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KILLING JOKE - Killing Joke (1980)
Par DARK BEAGLE le 27 Septembre 2018          Consultée 1383 fois

Évoquer ce premier album de KILLING JOKE parce que METALLICA a repris "The Wait", c’est prendre le problème à l’envers. Bien sûr, la Blague Qui Tue n’est pas un groupe vraiment Metal, même si, à certains moments de sa carrière, elle en a épousé les formes. Héritière du Punk, la bande à Jaz Coleman a très tôt décidé d’en transcender les codes pour proposer une musique plus ambitieuse, moins frontale et directe, capable de s’articuler autour de mélodies plus complexes et avec un discours différent. Le propos reste globalement un « No Future », développé au travers une peur d’un nucléaire qui définira beaucoup les thématiques du groupe à travers le temps, en faisant la bande-son idéale pour se remémorer la Guerre Froide (activité ô combien intéressante).

Ce qui ressort le plus d’une écoute de cet album, c’est le duo basse-batterie. À ce niveau-là, on pourrait même parler de couple tellement elles semblent en symbiose. Entre le rythme tribal dispensé par Paul Ferguson derrière les fûts et cette basse qui claque, assurée par Martin Glover, KILLING JOKE propose un son très dense, puissant, au groove imparable, ponctué par la guitare incisive de Geordie Walker. La cerise sur le gâteau réside dans la voix de Jaz Coleman, encore juvénile, mais qui marque les esprits. C’est comme si l’on était face à un gourou très convaincant, au discours halluciné.

Aussi, ce premier opus à tous les atours d’une quête initiatique. Il dégage quelque chose de fort, d’étrange, de varié et de furieusement fédérateur. Les racines Punk sont bien présentes, à travers des morceaux comme "Wardance" ou "Complications", aux refrains simples, souvent un mot scandé sans autre forme de procès, avec toujours cette basse qui claque de façon très appréciable. Mais KILLING JOKE voit déjà plus loin dans les sonorités, "The Wait" sent les prémices du Rock Industriel, tout comme "Requiem", avec leurs aspects synthétiques, propices à des expériences hypnotiques du plus bel effet. "Bloodsport", elle, tend vers quelque chose de beaucoup plus dansant, annonciatrice de nouveaux lendemains musicaux.

Dans cette effervescence du début des années 80, KILLING JOKE s’est plongé corps et âme dans ce bouillon de culture, s’ouvrant des portes sans crainte des courants d’air stylistiques. L’album, de ce fait est exigeant, il donne l’impression de sauter du coq à l’âne sans plus de raisons que cela, mais au final, il s’agit d’une véritable expérience à vivre, riche, complexe, bien plus qu’il n’y paraît. Pénétrer dans l’univers inquiétant de Jaz Coleman, c’est être touché par sa paranoïa, fortement contagieuse. L’envie de regarder le ciel pour tenter de voir une lumière plus brillante qu’une centaine de soleils.

Et KILLING JOKE n’est, de ce fait, pas qu’un simple faire-valoir sur la scène Metal, dû à cette fameuse reprise faite par METALLICA. KILLING JOKE, c’est un chaînon d’une chaîne longue et irrégulière, aux ramifications multiples, apôtre de sonorités nouvelles (pour l’époque), faisant le lien entre le Punk, alors en perte de vitesse, et des musiques différentes, Gothique, Indus et New Wave, qui impacteront le Metal dans son ensemble à divers degrés. Il n’est donc pas étonnant que les Anglais soient une référence pour METALLICA et de nombreuses autres formations du genre. Il n’est pas étonnant non plus que son côté avant-gardiste soit aussi fédérateur et plaisant. Le KILLING JOKE des débuts a autant le droit d’asile sur Nightfall que le "Nevermind The Bollocks" des SEX PISTOLS tant il a permis de faire avancer les choses.

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   (2 chroniques)



- Jaz Coleman (chant, claviers)
- Geordie Walker (guitare)
- Martin 'youth' Glover (basse)
- Paul Ferguson (batterie)


1. Requiem
2. Wardance
3. Tomorrow's World
4. Bloodsport
5. The Wait
6. Complications
7. S.o. 36
8. Primitive



             



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