Ne croyez pas que je suis insensible à la chose… Je sais pertinemment que vous commencez à vous agacer de mes Kro-x de la discographie de GODSMACK. D’ailleurs, tout le monde s’en fout un peu, de GODSMACK, dans nos vertes contrées. Si le groupe bénéficie d’une forte notoriété de l’autre côté de l’Atlantique, il est clair qu’il ne suscite, au mieux, qu’une indifférence polie de par chez nous, quand ce n’est pas un franc rejet en raison de son appartenance à deux styles honnis chez les metalleux, le Post Grunge et le Neo. Rassurez-vous, le supplice est bientôt terminé, mais sachez que j’ai gardé le meilleur pour la fin. Ou presque. Alors, encore un effort, fidèles lecteurs, vous êtes quasiment au bout de votre supplice.

Trois ans après un "Faceless" qui cochait beaucoup de cases, les Bostoniens nous reviennent donc avec "IV", qui est comme vous l’aurez deviné, le… quatrième LP de leur carrière. Ou presque, mais ne chipotons pas pour si peu. Si le précédent disque avait permis à Sully et sa bande de monter en gamme, on peut dire que "IV" transforme l’essai avec un talent qui ne peut que susciter un respect certain. Pour ne pas citer Canard (mais un peu quand même) : à partir de quel moment peut-on considérer un groupe comme sérieux ? Sur la période 1998-2006, qui peut se targuer d’avoir sorti autant d’albums aboutis ? Pas grand monde, à mon sens.

"IV" officie donc dans la continuité de son prédécesseur, et c’est une bonne chose si vous voulez mon avis, tant celui-ci étalait au grand jour la science de l’écriture de GODSMACK, peaufinée année après année dans ses moindres détails. À la fois plus que solide dans son approche et dans son attitude, la musique des Américains s’avère également chargée d’émotions, portée par le chant habité de Sully Erna, son leader. Si l’on ajoute à ça un sens du groove bien établi et porté notamment par le jeu de Robbie Merrill à la basse, vous avouerez qu’on n’est pas loin du compte sur le papier !

La nouveauté ici, c’est l’arrivée de Shannon Larkin derrière les fûts, et franchement, la différence est de taille. Non pas Tommy Stewart faisait du mauvais boulot, mais quand on a un leader de la trempe d’Erna dans son line-up, et que le dit-Erna est également une bonne brute à la batterie, on se doit de posséder dans ses rangs un frappeur d’exception, ce qui est à présent chose faite avec Shannon. Un peu comme le recrutement de Taylor Hawkins par l’ami Dave Grohl (FOO FIGHTERS). Et la différence se fait bien sentir, jetez donc une oreille à "Temptation" si vous ne me croyez pas.

Pour le reste, on ne change pas une équipe qui gagne, et je vous invite à consulter ma chronique de "Faceless" pour découvrir les ingrédients qui font le charme de GODSMACK. La construction des chansons est parfaitement maîtrisée, et l’opus regorge une fois de plus de tubes intemporels, comme "Speak", "The Enemy", "Bleeding Me", "No Rest For The Wicked" ou "Shine Down" (en deux mots, je vous vois venir…). Si la formation nous gratifie d’un "Voodoo Too" pas original pour un sou pour eux mais bien ficelé, en résonance au morceau culte de leur premier essai, elle s’essaie également avec réussite à l’exercice de la pseudo-ballade acoustique avec "Hollow". Dans ce registre, nos amis se montreront par la suite bien moins inspirés.

Bref, encore un très bon album pour GODSMACK, une fois de plus, auquel il ne manque pas grand-chose pour faire un strike. Peut-être un peu de fun, mais ça sera sans doute pour une autre fois.

Car oui, vous allez en remanger une petite pour la route. C’est à croire que vous aimez ça, en fait.