Injustement conspués dans les sphères intégristes du Metal pour une raison qui m’échappe encore (si quelqu’un peut m’expliquer, je suis preneur), TRIVIUM compte à ce jour une bonne vingtaine d’années de carrière au compteur et dix LPs, démontrant une productivité et une régularité assez rare de nos jours. Mais la quantité n’est pas toujours synonyme de qualité et leur discographie est assez hétérogène et inégale en la matière, il faut bien le reconnaître.

"In Waves" est le cinquième album des Floridiens et contient notamment le titre éponyme, qui clôture encore à ce jour la plupart des shows du combo. Véritable emblème, le morceau représente à lui seul les différentes sensibilités du groupe, entre l’alternance chant clair/chant extrême, la lourdeur rythmique syncopée, le travail soigné du duo de guitaristes officiant souvent en harmonie (j’y retrouve du IRON MAIDEN bien sûr, mais également des traces de Melodeath et de MERCYFUL FATE), tout y est sur ce titre, frissons inclus. C’est d’ailleurs celui qui m’a ouvert les portes du groupe à l’occasion d’errance sur une playlist quelconque. J’avais pris alors une bonne baffe : quand la puissance se lie ainsi avec la mélodie, ça fait généralement tilt chez moi.

Le souci, c’est que l’ensemble de la galette n’arrive jamais à la hauteur de cette chanson. Et que du coup se dégage une impression globale de déception à l’issue de l’écoute. Rien n’est mauvais véritablement, mais le sommet est atteint dès la seconde piste, laissant en bouche une légère amertume. TRIVIUM peine en effet à retrouver ce délicat équilibre par la suite : "A Skyline Severance" et "Forsake Not The Dream" tatanent comme il faut mais oublient de caresser les esgourdes. Pour "Watch The World Burn" ou plus encore "All Of These Yesterdays", c’est l’inverse qui se passe.

La production bancale est également un point noir. Aseptisée, elle est le fruit de la mode de l’époque, froide et impersonnelle. Les licks des grattes sont exagérément également mis en avant dans le mix, laissant une impression frisant parfois l’amateurisme. Tout cela peine à laisser émerger l’émotion qui devrait se dégager de la musique composée par le groupe. Contrairement aux idées reçues "In Waves" n’est pas, et de loin, la meilleure offrande des Floridiens. C’est même l’une de leurs livraisons les moins abouties selon moi. Cela n’en reste pas moins un album de Metal moderne sincère et efficace, intuitant un potentiel certain que Matt Heafy et sa bande mettront longtemps à pleinement réaliser.

Note réelle : 2,5/5.

Titres favoris : "In Waves", "Dusk Dismantled", "Built To Fall".