C'était bien. Avant. Taguer les casiers des profs. Y écrire "HERDER IS HARDER" en lettres capitales. Slogan noir sur casier blanc. Indélébile. C'était bien. Les douches à la bière au petit matin et les parties de strip poker, couilles à l'air mais chemises encore boutonnées, jusqu'à pas d'heure, bouteilles de Jack Daniel's en soutien des troupes. C'était bien. Faire péter la décap' un après midi et blaster le voisinage avec notre album en faisant des doigts d'honneur aux grands-mères. C'était même très bien. Ah et j'oubliais les p'tits culs, mais ça... ça c'était plus que très bien.

Ah ouais mais tout ça. C'était avant.

Je m'empresse peut-être de sortir les grandes tirades pour un malheureux EP, peut-être une simple envie de s'égarer, faire péter le feu d'une manière différente à défaut d'être renversante ou, pour garder la rime, extravagante, innovante. Néanmoins une chose est sûre, HERDER ne fédère plus autant qu'avant. Normal me diriez-vous, HERDER s'alourdit. Il s'appesantit, pour être précis. Insistant de tout son poids sur chaque note, comme s'il nous écrasait sous une masse, le groupe n'a malheureusement pas trouvé vêtement à sa taille. Là où "F.O.A.D" ouvrait le premier album en nous emmenant dans une virée infernale à bord de la voiture des enfers, le sobrement intitulé "Intro" nous martèle les joues tout en faisant beaucoup de bruit (la fameuse horreur du vide mentionné dans le titre de l'album). Chaleur infernale bonjour. Malheureusement pas acoquiné avec ce quelque chose qui remporte l'adhésion et fait taper du poing sur la cuisse (je ne réponds pas de mes actes en concert si je les vois un jour cela dit).

Tout le reste de l'album n'est que chaleur infernale mâtinée de gros riffs bien gluants qui collent aux gencives. On aimerait clairement lever les bras en criant les "I will find my way home ! And I will never be alone !" de "Feet Eager To Run To Evil", s'emporter comme un beau diable à chaque tremblement de terre causé par les effondrements des guitares, cependant le tout manque atrocement de dynamique et se trouve être bien trop linéaire. Les morceaux défilent globalement sans que nous ne sourcillons, baignés dans une torpeur graisseuse qui contemple une bande de dingues qui veulent se la jouer grands méchants loups avec leur gros méchant son, toute basse dehors. Parce que la basse c'est moderne. Parce que la basse ça sert à te ramoner le ciboulot. De cet élan un peu informe on ressortira la courte "Stoned To Death", seul prise de vitesse où ça riffe convenablement et où ça se sort un peu les doigts du derrière, sans se contenter de nous bourrer les tympans d'un magma sonore.

HERDER n'est tout de même pas définitivement enterré. Après tout, un petit EP n'a jamais fait de mal à personne et, au fond, derrière toute cette débauche d'énergie au faible rendement, bah on sent que les gars ont encore cette rage de tout péter mais préfèrent le faire au bazooka qu'à la batte de baseball, qu'ils préfèrent rouler en Hummer qu'en Muscle-Car Les petites frappes pensent pouvoir faire des gros casses. C'est peut-être le cas les gars, mais j'vous préférais en délinquant de quartier qui va maraver des 4L la nuit tombée.