Lentement mais sûrement, à l’image d’un CARACH ANGREN, CHTHONIC s’est progressivement fait un nom et une place dans le giron Black Metal. Grâce à son origine et sa patte traditionnelle qu’il exploite à fond, le groupe taïwanais, porté à bouts de bras par Freddy Lim, sort déjà son septième opus, avec pour objectif d’apporter un nouveau souffle, "Takasago Army" montrant malgré ses qualités intrinsèques, un manque de renouvellement dans la musique de CHTHONIC.

Et si en fait CHTHONIC avait trouvé son style ? Je dirais que c’est plutôt ça qui ressort de l’écoute de "Bú-Tik". "Seediq Bale" a posé les jalons, et depuis, le groupe n’a fait que s’enrichir musicalement, et financièrement. Avec désormais les moyens de se procurer une bonne prod épaisse digne des cadors, CHTHONIC joue depuis l’opus de 2011 dans la cour des grands à tous les niveaux et s’offre des invités pour arranger son Black Sympho.

Ce nouvel opus, sorti comme ses prédécesseurs en deux versions, l’une en chinois et l’autre en anglais témoigne d’une maîtrise évidente du discours musical. Si CHTHONIC a laissé filer depuis longtemps les longues épopées (un peu longuettes bien souvent), il est toujours en croisade, et mêlé à l’agressivité des vocaux de Freddy Lim, dont la vindicte ne fléchit toujours pas, les morceaux s’avèrent toujours surprenant de variété et de versatilité. Des titres comme "Resurrection Pyre" ou "Rage Of My Sword" sont impitoyables et viendront à n’en pas douter grossir les setlists live du groupe avec efficacité.

En outre, c’est particulièrement cette batterie bien mise en valeur (quel boulot de Dani Wang) et le subtil enjolivement sonore amené par les claviers et les divers instruments traditionnels qui créent l’ambiance de "Bú-Tik" car si les guitares sont bien grasses comme il le faut, elles se contentent globalement de bourriner les cordes graves sans trop riffer. Le résultat est probant, particulièrement sur ce définitif "Defenders Of Bú-Tik Palace" où le shehnai (sorte de hautbois indien) vient se mêler à la guitare lead et l’ehru, un peu moins mis en avant que sur les précédents albums chanter sa mélodie plaintive sur fond de double grosse caisse galopante.

"Bú-Tik" est aussi l’album des intros : chacune d’elles se fait percutante et accrocheuse d’entrée, à l’image du thème folkisant introduisant "Sail Into Sunset’s Fire" qui vous donne envie d’envahir la Corée, ou encore des arpèges de clavier horrifiques de "Supreme Pain For The Tyrant" qui rappellent les anciens travaux des Taïwanais. En outre, les compos de ce nouvel opus sont toutes d’un excellent niveau et certaines mêmes ("Rage Of My Sword", "Defenders Of Bú-Tik Palace" au chant féminin finement glissé) s’avérant de véritables pépites de Black Symphonique, dignes de l’héritage laissé par un DIMMU BORGIR que CHTHONIC tend à évoquer par instants.

En résumé, CHTHONIC est une valeur sûre désormais et on peut compter sur lui quand il va s’agir de citer une formation Black Sympho des années 2010 qui cartonne. Un grand bravo à ce CHTHONIC mature… Et si possible procurez-vous la version taïwanaise (disponible dans un beau digipack qui plus est), la langue chinoise apportant une plus-value non-négligeable à l’atmosphère de l’album.