fait le même. Le groupe a abandonné quelque chose en route pour aspirer à une musique différente, moins « trublion », plus riche dans la diversité et surtout moins violente. Alors les albums ont continué de s’enchaîner au même rythme, de plus en plus étranges, aventureux, lisses. DAR s’est progressivement éloigné de son modèle originel pour évoluer vers un autre style. Dix ans de recherche, avec "Tief", ils ont trouvé la formule.

"Tief" fera date dans l’histoire du groupe, comme le pivot essentiel entre « avant » et « après ». Ce n’est pourtant pas un grand album (il est même à peine bon : trop hétérogène, inspiration à géométrie variable), mais il est si important qu’il vous faudra l’écouter avec beaucoup d’attention pour comprendre cette évolution, le désir du groupe d’aller ailleurs. "Tief" est la ligne d’arrivée au-delà de laquelle DAR ne sera plus jamais le même groupe, un album après lequel on peut se laisser à espérer un second souffle, voire un nouveau groupe.

Tout ce que fait DAR dans "Tief", on savait, on connaissait la chanson. Le coup du piano, les synthés pour chercher de l’émotion dans les recoins les plus improbables ("Wo Es Dich Gibt"), cette façon de se dandiner n’importe comment ("Was Bleibt Bin Ich") ou de miser sur les ambiances plus calmes, un rien éthérées ("Ein Lechtes Mädchen")… DAR tente presque tout juste après avoir ouvert son album avec son titre le plus turbulent ("Freiheit") – presque clichesque pour le groupe – puis de flirter avec une espèce de « Dance Metal » décadente ("Wir"). Leur faculté à passer du tout à rien est sans doute la plus grande faiblesse de l’album, mais témoigne d’une richesse bien rare de nos jours. Forcément, à trop étreindre on roule des pelles de travers, comme sur ce "Die Welt Ist Tief" aux allures de SYSTEM OF A DOWN un peu raté ou ce "Ein Vöglein" tout de piano vêtu, aussi gonflé que déroutante. Quoiqu’il en soit, sur "Tief", DAR continue de faire du Metal, bien à lui, différemment des autres et sans forcément hurler à plein poumons. Pour ceux qui hésiteraient encore à jeter une oreille, il y a "Es Wird Nacht". Un titre venu d’ailleurs, impeccable, la synthèse de ces dix ans d’évolution. Un zest d’émotion, l’agressivité est parfaitement dosée : changez rien, sur ce titre, on a les réglages parfaits.

La nuit tombe ("Es Wird Nacht"), un nouveau jour va se lever.


"Tief" est peut être l’album le plus important de la carrière de DAR, l’album du « bout du chemin ». Peu importe ce qui arrivera après, le simple fait d’avoir réussi à mener à terme cette évolution, sans tomber dans la caricature d’un RAMMSTEIN, mérite le respect. Donc l’écoute, forcément.


Note : 3/5 (mais qui vaut beaucoup plus)


Morceau préféré : "Es Wird Nacht".

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   (2 chroniques)



- Volk-man (basse, screams)
- Dr. Pest (claviers)
- Fuchs (vocaux, guitare)
- Sir G. (batterie)
- Ady (guitare)
- -
- Matthias Fleige (trombone sur 3,8 cd2)
- Uwe Berning (trompette sur 3,8 cd2)
- Chrigel Glanzmann (flûte sur 7 cd2)
- Constanze Sannemüller (violon sur 6,7,8,9 cd2)
- Adrain Bleyer (violon sur 6,8,9 cd2)
- Valentin Alexandru (violon alto sur 6,7,8,9 cd2)
- Thomas Schmitz (violoncelle sur 6,8,9 cd2)
- Jan Schwers (claviers additionnels)


1. Freiheit, Gleichheit, Brüderlichkeit
2. Wir
3. Wo Es Dich Gibt
4. Was Bleibt Bin Ich
5. Ein Leichtes Mädchen
6. Ein Vöglein
7. Es Wird Nacht
8. Die Wahrheit
9. 2 Teufel
10. Die Welt Ist Tief
11. So Fern



             



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