Après avoir sorti deux albums assez différents, un premier teigneux, lourd et frontal, un second qui a le cul entre deux chaises, le trône "psyché-papillons-joints-coqueliquots" et la chaise pliante, crusti-bancale, KYLESA est de retour. Alors première question qui nous vient en tête : que vont choisir nos petits gars sur cet album ? Eh bien, ils vont choisir… Un mix des deux. Super réponse qui vous en dit beaucoup ! Ou pas ouais… donc je vais détailler (on est là pour ça aussi).

"Time Will Fuse..." c'est un peu l'éponyme, mais en plus mature, plus réfléchi. KYLESA a pris de la bouteille (écoutez "The Warning" pour vous en convaincre). Le groupe se remet à lâcher les bœufs, accompagnés d'un peu d'éléphants pour le côté pachydermique ("What Becomes An End"), mais pas trop. Toutes grattes dehors et les trois chanteurs répondant toujours présent, le combo nous livre une galette de 40 minutes sans réels moments faiblards ou arrivant comme un cheveu dans ton minestrone. Je dirais presque que la force de cette galette est de ne pas proposer un décalage aussi grand que "To Walk…" dans la qualité et le côté fédérateur de ses titres. On est servi quel que soit le morceau que l'on écoute. Tenez, écoutez-moi "Where The Horizon Unfolds" pauvres fous ! On retrouve également sur quelques morceaux les sortes de spirales infernales et montées en puissance diaboliques que l'on pouvait entendre sur l'éponyme (sur l'acharnée "Identity Defined" par exemple). Ça fait toujours plaisir.

A ce côté totalement frontal et déchaîné vient se mêler la fameuse touche "psyché" (entre guillemets parce que ce terme est assez galvaudé). Touche que l'on retrouvait un tout petit peu déjà sur l'éponyme et qui s'est étoffée sur l'album suivant. Ici elle ne joue plus le rôle d'interlude ou de petits breaks, mais vient s'implanter en plein dans les compos avec des samples ou des riffs plus "mystérieux" et vrillants. On notera l'intro de "Ignoring Anger" ornée de piaillements d'oiseaux ne présageant aucunement la folie furieuse du morceau. Mais l'exemple le plus probant serait "Between Silence And Sound" et son début droneux, avant de mixer dans un joyeux cocktail, rage et accords gorgés de sonorités enivrantes. Cela dit, ça ne reste pas un élément aussi présent que sur les albums futurs.

"Time Will Fuse..." c'est surtout, pour les connaisseurs du groupe, l'arrivée d'un second batteur. Alors vous allez me dire : "Ouais heu… moi je l'entends pas sur l'album, hein". Eh bien, je ne peux que vous rediriger vers des chansons telles que "Intermissions" et la magnifique et folle "Outro". Si vous ne voyez toujours pas, je peux vous payer le rendez-vous chez l'otorhino. Mais bon, à part ces deux tracks, la présence de deux cogneurs permet d'assoir une rythmique en béton, des roulements de toms d'anthologie qui insufflent un côté galopant juste jouissif à la musique du combo.

KYLESA prouve à ses fans qu'il en a encore dans le bide et qu'il sait lâcher les chevaux quand il le faut, riffs efficaces et double batterie à l'appui. Ça envoie du bois, ça te plaque contre le mur de ton salon et ça te donne envie de pousser mémé dans les orties. Pour éviter de clore la chronique sur ce jeu de mots pourri, je fais une holà solitaire pour Mrs Pleasants qui signe l'artwork et le livret et, coup de bol, les deux butent. Chapeau la miss.


I am lost in another sea of thought. Where the water burns my flesh.