Mon sentiment envers cet album est assez contradictoire. C'est étrange cette impression inhabituelle qui m'habite lorsque je me lance dans cette tâche périlleuse qui est de mettre en mots ma pensée au sujet de ce second album de KYLESA. Album pas mauvais cela dit, mais qui perd beaucoup de son intérêt à cause de 3 tubes. Laissez-moi vous expliquer.

Trois ans après un très bon album passé inaperçu (une prod crade, des compo frontales… pas forcément les meilleurs ingrédients du succès), KYLESA revient avec un dénommé "To Walk A Middle Course". Alors que le triple chant est toujours bel et bien de la partie avec un nouveau bassiste, Corey Barhorst, qui remplace le défunt Brian Duke (RIP), le son a bien changé et la prod se fait plus claire. On sent le groupe qui a le cul entre deux chaises : une envie de tout casser en mode Crust mais aussi ses attirances pour ce que l'on appelle souvent trop rapidement le "psychédélisme" (comprendre par là, moments plus calmes, mystérieux et "planants").
En effet, le groupe varie pas mal sa recette tout au long de l'album. Les effrénées "In Memory" et "Bottom Line" se mêlant aux plus ambiancées "Welcome Mat To An Abandoned Life" et "Crashing Slow", et aux galopantes "Fractured" et "Shatter The Clock". Un titre comme "Phantoms" pourrait se targuer de réunir à peu près tous les éléments de ce disque : intro assez calme et emplie de sonorités mystérieuses ("psychés") avant que les grattes ne se fassent plus incisives et cadencées afin que l'impact soit maximal. Puis retour à des guitares plus légères pour clore et se fondre dans l'outro reposante.

Bon, jusque là, rien de grave me diriez-vous. Tout ça paraît bien attrayant. Cela dit, cet album a un défaut "majeur" : le fait de contenir trois chansons assez énormes qui occultent totalement les sept autres morceaux. Ces derniers, bien que d'une qualité moindre, sont majoritairement de bons moments, la recette a juste du mal à prendre puisqu'elle souffre de la comparaison avec des titres tel que "Shatter The Clock", véritable perle de cet opus. Cependant, la majorité des morceaux sont bien foutus, bien construits. Une écoute de l'album, privée des pistes "In Memory", "Bottom Line" et "Shatter The Clock" (les fameuses bombes), est agréable, certes, mais bizarrement une impression de banalité, de répétitivité en ressort. On relèvera également que peu de titres font vraiment mouche ("Phantoms" et "Motion And Presence", sûrement les deux titres de l'album proposant une gamme de sonorités assez étendue). On posera surtout un petit bémol sur "Train Of Thought" et sa furie finale assez mal amenée, le résultat nous laissant interrogateur, dans l'incompréhension…

KYLESA reste fidèle à lui-même, un groupe qui veut en découdre, mais donne trop l'impression d'hésiter, de ne pas savoir par où aller. Là où le premier opus était franc et rageur, ici la jeune troupe se voit déchirée entre deux orientations musicales, deux choix à faire. Ce qui s'ensuit est un résultat assez inégal et déroutant... Quand en plus trois folies furieuses viennent descendre tout le reste des morceaux d'un cran dans l'échelle de la prise de plaisir immédiate et égoïste, bah... ça ne fait que creuser le fossé.

Bon, ce serait bien de conclure au lieu de s'éterniser… KYLESA revient avec une seconde galette ma foi fort agréable mais totalement dominée par trois titres explosifs et prenants d'un bout à l'autre. Ce qui restreint l'intérêt du reste de l'album. Mais bon, je le répète, ceci n'est pas un échec, au contraire car la bande à Cope nous pond trois de ses meilleurs morceaux, juste une question de "dosage".


Note réelle : 3,5/5.


These are no longer childish promises. Nor the hope of escaping old age or death.