Le Sludge Atmosphérique est un genre qui s'est développé lentement. Ayant connu un gain de popularité croissante tout au long des années 2000, la scène resta cependant à l'état de niche. Pour tout vous dire, plus d'albums sont sortis sous cette étiquette dans les trois dernières années (débuts des 2010's donc) que lors de la précédente décennie. Durant la bonne moitié de cette époque bénie, presque toutes les nouvelles sorties étaient de qualité. Chaque groupe ayant au final son mot à dire en arrivant à tourner le tout de manière personnelle et sincère. Loin des rip-offs qui polluent la scène en nombre aujourd'hui.

C'est dans ce contexte florissant qu'apparaît AMENRA, une bande de Belges qui va foutre un beau bordel dans la psyché des auditeurs de tous horizons. Oublions un instant les premiers enregistrements (notamment un "Album" dont le statut me parait toujours flou, le considérant plus comme une Démo) plus axés Hardcore et carrément bancals du combo que l'on retrouve mariant, ici, avec succès les remous tumultueux chers à ISIS et la décadence claudicante d'un BREACH. AMENRA nous livre une musique d'une noirceur inédite. Cet album peut même s'avérer être une véritable épreuve et devenir très vite crispant. La musique des Belges remue une tonne d'émotions négatives, vous n'avez même pas idée de la rugosité de leur musique. Vous ne trouverez ici que crescendo vicieux, déchirements sonores et fracassements de caisse claire. Oubliez le joli monde des montées en puissance fleuries et huilées au Post-Rock ou du climax lumineux et rédempteur. Et comme si tout ceci ne suffisait pas, il fallait qu'il y ait Colin H. Van Eeckhout, véritable plaie humaine, qui saigne sans relâche et déverse sa douleur et sa frustration sur votre tronche (également à l'aise en chant clair sur "Le Fils Des Faux"). Cet homme (je m'en tamponne le coquillard de savoir s'il est autiste ou non) est sûrement la plus grande force du groupe qui n'aurait pas autant de saveur avec un autre vocaliste.

AMENRA n'a pas volé sa réputation ni son succès. Leurs prestations live intenses (qui accrochent immédiatement contrairement aux enregistrements studio, les Belges y sont surpuissants), un vocaliste tout bonnement affolant de justesse, une musique d'une intense noirceur. Que demande de plus le fan de musique lourde et déchirée ? Je vous le demande.


It's time to trade those tears for scars