Cette fois-ci, TAGADA JONES n’aura pas fait attendre longtemps ses fans pour publier son deuxième album. "Virus" arrive rapidement dans les bacs alors que le groupe est en pleine phase ascendante grâce au succès de "Plus de Bruit" et surtout aux concerts incessants. Une émulation se crée, et nos 4 musiciens comptent bien en profiter et continuer plus que jamais à faire du bruit. "Virus" est donc un album important devant confirmer tous les espoirs placés en eux. Hélas, ce bouzin est loin de tenir toutes ses promesses et le groupe en a parfaitement conscience : dès sa sortie, Niko faisait preuve d’un certain scepticisme à son égard et le considère aujourd’hui comme leur moins bon disque, et il a raison.

"Virus" a pas mal de points commun avec "Marche Ou Crève" de TRUST : des textes très portés sur l’actualité (notamment internationale), une musique qui se durcit encore un peu plus, et une production qui semble un peu bâclée. La différence entre les deux groupes c’est que TRUST avait maintenu un très haut niveau de qualité, ce qui n’est pas vraiment le cas des TAGADA JONES.

Qu’est ce qui ne va pas dans cet album ? Déjà, le son. Ça peut paraître étrange de s’attarder sur la qualité sonore pour un groupe issu de la scène Punk mais là ça gène quand même pas mal. Se voulant pourtant plus clairs que sur "Plus de Bruit", les instruments ne dégagent pourtant aucune ampleur, la basse surtout, presque inaudible hormis quelques intros et break. Le chant de Niko semble même parfois un peu bizarrement mixé. Pour résumer, l’album sonne platement, tout simplement. Ce qui minimise forcément la puissance et l’impact des compos et finit par rendre l’ensemble assez chiant à écouter.

Les défauts ne s’arrêtent bien sûr pas qu’au son. Niveau compos, l’album a pas mal de faiblesses. D’une manière générale, il s’inscrit dans la continuité directe de "Plus De Bruit", avec encore un peu moins de Punk et plus de Hardcore. Il est également indéniable que l’influence Metal pèse sur cet album, ce dernier se voulant un poil plus carré et technique qu’auparavant. En revanche, les semblants de soli se font désormais plus que rares.
L’album débute cela dit plutôt bien avec les très honnêtes "Chile" (petit frère de "La Junte" de TRUST ?) et surtout "Émeutes". Mais d’autres titres peinent vraiment à décoller, surtout sur la fin d’ailleurs : la triplette "Les Temps Changent", "Mes Péchés", "Rouge" constituant un véritable ventre mou, timidement corrigé par les 2 morceaux finaux.

Heureusement, les TAGADA JONES ne sont pas non plus au bout de l’inspiration et c’est avec ses morceaux les plus Punk qu’ils parviennent une fois de plus à convaincre. Car bien que moyen dans l’ensemble, Virus contient deux tueries que sont le très Punk Mélodique "Léonard P." (bon texte au passage, qui évoque le cas d’un prisonnier politique amérindien) et le radical "Marginal" qui laisse la part belle aux chœurs. Ce dernier titre n’est d’ailleurs pas sans point commun avec le morceau "Marche Ou Crève" (décidément !) de TRUST : il reprend plus ou moins l’idée du couplet avec les lignes de chant qui s’enchevêtrent. C’est une fois de plus rudement efficace en tout cas.

Les TAGADA JONES ne sont donc pas totalement cramés, loin de là, mais on aurait pu espérer largement mieux. Il semble évident qu’à l’avenir ils devront un peu remettre leur musique en question pour progresser. Ce que le groupe comprendra parfaitement, tirant parti de cet échec. La tournée qui s’en suivit fut également un succès, comme quoi les fans ne leur ont pas trop tenu rigueur des faiblesses de "Virus".