Après un premier single plutôt convaincant, ("深耕/Deep Rising"), est avant de se consacrer à la mise en œuvre de son premier opus, CHTHONIC décide de sortir une nouvelle demo (la pratique de multiplication des sorties est extrêmement répandue au Japon, et certains groupes comme D’ESPAIRS RAY par exemple, disposent d’une discographie de maxi singles bien supérieure au nombre d’albums studios). Ce "夢魘/Nightmare", précédant de quelques mois la sortie de l’album, ne sera d’ailleurs pas sur "Where The Ancestors’ Souls Gathered". Dommage ? Pas vraiment en fait.

Si "Deep Rising" avait avec sa structure Heavy Metal su séduire par sa cohérence et son efficacité, "Nightmare" avec ses cris de damoiselle en détresse évoquant le cinéma d’horreur de série Z démarre sur une ambiance toute autre. Déjà le son est roots mais honorable pour une démo. On ressent d’entrée la volonté d’insérer dans le morceau tout ce qui peut passer par la tête des musiciens et si le refrain pourrait avoir un truc malgré sa platitude (on le retient pas trop mal soyons honnêtes), les cris de Freddy Lim semblent être lancés en mode aléatoire et n’apportent pas grand-chose à la sauce. L’analyse est pourtant intéressante car on peut repérer que le groupe ne se fige ni sur le chant extrême ni sur le chant clair, dans lequel Freddy Lim est d’ailleurs plus qu’approximatif. L’idée d’ajouter une harmonie vocale sur le refrain était sans doute une bonne idée mais le chant sonne de fait encore plus faux !

Les riffs sont mordants en revanche, bien que le son (très compressé, comme l’ensemble du morceau d’ailleurs) ne permette pas d’en prendre la pleine mesure. Le chant en mandarin pourra aussi décontenancer quand on y est pas habitué mais au moins il est original (enfin pour nous Européens, il l’est forcément). On peut surtout percevoir le goût de CHTHONIC pour les structures moins évidentes, le morceau se renouvelant en son milieu par l’intermédiaire d’un pont qui nous amène une appréciation différente du couplet : inventif et finement joué. En revanche le chant s’avère d’une manière générale très vite insupportable… Mais il en est de même pour les cris porcins de Freddy Lim qui semble-t-il prend un malin plaisir à éructer (il suffit de se remettre sur le final).

Bref tout cela sent l’amateurisme flagrant (d’autant que la mise en place est loin d’être parfaite, en particulier le riff final qui traîne alors que la batterie continue sa marche en avant) et cette énergie n’est pas du tout communicative car absolument pas canalisée. Et si tout combo débutant peut avoir le bénéfice du doute, difficile d’entrevoir le groupe qui accouchera de "Seediq Bale".