"We are more like a mixture of fashion & booze"

Traduction : "Nous sommes plus un mélange de mode et d'alcool". Voilà ce que m'a répondu le groupe lorsque je lui ai demandé si ma vision de leur musique était erronée. Autrement dit, s'ils se voyaient eux aussi comme une sorte de d'accouplement sauvage entre les groupes EYEHATEGOD (EHG) et KYLESA. Cela dit, je dois bien l'avouer, étant très têtu je garde sincèrement en tête cette vision des choses.

Vous allez me dire que c'est assez étrange, voire même "osé", d'imaginer que deux groupes si éloignés dans leur son tels que EHG et KYLESA (1ère période il faut bien le préciser) peuvent se retrouver ainsi mixés, mélangés, malaxés à l'envi. Rappelons pour les néophytes qu'EHG c'est la crasse, la moisissure qui couvre le bras du cadavre que tu transportes, mais aussi le groove, les riffs sabbathiens et le whisky ! D'un autre côté, le KYLESA de la première période est beaucoup plus dynamique et crust punk dans l'esprit. Le genre de truc qui te pète une dent, mais tu continues de sourire comme un con ensuite tellement c'est bon.
Là est la difficulté : comment marier l'ivrogne avec la punk enragée ? HERDER, avec son premier album (éponyme), a la solution pour nous ! Un sac de riffs savamment construits afin de nous mettre au tapis dès le début de la galette, un chant éructé relativement polymorphe mais qui reste majoritairement dans le camp d'un Phillip Cope et non d'un Mike Williams glaireux. Et surtout, une patate d'enfer ! Ce CD vous explose à la face comme de la dynamite et ne vous lâchera pas d'une semelle tellement ce qu'il donne à entendre est addictif !

On commence tranquillement afin de rentrer dans le bain avec une première piste "F.O.A.D" (ce qui signifie "Fuck Off And Die", oui, ça fait toujours plaisir d'entendre ça) instrumentale débutée par un spoken world samplé. Les premiers riffs ne mettront pas longtemps à se faire entendre et l'influence des deux groupes cités plus haut se fait ressentir dès la première minute d'écoute. Sans nous laisser le temps de respirer, déboule l'énormissime "Wasted". LE hit de l'album ! Tout y est : le refrain KYLESesque, le chant totalement fou et les riffs plombés que l'on pourrait rapprocher d'un EHG qui se serait fait polir les angles. Un vrai moment de bonheur pour le fan de musique plombée, en somme.
Néanmoins, HERDER sait aussi se faire plus furieux et rapide ("Come Now Fire" ou les excellentes "Heading South" et "Sons Of Thunder") ou plus "tempéré" ("The Foul Year") tout en restant furieusement fédérateur.

Musicalement, on pourrait cataloguer HERDER dans le Sludge Metal avec grosse louche de Stoner Metal dans sa recette. D'ailleurs fait assez rare dans les genres sludgesques : la présence de soli ! Extrêmement jouissifs de surcroît et qui savent insuffler une dose d'énergie à l'ensemble.
Le groupe allant même jusqu'à se permettre quelques petites fantaisies telles que l'ajout de chœurs fantomatiques au début de la chanson "We Shall All Suffer From What The Gods Have Given To Us" avant que le chanteur ne fasse son entrée, bien en retrait lui aussi dans le mix. Titre de 5 mins quand même mais que je vois plus comme un interlude permettant de nous reposer en attendant la déferlante finale des quatre dernières pistes !

Au final, HERDER nous propose un disque que l'on peut s'écouter à l'envi. Je suis déjà à plus de 10 écoutes et pas l'ombre d'une lassitude à l'horizon. Autre point : même si leur son est relativement original dans le genre, les influences musicales se ressentent pas mal. Un virage vers un son plus personnel tout en gardant cette pêche énorme dont le groupe est doté ne ferait pas de mal. Cela dit, mon conseil est le suivant : jetez-vous dessus !

Note réelle : 3,5/5. Arrondie au dessus parce que ça fout une PUTAIN DE PÊCHE !!