"Tief", comme un sentiment d'évidence. L'évidence que, nous n'allions pas y couper, DAR allait finir par proposer un album déstabilisant au lieu d'étrangement épanouissant. Nourri de ses voyages aux quatre coins du monde, le groupe a composé l'essentiel des morceaux de cet opus en tournée, coupant géographiquement autant que musicalement de son univers habituel.

L'album n'a, c'est une évidence, que peu d'attraits si on le compare à ses glorieux prédécesseurs, faits d'un Metal délicieusement barré. Le groupe conserve sa personnalité (les grunts de "Wir" rappellent d'ailleurs l'époque "Allegro Barbaro"), mais le manque de présence du piano, pourtant élément essentiel de l'identité DAR (ce dernier ne fait son apparition que sur le troisième morceau) et la présence de plages contemplatives peu inspirées ("Ein Vöglein") ne jouent pas en la faveur de "Tief". Reste une quantité tout de même honorable de bons morceaux (dont "Die Welt ist Tief", proche des intonations d'un SYSTEM OF A DOWN) pour se convaincre que DAR est toujours capable du meilleur.

"Tiefer", où la déconstruction, façon teutonne. DAR, sur ce deuxième album qui complète l'ensemble, décide de revisiter 9 titres de son répertoire. Le résultat est grandiloquent, surprenant, et audacieux ! "Terra Nola", qui devient une longue mélopée symphonique, "Friede Sei Mit Dir" qui devient un folk enjoué, ou "Das Paradies", dont l'émotion brute est renforcée par un travail d'approfondissement mélodique, sont autant de bel surprise sur cet album-bonus qui permet essentiellement à DAR d'affirmer sa nouvelle personnalité. L'ensemble constitue une sortie étrange, qui attise la curiosité quant à l'avenir du groupe, que l'on espère néanmoins plus inspiré et direct sur ses prochaines réalisations.