Exit Vince Neil. Aussi dépravés fussent les musiciens de MÖTLEY CRÜE, on ne peut pas leur enlever le mérite d'avoir jusque-là réussi à maintenir le même line-up malgré le succès et toutes ses dérives. Mais cela ne pouvait durer éternellement et c'est donc Vince Neil qui dut partir, et plus rien ne va chez le CRÜE, la machine est totalement grippée.

Sale époque pour les groupes de Metal ayant cartonné dans les 80s, MÖTLEY CRÜE tente tant bien que mal de s'adapter, et compte sans doute pour cela sur son producteur de renom qui avait grandement contribué au succès enviable de METALLICA. C'est ainsi que ce nouvel album sera éponyme, une façon de dire qu'il s'agit d'un nouveau départ, peut-être, j'y vois surtout une très maladroite façon de faire la même chose que pour "Metallica" (l'album, pas le groupe, vous suivez ?). Franchement pas très subtil tout ça...

Grosse production, mais rien de surprenant en fait. Un nouveau chanteur en la personne de John Corabi que personne ne connaissait avant et qui n'intéressera personne après son départ du CRÜE hormis un pelé et trois tondus. Le gars chante bien, est techniquement au dessus de Neil (était-ce vraiment difficile de trouver un gars plus technique ? La réponse est non), mais il n'y a aucune originalité dans son chant, pas vraiment une forte personnalité. C'est un peu le Hard Rockeur lambda américain, biberonné depuis son enfance à la musique Rock, mais qui n'a rien pour se démarquer réellement, et ce malgré des talents évidents de compositeur (et aussi de guitariste). On est vraiment à des lieues de la personnalité de Vince Neil, qui manque cruellement.

Bref, le chant c'est pas ça. Et les compos vous me direz ? Jetez un œil et vous verrez le problème : c'est quoi ces titres qui dépassent allègrement les 5 minutes voire les 6 minutes ? Jamais le groupe ne nous avait habitués à ça (et jamais ils ne referont une telle erreur). Les morceaux sont longs, lents, poussifs. Qu'est ce qu'on s'emmerde !! Où est le fun dans cet album ?? C'est quoi ces thématiques ultra sérieuses ? Bien sûr le Grunge est passé par là et le groupe fait le choix de tenter de séduire ce public qui est l'opposé total de son audience habituelle, donc forcément toute cette opération racolage à Seattle ne pouvait pas marcher. L'album est tout de même bien moins emmerdant qu'un disque d'ALICE IN CHAINS, et contient quelques morceaux qui sont incontestablement de qualité comme "Hammered" et "'Till Death Do Us Part" mais qui arrivent cependant un peu tard.

John Corabi s'est beaucoup investi sur cet album, et c'est bien ce que je lui reproche ! Il contribue fortement à cette dénaturation de la musique du groupe dans une tentative veine de s'adapter à un nouveau marché. Je lui préfère les albums solos de Vince NEIL sortis à la même époque, bien plus efficaces, dénués de toute cette lourdeur écrasante.