Si aujourd'hui KYLESA est connu, c'est grâce à un opus sorti huit ans après sa formation, "Static Tensions", et absolument pas grâce à sa galette éponyme désormais introuvable ou alors en cassette auprès du groupe si on est chanceux… Et pourtant. Ce premier effort, passé inaperçu, est, pour votre serviteur, un des tous meilleurs albums que le groupe nous ait livrés.

Autant le dire clairement, plus on remonte dans la discographie de KYLESA, plus le ton se durcit. Premier opus oblige, ça charcute, sans les gants et pas qu'un peu. KYLESA nous montre ici sa face déchaînée, le côté Crust Punk, que l'on retrouvera plus ou moins tout au long de leur première trilogie. Pas la peine de chercher des petits moments psychédéliques, il n'y a quasi rien de tout ça (les plus fous pourront percevoir quelques touches de-ci de-là mais c'est vraiment très très vite fait). Le groupe est là pour nous servir une musique crue, hâtive et foutrement rentre-dedans. Quelque chose qui vous attrape les tripes et qui ne les lâchera qu'une fois les premières notes de l'outro "Parent's Song" jouées.

Au micro on retrouve déjà Mrs. Pleasant qui officie aussi bien dans un chant clair que dans un registre plus typé Hardcore, aux côtés de Phillip Cope et, de temps à autres, du bassiste Brian Duke. Les voix s'alternent, se mêlent, se confondent, surplombant le chaos musical et les riffs brise-nuque servis par paquets de douze. Sans nous laisser aucun répit, le groupe enchaîne titre effréné sur titre plombé avec grosses accélérations jouissives à la clé.
Le tout peut d'ailleurs sembler un tantinet décousu, irréfléchi et sans queue ni tête. Il faut dire que la production de cet album ne l'aide pas vraiment, le son est en effet très sulfureux, comme crépitant, ne rendant l'assimilation et la compréhension des morceaux que plus ardues. Cependant, le groupe nous sort quand même des titres très directs et efficaces dès la première écoute (je pense notamment à "Testing The Good Of Man"), voire des bons gros moments fédérateurs, comme le final hurlé en chœur de "Dream Of The Freedom To Come".

Pour finir, je conçois tout à fait que cet album puisse paraître très "juvénile" pour beaucoup de fans de la seconde période du groupe (à partir de "Static Tensions" donc), cela dit, les compos sont belles et bien là, ce n'est pas juste un déballage de riffs et un emportement de fureur. Cet éponyme reste un minimum pensé et construit, le nombre d'écoutes qu'on voudra bien lui investir le prouvera sûrement. Mais c'est sûr, c'est sans concession.

Raw, rageur, un premier essai qui déboule dans vos esgourdes et saccage tout sur son passage. Anecdotique pour certains, très bien foutu pour d'autres. J'ai choisi mon camp. KYLESA commence très fort avec un premier album court (30 minutes) mais intense.


Dream of the freedom to come. Pray for a sunset at dawn.