PRONG, c’est l’histoire de pas de bol. Pas de bol d’avoir été original, pas de bol de ne pas avoir percé au-delà du statut « culte », pas de bol de ne pas avoir su capter les foules, ce qui revient toujours au même point : pas de bol. Parce que, mine de rien, les qualités sont là et si "Rude Awakening" est quasi unanimement reconnu, souvent le reste de la disco passe sous les radars, dont ce premier essai qui, pas de bol, possède l’une des pochettes les plus laides du circuit (j’attends toutefois l’avis de T-Ray à ce sujet).

Pas de bol aussi, le choix de mettre "For Dear Life" en ouverture est pour le coup une erreur stratégique tant ce titre ne représente pas le style de PRONG. Cela ressemble à du METALLICA, que ce soit dans le riffing, la rythmique ou la façon de chanter (mais en nettement moins bien). "Steady Decline" marque le véritable départ de l’album et là on ne sait plus où l’on est. La musique de PRONG est à cette époque assez novatrice. Pour schématiser très grossièrement, nous tenons là un crossover étrange entre du Thrash, du Hardcore (ce chant !) et du Post Punk, qui vient donner des allures Indus à l’ensemble, sans que cela en soit réellement.

Si l’on veut encore plus schématiser, on pourrait dire que PRONG est à KILLING JOKE ce que DREAM THEATER est à RUSH : une version plus Heavy, pas forcément plus sale, mais plus acerbe et agressive. "Beg To Differ" est une découverte, du genre de celles que l’on fait un peu trop rarement, qui dévoile un potentiel énorme qui peut passer à l’as si la formule, l’alchimie créée par le groupe, ne parvient pas à interpeler. Et être réfractaire à ce disque n’est pas une tare (y en a des pires). Il faut dire qu’à sa sortie, à l’aube des ’90, il était difficile de le cataloguer. Il l’est toujours un peu, c’est ce qui fait son charme aujourd’hui.

"Beg To Differ", c’est la carte de visite d’un groupe complexe et unique en son genre. Le genre de formation qui va s’accrocher férocement, avant de persévérer sans plus trop y croire, mais continuant à s’extraire de la masse par son imagination. Les trois albums suivants vont également être fort recommandables et c’est peut-être quand PRONG va connaître un certain intérêt de la part du public qu’il va devenir un brin moins intéressant. On va dire que ce n’est pas de bol…